Le marteau numérique du commissaire-priseur : quand la salle des ventes se digitalise et s’ouvre au grand-public
Le marché de l’art ne connaît pas la crise. Selon une étude récente d’Artprice, les ventes d’art ont généré en 2014 un résultat historique de 15,2 milliards de dollars (13,5 milliards d’euros) aux enchères publiques, soit un bond de 26% sur un an. Une croissance considérable pour une passion, un commerce jusque-là réservé aux élites et aux grands musées dans le monde entier.
L’Art à la portée numérique
de tous
Pour le commun des mortels, les enchères consacrées à l’art et aux
beaux objets sont l’affaire d’initiés, utilisant des codes et rituels bien
spécifiques. Avec le support Internet, la salle des ventes prend une toute
autre ampleur. Le marché se modernise et se démocratise en s’ouvrant aux
acheteurs néophytes et à ceux que la solennité des salles de vente met mal à
l’aise. Internet efface les distances. Les objets se chinent aux quatre coins
du globe depuis le confort de son canapé. Le marché des enchères en ligne gagne
ainsi en popularité. Ces dernières années ont vu l’apparition de nombreuses
maisons de vente en ligne, à différencier des grands acteurs du web ayant voulu
surfer sur la vague en proposant objets de collection, œuvres d’art et articles
de luxe dans un catalogue de ventes fourre-tout, sans structure, ni contrôle.
Avec l’avènement de sites plus spécialistes, la vente aux enchères en
ligne d’art et objets de collection se professionnalise fortement, pour le
bonheur d’une nouvelle génération d’acheteurs, petits collectionneurs aguerris
ou amateurs. Les maisons de vente en ligne complètent les acteurs
traditionnels qui, eux, intègrent à leur tour les bonnes pratiques du e-commerce dans leur modèle économique.
La digitalisation des métiers traditionnels fait couler beaucoup
d’encre. Perçue comme une menace par les professionnels et une nouvelle
opportunité par l’homo consumerus, il est temps de réconcilier les deux mondes
pour avancer avec l’ère numérique et créer des modèles vertueux.
Une digitalisation vertueuse
pour faire grandir les métiers de la vente aux enchères
L’art en ligne doit justement unir les meilleures pratiques des deux
mondes en mettant l’humain, la compétence et la passion des objets au centre du
modèle. L’innovation associée au média Internet reste ni plus ni moins un moyen
qui permet d'ouvrir le marché de la collection au grand public et d’accélérer
les expériences au bénéfice de nouveaux modèles économiques pour le métier.
Pensons aux salles de vente qui confient leur catalogue à un site d’enchères en
ligne. Elles touchent automatiquement un public plus élargi, plus
international, et voient leurs possibilités de revenus augmenter.
Professionnaliser le métier
sur le numérique pour prévenir la fraude et les abus
La numérisation tous azimuts n’est pas profitable au long cours si
elle n’est pas encadrée par des règles strictes. La régulation des enchères
d’objets d’art est indispensable pour légitimer un modèle Internet. Fraudes et
abus sont limités grâce à une structure de contrôle, un système de régulation
qui passe avant tout par les talents, femmes et hommes, des professionnels des
enchères qui sélectionnent les objets, composent les catalogues, contrôlent
chaque pièce et coordonnent leur vente auprès du public. L’Internet fait tomber les frontières de la vente aux enchères et permet à tout
individu de vendre et d’acheter un objet pour démarrer ou parfaire une
collection. Il faut que le métier bouge et fasse évoluer les mentalités en
proposant des formations dédiées aux nouvelles pratiques du marteau numérique.