Chrysalead maintient son cap malgré la conjoncture
Par le Journal du Net (Benchmark Group)
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Mercredi 14 novembre 2001

En se lançant tardivement, à la fin de l'année 2000, dans les investissements sur Internet, le fonds d'investissements Chrysalead avait donné l'impression de prendre en marche un train en passe de s'arrêter. Un an après, si le train a effectivement nettement ralenti, ses dirigeants ne semblent pas s'en offusquer et en retireraient même quelques satisfactions. "Cela nous a évité beaucoup d'erreurs, notamment sur les valorisations. Nous n'avons pas à "nettoyer" notre portefeuille actuellement, à la différence d'autres fonds", estime Daniel Pinto, le président de la société, qui affirme que la stratégie du fonds n'a pas varié malgré la conjoncture. "Nous avons toujours voulu financer en amont des sociétés "convergentes", c'est à dire qui s'insèrent dans la stratégie des entreprises traditionnelles sur Internet ou qui améliorent la chaîne de valeur d'un métier. Or cette année a surtout été marquée par l'appropriation de l'outil internet par les grands groupes ce qui valide notre choix initial", constate-t-il.

Le fonds a été particulièrement actif en un an puisqu'il a investi 40% des 58 millions d'euros alloués par ses quatre investisseurs (Danone, GIMV, CVC Capital Partners et Valoris). Sept sociétés technologiques ont bénéficié de financement parmi lesquelles Minutepay (système de paiements par e-mail), la place de marché Seliance, Tinubu Square (solutions d'assurance-crédit) ou Smartping (Performance et sécurité internet). Avec toujours, selon Daniel Pinto, le souci d'établir "une passerelle entre la start-up et les grands groupes. C'est notre valeur ajoutée et c'est un thème récurrent dans nos investissements. Nous avons d'ailleurs poussé systématiquement nos participations à travailler rapidement avec un partenaire d'envergure. Ce fût le cas de Minute Pay avec la BNP, de Seliance avec le Crédit Lyonnais ou de Qualystem avec Intel", détaille-t-il.

En tant que nouveau venu dans le capital-investissement, Chrysalead a également tenté de se démarquer légèrement de la méthode des fonds de capital-risque traditionnels. "Nous ne voulons pas être uniquement un financier mais aussi un coach en étant très présent dans la vie de la société. Nous souhaitons la conseiller fortement en matière de ressources humaines ou de partenariats. Avec sept salariés pour autant de participations nous avons les moyens de cette ambition".

Malgré ces motifs de satisfaction, Daniel Pinto ne nie pas les difficultés qui attendent Chrysalead et ses participations, à l'heure où il est de plus en plus ardu de boucler un tour de table. "Dans notre schéma de départ, nous voulions nous focaliser sur le premier tour de table avant de laisser la place à d'autres investisseurs, voire à des industriels, mais nous avons dû évoluer depuis. Désormais, nous tentons dès le départ de financer toutes nos sociétés jusqu'à l'équilibre. Soit un financement plus élevé permettant de tenir de dix-huit à vingt-quatre mois." Un choix qui poussera sans doute Chrysalead à travailler plus souvent dans l'avenir avec d'autres capitaux-risqueurs pour supporter la charge financière et partager le risque.

L'autre conséquence, selon Daniel Pinto, est le durcissement des conditions lors de négociations avec les entrepreneurs. "Ce n'est pas évident, constate-t-il. Si la baisse des valorisations favorise un fonds d'investissements, il ne faut pas non plus qu'elle démotive le management de la start-up. C'est un subtil équilibre", témoigne-t-il. Néamoins, Daniel Pinto reste optimiste sur l'avenir, et souhaite encore financer six à sept sociétés l'année prochaine avant de solliciter éventuellement ses actionnaires. "Nous ne craignons pas de restrictions budgétaires de la part de nos investisseurs. Pour Danone et les autres, nous sommes un formidable outil de veille technologique", conclut-il.

[Jérôme Batteau, JDNet]

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