Laurent Sorbier (Silicon Culture) : "L'internet culturel français a besoin d'un discours commun pour défendre ses intérêts"
Par le Journal du Net (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/0112/011220siliconculture.shtml
Jeudi 20 décembre 2001

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Le réseau "Silicon Culture", qui vient d'être créé par l'association Sllicon Sentier, a pour objectif de structurer l'Internet culturel français et de le représenter face aux pouvoirs publics et aux principaux acteurs du Web. Cette nouvelle organisation veut permettre à des sites qui n'entretenaient jusqu'alors que peu de relations entre eux de se rencontrer et d'échanger leurs expériences. Laurent Sorbier, vice-président de l'association Silicon Sentier et directeur général de eAuctionRoom, présente ce nouveau groupe qui pourrait bien, dans le futur, voler de ses propres ailes.

JDNet. Quelles raisons ont motivé la création de ce réseau Silicon Culture ?
Laurent Sorbier. Il faut d'abord savoir que le secteur culturel en ligne est vraiment l'un des rares domaines d'activité de l'Internet où les gens se connaissent peu et ont peu l'occasion de se rencontrer et de travailler ensemble. Les objectifs résultent de ce constat : les autres secteurs ont su s'organiser et sont capable de parler d'une seule voix (comme les FAI, le e-Commerce...) alors que le secteur culturel n'avait pas mis en place un dialogue et encore moins de représentation. Cela signifie que dans les débats touchant à l'Internet culturel, qu'ils soient fiscal, réglementaire ou économique, les pouvoirs publics ne savaient pas trop à qui s'adresser. D'autant que le travail de recensement qui a été fait par le ministère de la Culture dans ce domaine reste assez lacunaire. L'idée est donc de construire un discours commun et de disposer d'un organe représentatif du secteur pour défendre ses intérêts. Cela reste dans la mission globale de l'association Silicon Sentier, mais dans un domaine particulier. Par ailleurs, il y aussi un aspect plus business dans ce mouvement : développer les synergies entre les projets qui ont des affinités. On peut imaginer des partenariats, voire des rapprochements entre des acteurs.

Qui sont les membres de cette association ?
Nous souhaitons réunir aussi largement que possible. L'appel que nous avons lancé concerne absolument tous les gens de l'Internet culturel, tous les sites gérés de manière professionnelle, qu'il s'agisse de sites marchands, éditoriaux ou publics. Aujourd'hui, il y a vingt-deux membres mais nous souhaitons que beaucoup d'autres acteurs nous rejoignent. Evidemment, nous aimerions que les poids lourds de la vente de biens culturels, comme la Fnac, Amazon ou Alapage, soient présents lors de nos réunions. Nous avons recensé une grosse centaine de sites culturels en France, si l'on exlut les micro-sites personnels, bien que nombre d'entre eux soient d'une qualité remarquable. Ils ont tous vocation à nous rejoindre et à être représentés dans l'association.

Quels seront les premiers thèmes de réflexion abordés lors de vos réunions ?
La première chose va d'abord être de faire le tour des préoccupations et des souhaits de nos membres. Cela devrait pouvoir se faire assez rapidement. Dans un deuxième temps, nous allons mettre en place des groupes de travail. L'un d'eux portera sur le cadre fiscal et réglementaire des activités culturelles sur Internet. Il a en effet des problèmes qui se posent au niveau de la TVA applicable, du prix unique du livre, du régime des droits d'auteur, etc. Nous aborderons également les formes de soutien attendues des pouvoirs publics et du mécénat privé. Il est clair aujourd'hui que l'on voit disparaître des initiatives qui jouent véritablement un rôle de service public et cela nous semble inquiétant. Cette prise de contact devrait donc aussi nous permettre d'instaurer un dialogue entre les pouvoirs publics et les acteurs de l'Internet culturel. De plus, le mécénat privé est très peu développé dans notre secteur, faute de visibilité et de représentativité. Enfin, nous souhaitons réfléchir sur les évolutions vers un système de rémunération satisfaisant pour les fournisseurs de contenus éditoriaux culturels. Cela touche le micro-paiement mais aussi la répartition des revenus générés par Internet. La manne se dirige essentiellement vers les FAI, qui permettent à des gens d'accéder à une multitude de contenus ne bénéficiant que d'une faible rémunération. Est-ce que cette situation doit perdurer ? On peut se poser la question et si jamais nous souhaitions un jour prendre position dans ce sens, il y aurait d'une position commune et forte de l'Internet culturel.

[Florence Santrot, JDNet]

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