Prévenir
plutôt que guérir. Tel pourrait être le maître mot face
à des manipulateurs. Mais s'il est trop tard, sachez qu'il est toujours
possible de s'en défaire.
Garder de la
distance avec son environnement professionnel
Pour éviter tout risque
de manipulation dans le contexte professionnel, Christel Petitcollin préconise
d'adopter un comportement strict et réservé. "Evitez le copinage.
Il faut adopter une attitude froide, adulte et professionnelle, tout en restant
aimable bien sûr. De même, on ne se tutoie pas et on ne se fréquente
pas en dehors du travail." Evidemment, un tel comportement n'est pas toujours
aisé dans les entreprises où le tutoiement est immédiat et
où les sorties entre collègues font partie du rituel. L'important
est alors de savoir déplacer le curseur en fonction de la culture de l'entreprise
et de garder une saine distance entre son travail et sa vie privée.
Ensuite,
si une relation s'envenime avec un manipulateur, il faut veiller à se mettre
en retrait afin de sortir du domaine de l'affectif. Vous pourrez ainsi chercher
à comprendre le mode de fonctionnement de votre interlocuteur.
Rester
irréprochable
Dans tous les cas, rien ne sert de jouer au plus malin
avec un manipulateur. Il faut avant tout veiller à rester dans les rangs
car s'il découvre un moyen de faire pression sur vous, il n'hésitera
pas à s'en servir.
"Il faut devenir parano. N'acceptez plus aucun
échange oral et gardez un maximum de preuves écrites, des emails par exemple" |
Savoir poser ses limites, sans culpabiliser
Le
manipulateur est un as de la culpabilisation. Comment cela, vous ne souhaitez
pas passer la nuit au bureau pour terminer un dossier urgent ? C'est la survie
de l'entreprise qui est en jeu à en croire cet habile parleur. Pourtant,
à bien y réfléchir, ce n'est pas tout à fait vrai.
Il est possible de trouver un compromis qui reste cohérent avec vos horaires
de travail et qui permette de boucler le dossier en temps et en heure. Faites-en
lui part. Fermement. De toute façon, l'option "nuit au bureau"
n'en est pas une pour vous. Cela doit se ressentir dans votre discours. "Il
faut apprendre à faire respecter ses droits et il faut le faire le plus
tôt possible. Plus vous attendez, plus il va en profiter et plus il sera
difficile de faire machine arrière", conseille Jacques Regard. "Il
va chercher à faire croire qu'il est dangereux, ajoute-t-il. Mais une fois
qu'on a compris que ce n'est pas vrai, on va pouvoir s'affirmer."
En
parler si c'est possible
"Un manipulateur de type un ou deux peut se
remettre en cause, jamais un type trois", prévient le consultant.
Dans le premiers cas, il est donc possible d'aborder le sujet, de préférence
devant tout le monde et avec des faits et des exemples à l'appui. N'aimant
pas mettre sa couverture en péril, ce type de manipulateur cesse ses agissements
lorsqu'il est démasqué.
En revanche, s'il est malveillant,
n'essayez pas de lui faire comprendre que ses actes vous dérangent ou vous
peinent. Il en est parfaitement conscient et cela ne le dérange pas, bien
au contraire. Lui faire part de vos états d'âme ne le rendra que
plus méfiant car il se sentira détecté. Vous vous exposez
ainsi à une hostilité encore plus sournoise. Quant à l'attaquer
en jouant sur son propre terrain, c'est peine perdue d'avance. "C'est lui
qui fixe les règles du jeu et qui les viole. Vous ne ferez pas le poids
et il aura beau jeu de vous faire passer pour le manipulateur", prévient
Jacques Regard.
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| Montez
soigneusement un dossier à charge © | |
Monter un dossier
Si la discussion et la fixation
de limites claires ne suffisent pas, c'est très certainement que vous avez
affaire à un spécimen de type trois. Dans ce cas, pesez sérieusement
le pour et le contre avant de l'affronter - "vérifier que le
jeu en vaut la chandelle" selon nos deux experts -, en particulier si un
lien hiérarchique vous unit. Si vous décidez de vous lancer, montez
soigneusement un dossier à charge contre lui. Prenez des notes et consignez
dans des rapports tout ce que vous faites. Pour Christel Petitcollin, "il
faut devenir parano. N'acceptez plus aucun échange oral et gardez un maximum
de preuves écrites, des emails par exemple." La psychothérapeute
conseille également de faire redéfinir son poste, par écrit
toujours. Les tâches qui vous incombent doivent être fixées
noir sur blanc ainsi que vos horaires."
Et si vous décidez de
révéler à votre entourage professionnel les agissements du
manipulateur en question, faites-le avec calme et avec ces faits à l'appui,
sous risque de passer pour une personne déséquilibrée ou
faiseuse d'histoires, thèse qu'il s'empresserait d'appuyer.
Fuir
le manipulateur pervers et se faire aider
Enfin, si vous ne disposez pas
de preuves suffisantes, que vous ne vous sentez pas le courage de vous opposer
à lui, que vous évoluez dans un environnement plutôt hostile,
que votre mutation est impossible ou que le personnage a trop de pouvoir, courage
: fuyez ! La manipulation peut dégénérer en harcèlement
moral et de trop nombreuses victimes attendent d'être au bout du rouleau
pour renoncer à leur emploi. "Pourtant, rappelle Christel Petitcollin,
il n'y a aucun poste, salaire ou avantage qui méritent de supporter cela."