Qui sont les vrais perdants de la chute du bitcoin ?

Qui sont les vrais perdants de la chute du bitcoin ? Chez certains particuliers et entreprises, la dégringolade qu'ont connue les crypto-monnaies pendant un mois a fait plus de dégâts qu'ailleurs.

Après une exceptionnelle année 2017 marquée par une hausse sans précédent de leur valorisation, le bitcoin et les autres crypto-monnaies qu'il entraîne dans son sillage sont rappelés à la raison en 2018. De 800 milliards de dollars le 6 janvier, elles ont dégringolé à 279 milliards un mois plus tard, le 6 février. La tendance baissière s'est depuis interrompue, avec une capitalisation remontant vers les 400 milliards de dollars le 8 janvier, mais rien ne garantit que le marché retrouvera les sommets du mois décembre ni que la chute ne va pas repartir de plus belle. Mais quoi qu'il en soit, cette correction des prix a déjà fait de nombreux perdants.

Ruée vers l'or chez les particuliers

Parmi eux, bien sûr, des particuliers attirés par l'envolée du cours du bitcoin. Dans certains pays comme la Corée du Sud, l'un des plus gros marchés des crypto monnaies au monde, c'est même devenu un phénomène de masse. Selon un sondage mené par un portail d'emploi sud-coréen, dont une majorité de répondants ont la vingtaine ou la trentaine, un tiers des salariés sud-coréens a investi dans les crypto-monnaies. Au moment du sondage, réalisé les 19 et 20 décembre, ils déclaraient posséder en moyenne l'équivalent de 5 260 dollars en crypto-monnaies. Ce qui ne représente plus qu'environ 1 600 dollars, rapportés au cours actuel des crypto-monnaies.

"Mes avoirs ont fondu de 80% à cause de toutes ces news négatives."

 

Ceux qui ont acheté au plus haut en décembre auront bien du mal à rentabiliser leur investissement. Si certains ont été raisonnables et n'ont investi que de l'argent qu'ils pouvaient se permettre de perdre, d'autres ont mis tous leurs espoirs dans le bitcoin. Comme cette famille néerlandaise, qui a choisi de vendre son entreprise, sa maison et ses véhicules pour aller vivre au camping et réinvestir tous les fonds dans le bitcoin, persuadée qu'il vaudra 25 000 euros d'ici 2020. Aux Etats-Unis, certains ont même misé de l'argent qu'ils n'avaient pas, comme le montre une étude du site de rachat de dette étudiante LendEDU menée en décembre auprès d'investisseurs actifs dans le bitcoin. 18% des répondants déclarent avoir acheté des bitcoins avec leur carte de crédit (qui permet aux Etats-Unis de réaliser toutes sortes d'achats courants à crédit). Et 90% d'entre eux déclarent qu'ils comptent rembourser leurs dettes en utilisant les profits de leur investissement. 

Les professionnels du secteur exposés

Sur les communautés en ligne où se retrouvent les initiés des crypto, notamment des forums Reddit et des groupes Telegram, certains comme l'utilisateur kanti s'inquiètent de la baisse observée cette semaine : "Mes avoirs ont fondu de 80% à cause de toutes ces news négatives", se désole-t-il." Mais une majorité d'utilisateurs est confiante. Sur Telegram, Khalid Sadoki égraine par exemple "11 raisons qui font que tout ira bien" ("le marché vaut toujours trois fois plus qu'il y a six mois", "les banques commencent à utiliser les crypto pour leurs paiements internationaux", "les installations de distributeurs de bitcoins sont en augmentation"…). D'autres se réjouissent de la baisse des prix, vue comme une opportunité d'augmenter leur stock de crypto-monnaies au rabais. 

On trouve aussi des victimes de la baisse des prix chez les entreprises qui possèdent de gros stocks de crypto-monnaies. C'est le cas des sociétés et pools de mineurs comme AntPool ou Bitfury, qui se rémunèrent grâce aux récompenses obtenues en validant des transactions sur la blockchain de telle ou telle monnaie. En plus de leurs stocks qui ont fondu, la valeur de ces récompenses a donc baissé.

Les autres grands perdants côté entreprises sont les start-up qui ont réalisé des ICO. Ces levées de fonds en crypto-monnaies leur permettent de se financer en échangeant la monnaie ou le token qu'elles ont créé contre d'autres devises virtuelles, le plus souvent des bitcoins ou des ethers. Si ces sociétés convertissent une partie de l'argent récolté en euros, dollars ou toute autre monnaie fiduciaire pour payer leurs équipes et s'acquitter d'autres dépenses, elles tiennent également à conserver des crypto-monnaies, à la fois pour assurer le fonctionnement technique de leur plateforme et parier sur l'augmentation de leur valeur. Les entreprises qui sont passées par des ICO ont donc vu la valeur de leur levée de fonds s'effondrer. Quant aux plateformes d'échange de crypto-monnaies, qui en possèdent évidemment de grandes quantités, la baisse n'est pas forcément une mauvaise nouvelle pour leur business. Elle pourrait même leur profiter, comme le JDN l'expliquait hier.

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