Mesure d'audience : ces questions auxquelles la Cnil ne répond pas

Mesure d'audience : ces questions auxquelles la Cnil ne répond pas La Cnil explique que les éditeurs doivent recueillir le consentement de l'internaute avant de déposer un cookie s'ils n'utilisent pas un outil conforme. Sauf que le seul outil certifié pose beaucoup de problèmes...

Nouveau heurt entre le Geste (l'association qui fédère les principaux professionnels éditeurs en ligne) et la Cnil alors que l'on croyait les discussions entre les deux organismes apaisées depuis la publication par la Cnil, fin décembre 2013, d'une série de recommandations portant sur l'utilisation par les sites des cookies de toutes sortes. Un consensus s'était en effet dégagé sur la nécessité d'informer l'utilisateur, lors de sa première visite, qu'en poursuivant la navigation sur le site il accepte le dépôt et l'exploitation de cookies à fins publicitaire. 

Exit Google Analytics et Universal Analytics

Si le débat portant sur la question des cookies publicitaires semble aujourd'hui définitivement clôt, c'est le dépôt des cookies de mesure d'audience qui pose aujourd'hui problème. La Cnil explique en effet que l'éditeur devra recueillir le consentement de l'internaute en cas d'utilisation d'outil non conforme. A ce jour, "l'outil Piwik est le seul service d'analytics qui ne requiert qu'un léger paramétrage pour être conforme à la réglementation", précise la Commission. Exit donc les Google Analytics et Universal Analytics très prisés des éditeurs. Problème : Piwik n'est pas certifié par l'OJD, organisme auprès duquel les éditeurs communiquent leur audience par le biais d'outils certifiés par l'OJD. "Doit-on renoncer à communiquer et comparer les audiences entre acteurs du marché?", s'interroge dès lors Emmanuel Parody, secrétaire général du Geste.  

L'impossibilité de communiquer son audience auprès du marché n'est, du reste, pas le seul problème posé par une éventuelle utilisation de Piwik. "Piwik n'est pas un prestataire de service, ce qui m'oblige à opérer moi-même l'ensemble de ma mesure d'audience et en supporter le coût (serveur, paramétrage, maintenance etc..). Ce n'est pas mon métier comment faire? ", s'interroge à nouveau Emmanuel Parody.  Et d'enfoncer le clou par une nouvelle interrogation que partage beaucoup de groupes médias qui ont fait de leur galaxie de sites une tête de pont publicitaire : "Si j'ai plusieurs sites Web, comment puis-je effectuer la déduplication des visiteurs uniques afin de connaître la taille de mon lectorat si mon outil de mesure ne peut, par défaut, suivre la navigation des lecteurs d'un site à l'autre ?".  

Les éditeurs refusent d'appliquer la recommandation de la Cnil

Toutes ces interrogations du secrétaire général du Geste ne semblent trouver que peu voire pas d'écho du côté de la Cnil. Contacté par le JDN afin de recueillir des réponses à ces questions, la Cnil se mure pour le moment dans le silence. "Actuellement en contact avec les professionnels (Geste et Syntec) précisément sur ces questions-là, nous sommes en train d'élaborer des réponses que nous pourrons vous communiquer plus tard si vous le souhaitez", se contente de formuler le service de presse de la Cnil. Une formule qui laisse Emmanuel Parody sceptique : "il n'y a pour le moment aucune négociation en cours à ce sujet". Cette absence de dialogue risque de se montrer d'autant plus problématique que le Geste récuse de son côté l'obligation d'attendre l'accord de l'utilisateur pour déposer un cookie de mesure d'audience lors de sa première visite en cas d'outil non conforme.