Pourquoi 20 Minutes s'est lancé sur Amazon Echo

Pourquoi 20 Minutes s'est lancé sur Amazon Echo Si le haut-parleur intelligent du géant de l'e-commerce n'est pas encore arrivé en France, le quotidien gratuit en teste l'usage depuis la présidentielle... et envisage de le développer.

Amazon Echo devrait arriver en France l'année prochaine si l'on en croit Forrester. Si plusieurs entreprises hexagonales ont déjà réalisé des expérimentations avec le haut-parleur intelligent du géant de la distribution, 20 Minutes fait figure de précurseur dans les médias. L'éditeur a réalisé un proof of concept (POC) lancé à l'occasion du premier tour de l'élection présidentielle française. Un dispositif événementiel avait été mis en place à l'occasion de la soirée électorale, les utilisateurs pouvant "dialoguer" avec Alexa tout au long de la soirée et au lendemain du vote. "C'est d'abord une initiative de notre équipe technique et plus particulièrement de notre CTO que je soupçonne de s'être amouraché d'Alexa", s'amuse Michaël Fromentoux, directeur en charge du développement numérique du quotidien.

"Alexa est encore très perfectible dans sa maîtrise de la langue française"

Depuis cet événement, les utilisateurs peuvent écouter "les 3 infos les plus importantes du moment" sélectionnées par 20 Minutes. L'utilisateur s'adresse à Alexa et lui demande quelle est l'actualité et les textes dédiés sont lus automatiquement en français, via  Polly, le service de text-to-speech d'Amazon. "10% environ de notre lectorat est présent dans des pays où est disponible Amazon Echo, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni", précise Michaël Fromentoux.

Un format d'un nouveau genre qui naît au moment de la création de l'article. A chaque contenu produit, le journaliste a la possibilité de lui associer une mise en forme Echo, avec un titre et un court résumé comprenant les informations qui seront lues. "L'enjeu c'est de présenter une information qui soit complète sans être trop longue", résume Michaël Fromentoux. "En faisant des tests utilisateurs, on a réalisé qu'il y avait une appétence pour le format, de sorte qu'on propose désormais ce résumé pour certains des articles les plus longs de notre site".

Bien sûr, le développement du skill est un perpétuel work in progress. "On peaufine autant que possible l'aspect text-to-speech. Alexa est encore très perfectible dans sa maîtrise de la langue française et l'outil accroche forcément sur certains termes." Lorsqu'il tombe sur l'occurrence "XV de France", Echo peut faire l'erreur de prononcer les lettres des chiffres romains plutôt que de les interpréter comme un nombre.

Audiences confidentielles

Au vu de l'audience encore confidentielle et du peu d'informations remontées par Amazon, qui ne communique que le nombre de lancements du skill, les équipes de 20 Minutes disposent de peu de statistiques et ne souhaitent pas les communiquer. "Nous sommes toutefois satisfaits de l'engagement créé par l'outil et prévoyons de lancer une version allemande." Le groupe s'est donné les moyens d'en faire un outil populaire, n'hésitant pas à en faire la promotion sur ses propres supports de diffusion, site Web et papier. Avec dans un coin de la tête, l'espoir d'être mis en avant par Amazon lorsqu'Echo arrivera en France grâce à ce statut de pionnier.

La communication voix d'Alexa est un axe de développement nouveau pour les médias dits traditionnels ou écrits. Au même titre que l'a été la vidéo il y a quelques années. "C'était important pour nous de réfléchir aux moyens de proposer des contenus via la voix et de préempter un territoire qui parait plus propice aux radios, juge Michaël Fromentoux. Demain, l'ensemble des voitures seront équipées d'un assistant de reconnaissance vocale."

Préempter un device pour lequel les radios semblent naturellement calibrées

En revanche, Michaël Fromentoux avoue ne pas encore s'être posé la question du modèle économique. "Il s'agit ici de tester l'usage", assure-t-il. 20 Minutes songe par ailleurs à "intégrer la voix" dans la deuxième version de son bot Messenger.

Côté Echo, 20 Minutes concède être encore loin de ce que proposent des confrères anglo-saxons comme Fox News ou la BBC, qui mettent à contribution leurs propres journalistes en les transformant en animateur de radio. Le budget dépensé par 20 Minutes n'est, selon Michaël Fromentoux, pas exorbitant. Le média, qui s'est beaucoup appuyé sur les équipes d'Amazon lors du projet, a installé son skill Echo dans le cloud d'Amazon et paie à l'usage. "Les lancements de skills étant encore raisonnables, l'investissement l'est aussi."