Les notions de mesure d'audience et de trafic sont des informations stratégiques pour l'éditeur d'un site mais délicates à utiliser et surtout à confronter. En particulier lorsque l'on compare des chiffres de différentes sources, qui peuvent ne pas mesurer les mêmes paramètres. Le cas du site Tchatche.com est à ce titre très instructif. Le site fait aujourd'hui figure de véritable phénomène sur le Web francophone avec 5.268.348 visites dans le classement Cybermétrie de février 2001, ce qui le situe dans les 10 premiers sites de ce classement juste devant le site Tf1.fr. Il s'agit sans conteste d'une performance remarquable pour un sité créé en avril 2000 et qui n'a bénéficié d'aucune campagne de communication de grande ampleur.

Mais inévitablement ce niveau de performance rapide conduit les acteurs du marché, concurrents ou non, à s'interroger sur la cause de cette formidable performance, voire à remettre en cause la sincérité ou la fiabilité de l'outil de mesure. L'un des meilleurs moyens d'apprécier la qualité de la mesure publiée, en attendant les premières certifications de Diffusion Contrôle (lire l'article JDNet du 01/03/01), pourrait être, par exemple, de confronter les chiffres de Cybermétrie avec d'autres sources. Et c'est ici que commence la difficulté de l'exercice, car le chiffre publié par Cybermétrie correspond au nombre de visites (et non de visiteurs) enregistrées par un outil site-centric sur le mois de février.

A moins d'envisager de comparer les chiffres générés par un autre outil de type site-centric, qui mesurerait lui aussi des visites, l'autre source d'information accessible à des tiers reste les chiffres des panels. Or, pour le mois de février, Tchache.com ne ressort pas dans les panels Netvalue et Nielsen NetRatings, ce qui signifie que moins de 1% des membres de ces panel ont visité le site au cours du mois considéré, soit moins de 80.000 visiteurs uniques. Dans le panel MMXI de février, Tchatche.com obtient 1,1% de taux de pénétration soit environ 90.000 visiteurs uniques.

Pourquoi de tels écarts? En réalité Cybermétrie mesure physiquement le nombre de visites enregistrées par le site, tandis que les chiffres des panels mesurent le nombre d'utilisateurs uniques chaque mois. Ainsi un Internaute qui a visité trois fois le site Tchatche.com en février représente un visiteur pour les panels mais trois visites pour Cybermétrie. De plus, les panels actuellement disponibles en France ne prennent en compte que les visiteurs français (par hypothèse) pour leur navigation à domicile, aucun panel en milieu professionnel n'étant en outre aujourd'hui exploitable en France. De même les visites du site depuis les lieux publics (cybercafés mais aussi universités, écoles, bibliothèques...) ne sont pas non plus mesurées.

Une seule certitude doit être dégagée de cette illustration : la difficulté de confronter les chiffres d'audience et de trafic dès lors qu'il s'agit d'informations de natures différentes. Les outils site et user centric ne mesurent pas les mêmes paramètres et n'appréhendent pas les mêmes réalités. D'où la nécessité d'harmoniser au plus vite ces différents outils au risque de discréditer une partie de l'activité Internet.