Le réseau "Silicon
Culture", qui vient d'être créé par l'association
Sllicon Sentier, a pour objectif de structurer l'Internet culturel français
et de le représenter face aux pouvoirs publics et aux principaux
acteurs du Web. Cette nouvelle organisation veut permettre à des
sites qui n'entretenaient jusqu'alors que peu de relations entre eux de
se rencontrer et d'échanger leurs expériences. Laurent Sorbier,
vice-président de l'association Silicon Sentier et directeur général
de eAuctionRoom, présente ce nouveau groupe qui pourrait bien,
dans le futur, voler de ses propres ailes.
JDNet.
Quelles raisons ont motivé la création de ce réseau
Silicon Culture ?
Laurent Sorbier. Il faut d'abord savoir que le secteur culturel
en ligne est vraiment l'un des rares domaines d'activité de l'Internet
où les gens se connaissent peu et ont peu l'occasion de se rencontrer
et de travailler ensemble. Les objectifs résultent de ce constat :
les autres secteurs ont su s'organiser et sont capable de parler d'une
seule voix (comme les FAI, le e-Commerce...) alors que le secteur culturel
n'avait pas mis en place un dialogue et encore moins de représentation.
Cela signifie que dans les débats touchant à l'Internet
culturel, qu'ils soient fiscal, réglementaire ou économique,
les pouvoirs publics ne savaient pas trop à qui s'adresser. D'autant
que le travail de recensement qui a été fait par le ministère
de la Culture dans ce domaine reste assez lacunaire. L'idée est
donc de construire un discours commun et de disposer d'un organe représentatif
du secteur pour défendre ses intérêts. Cela reste
dans la mission globale de l'association Silicon Sentier, mais dans un
domaine particulier. Par ailleurs, il y aussi un aspect plus business
dans ce mouvement : développer les synergies entre les projets
qui ont des affinités. On peut imaginer des partenariats, voire
des rapprochements entre des acteurs.
Qui
sont les membres de cette association ?
Nous souhaitons réunir aussi largement que possible. L'appel que
nous avons lancé concerne absolument tous les gens de l'Internet
culturel, tous les sites gérés de manière professionnelle,
qu'il s'agisse de sites marchands, éditoriaux ou publics. Aujourd'hui,
il y a vingt-deux membres mais nous souhaitons que beaucoup d'autres acteurs
nous rejoignent. Evidemment, nous aimerions que les poids lourds de la
vente de biens culturels, comme la Fnac, Amazon ou Alapage, soient présents
lors de nos réunions. Nous avons recensé une grosse centaine
de sites culturels en France, si l'on exlut les micro-sites personnels,
bien que nombre d'entre eux soient d'une qualité remarquable. Ils
ont tous vocation à nous rejoindre et à être représentés
dans l'association.
Quels
seront les premiers thèmes de réflexion abordés lors
de vos réunions ?
La première chose va d'abord être de faire le tour des préoccupations
et des souhaits de nos membres. Cela devrait pouvoir se faire assez rapidement.
Dans un deuxième temps, nous allons mettre en place des groupes
de travail. L'un d'eux portera sur le cadre fiscal et réglementaire
des activités culturelles sur Internet. Il a en effet des problèmes
qui se posent au niveau de la TVA applicable, du prix unique du livre,
du régime des droits d'auteur, etc. Nous aborderons également
les formes de soutien attendues des pouvoirs publics et du mécénat
privé. Il est clair aujourd'hui que l'on voit disparaître
des initiatives qui jouent véritablement un rôle de service
public et cela nous semble inquiétant. Cette prise de contact devrait
donc aussi nous permettre d'instaurer un dialogue entre les pouvoirs publics
et les acteurs de l'Internet culturel. De plus, le mécénat
privé est très peu développé dans notre secteur,
faute de visibilité et de représentativité. Enfin,
nous souhaitons réfléchir sur les évolutions vers
un système de rémunération satisfaisant pour les
fournisseurs de contenus éditoriaux culturels. Cela touche le micro-paiement
mais aussi la répartition des revenus générés
par Internet. La manne se dirige essentiellement vers les FAI, qui permettent
à des gens d'accéder à une multitude de contenus
ne bénéficiant que d'une faible rémunération.
Est-ce que cette situation doit perdurer ? On peut se poser la question
et si jamais nous souhaitions un jour prendre position dans ce sens, il
y aurait d'une position commune et forte de l'Internet culturel.
[Florence Santrot, JDNet]