Regarder la télévision devient un véritable loisir, et pas que pendant les vacances

Depuis qu’elle est née, la télévision a d’abord été un vecteur de convivialité en famille ou entre amis. Mais l’émergence de nouveaux services comme Netflix, OCS et Amazon Premium ont peut-être changé la donne.

Beaucoup d’observateurs se sont même demandé si ces nouveaux services n’annonçaient pas la fin du grand événement télévisuel planétaire, celui que regardent par des millions de téléspectateurs. Dans une certaine mesure, ils n’ont pas tort. Les diffusions OTT ont contribué à une réduction de l’audimat. La consommation de contenus télévisuels à la demande est passée d’une moyenne de 17 minutes par jour en 2010 à 27 minutes par jour en 2015 et cette tendance ne faiblit pas. Mais l’audimat des programmes OTT ne remplace pas celui de la télé « traditionnelle ».

En réalité, ce ne sont pas les services OTT qui ont modifié les habitudes des téléspectateurs, mais le choix. Chacun dispose désormais d’une vaste gamme d’options à regarder n’importe où, n’importe quand. Regarder la télévision ne consiste plus depuis longtemps à se satisfaire de « ce qu’il y a » mais à organiser cette activité comme n’importe quelle autre. Ce qui change c’est que chacun n’allume plus sa TV au même endroit ni en même temps. Les choix se répartissent entre différents services, de la télévision en clair à Netflix et entre différentes plateformes, du téléviseur à écran géant de la pièce à vivre aux téléphones portables, en se déplaçant d’un lieu de rassemblement à un autre. Il ne s’agit pas non plus juste de TV à la demande : les événements en direct abondent tout au long de l’année.

Cette véritable course à l’audimat pour les radiodiffuseurs et opérateurs de télévision sous-tend en fait un défi technique sans précédent : TV en clair, contenus en direct et à la demande à l’intention des mobiles, télévision et ordinateurs connectés à des réseaux fixes et mobiles, en HD, 4K, HDR… quel que soit le canal, ils doivent fournir un même niveau de qualité de service à tous.

Les diffuseurs et les opérateurs de télévision payante des marchés télévisuels les plus développés se sont éloignés depuis longtemps des méthodes de diffusion satellitaires ou par câble pour se tourner vers le protocole Internet. Avec le nombre croissant de types de terminaux et de méthodes de visualisation, leur dépendance à Internet comme média de diffusion s’est accrue. Ils doivent développer des infrastructures de plus en plus avancées pour faire face à la demande. Cela va des nouveaux points de connexion dans le monde aux réseaux de fibre optique protégés.

Pour les opérateurs, ces innovations infrastructurelles sont des outils indispensables pour garantir aux spectateurs qu’ils ne perdront pas de temps à télécharger leur contenu, sous peine de se laisser distancer par la concurrence qui pourrait leur offrir un accès plus rapide. Un aspect particulièrement marqué pendant les périodes de vacances, où les contenus originaux sont plus nombreux qu’à n’importe quel autre moment de l’année. Ainsi, les chiffres publiés par l’OSN relatifs à l’année 2013 montrent que pendant le Ramadan au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le nombre d’heures passé par les spectateurs devant un écran avait grimpé de 3,1 à 5 heures… mais 38 pour cent d’entre eux avaient préféré utiliser leur téléphone portable. Or si l’infrastructure n’est pas en mesure de fournir le service souhaité sur un smartphone (qui est en outre généralement utilisé pour communiquer en parallèle sur les réseaux sociaux), l’opérateur risque de perdre une bonne partie de son audience.

Entre 2017 et 2018, gageons qu’on ne verra pas diminuer le nombre de consommateurs de contenus télévisuels. Mais il y aura en revanche beaucoup de nouveaux appareils et pratiquement autant de nouvelles manières de les regarder. Le défi des opérateurs n’est pas forcément de créer du contenu, mais plutôt de s’assurer qu’ils disposent des infrastructures nécessaires pour diffuser efficacement ces contenus.