Vodkaster, une alternative française à Netflix ?

Vodkaster, une alternative française à Netflix ? Chaînes de TV et FAI font profil bas dans l'attente de l'arrivée de Netflix en France. Au contraire, Vodkaster lance une offre originale basée sur la numérisation des DVD.

Vodkaster entame aujourd'hui un nouveau chapitre de son existence. Présentée en 2009 comme une plateforme de visionnage de bande-annonces avant de bifurquer deux ans plus tard vers un modèle de réseau social dédié au cinéma, la société vient d'annoncer le lancement d'une offre d'achat-revente et visionnage... de DVD. Une promesse qui pourrait prêter à sourire alors que le format rendu obsolète par la VOD et le blue-ray prend souvent la poussière sur nos étagères. A ceci près qu'elle pourrait redonner une nouvelle vie numérique à un support auquel les Français ont tout de même consacré près de 13 milliards d'euros en 10 ans, selon le Syndicat de l'édition vidéo numérique. 

Vodkaster propose en effet aux internautes de dématérialiser leurs DVD, de les visionner chez eux depuis n'importe quel terminal avant de les revendre à un autre particulier qui pourra, à son tour, le regarder. Un tour de force rendu possible grâce à sa fusion début 2014 avec Riplay, une société qui propose la numérisation de vidéothèques. La logique devrait être poussée plus loin dans quelques mois, suite à l'acquisition d'une "ultraviolet", un standard porté par les studios qui associe à chaque DVD physique un code permettant d'accéder à la version dématérialisée de l'œuvre. Sur chaque transaction, Vodkaster prélève de son côté une commission fixe de 0,99 euro. Le prix de vente d'un DVD est libre, mais ne peut être inférieur à 1,99 euro.

top gun
Vodkaster prélève une commission de 0,99 euro sur chaque transaction.  © Vodkaster

Alors que les chaînes de télévision attendent fébrilement septembre pour voir et que les FAI sont, eux, trop occupés à calculer les conséquences du rachat de SFR par Numericable, c'est sans doute du côté de cette start-up française que réside donc la première réponse concrète à l'arrivée prochaine de Netflix dans l'Hexagone. Une rivalité naissante que Cyril Barthet, le PDG de Vodkaster, préfère toutefois éluder. "Notre concurrent numéro 1 c'est le piratage, rappelle-t-il. Et notre postulat est de redonner un peu de visibilité à un marché de la VOD qui s'est perdu dans des offres pas assez attractives, en termes de prix et de catalogue."

Redonner un peu de lisibilité à un marché de la VOD en perdition

Difficile en effet pour l'utilisateur de ne pas se perdre dans les méandres d'une réglementation qui permet l'arrivée d'un film en VOD quatre mois après sa sortie cinéma et occasionne son retrait du catalogue lorsqu'une chaîne de télévision en achète l'exclusivité le temps (voire plus) de sa diffusion hertzienne. Une complexité que Vodkaster, qui peut théoriquement proposer n'importe quel titre dès sa sortie DVD, résout. Son modèle l'avantage aussi par rapport aux services de SVOD, tenus par la chronologie des médias d'attendre 36 mois pour proposer un film (rien de tel pour les séries en revanche).

En contournant ces écueils, Vodkaster ambitionne donc de jeter un pavé dans cette mare stagnante qu'est le marché de la VOD (en baisse de 6,4% entre les premiers semestres 2012 et 2013 selon GFK). Et ce, même si, elle doit à ce jour composer avec un aléa majeur : l'impossibilité d'encoder les DVD dans des formats plus légers que le format DVD. Une contrainte qui oblige l'utilisateur à disposer d'une très bonne connexion pour pouvoir visionner son film confortablement. "Les discussions avec les ayants-droits sont en cours", rassure toutefois Cyril Barthet qui annonce "l'arrivée prochaine de formats plus légers ou de la possibilité de télécharger une copie numérique de son DVD". D'autant qu'il dispose dans cette optique d'un argument de poids. Vodkaster travaille en effet à la mise en place d'une rémunération contractuelle des ayant-droit partenaires, sur chaque transaction, qui devrait se situer autour des 30% de sa commission. 

Une centaine de milliers de titres espérés fin 2014 

Vodkaster espère également attirer une partie des utilisateurs qui s'orientent vers le téléchargement illégal. "Il n'y a plus vraiment de barrière prix avec notre offre qui permet à l'utilisateur qui achète un DVD à prix fort de pouvoir le revendre rapidement, sans trop de déperdition." En effet, sur le numérique, la différence entre le neuf et l'occasion est pour le moins floue, absence de support physique oblige. 

Pour arriver à ses fins, la société, qui levé 1,2 million d'euros auprès de Partech Ventures, Elaia Partners et 3T, s'est donnée les moyens d'amorcer les premières transactions, en achetant près de 10 000 titres (pour un total de plus de 100 000 DVD) et en nouant des partenariats avec Mondial Relay et d'autres, dont les 4 500 points de dépôts permettront de recueillir les DVD des utilisateurs. "L'investissement de notre communauté, près de 100 000 utilisateurs actifs, devrait faire le reste", prophétise un Cyril Barthet qui vise la centaine de milliers de titres d'ici la fin de l'année.