Le Groupe Partouche
a concédé à la fin de l'année 2001 un contrat
de licence de sa marque à un opérateur étranger pour exploiter
un casino en ligne, Casino-Partouche.com. Ce casino, domicilié
dans un pays dont les deux parties refusent de dévoiler le nom,
ne doit normalement pas accueillir de joueur en provenance de France,
où la législation prohibe, en théorie, ce type d'activité.
Patrick Partouche, le directeur général du groupe Partouche,
explique les motivations de son groupe sur Internet et réclame
un grand débat public au sujet de l'exploitation des casinos en
ligne en France.
JDNet. Pourquoi avoir
accordé une licence à un site Internet ?
Patrick Partouche.
Depuis cinq ans, nous étions régulièrement contactés
par des sociétés qui souhaitaient s'associer à notre
marque. Mais je préférais rester prudent, notamment car
nous avions du mal à savoir à qui nous avions affaire. Deux
événements ont précipité ma décision.
En juin 2001, tout d'abord, quand j'ai découvert un peu étonné
que la Française des Jeux lançait, grâce à
un décret, des jeux en ligne. Il me paraissait étonnant
que l'Etat accorde un privilège par décret à une
société et la refuse à d'autres. Le discours de l'Etat
n'était donc plus cohérent dans cette affaire. L'autre élément
est qu'une société israélienne, Eden Casino, a utilisé
à mon insu la marque du groupe pour recruter des joueurs sur Iinternet.
Je me suis donc dit qu'il était temps de se lancer. Mais comme
ce n'est pas notre métier, nous avons décidé de confier
la gestion à une société spécialisée
dans le domaine en lui fournissant une licence pour l'utilisation de notre
nom. Mais le casino en ligne a été construit en fonction
des recommandations du groupe Partouche. Seulement, il n'est pas géré
adminstrativement par notre groupe.
Le
site doit normalement refuser les visiteurs venant de France, or il est
plutôt conciliant en la matière. Vous n'avez pas peur d'être
éclaboussé si le site était poursuivi en justice
puisque cette activité est illégale en France ?
Tout d'abord, si quelqu'un connaît une solution infaillible pour
qu'aucun joueur ne vienne de France, qu'il me contacte. C'est le même
problème que pour les objets nazis de Yahoo. Est-ce que vous croyez
que la vente ne se fait plus depuis que la justice française l'a
interdite? Elle continue sur Internet en venant de France. C'est donc
impossible de bloquer les internautes français. C'est comme si
vous exigiez de TF1 qu'il gomme les publicités pour les marques
de cigarettes lors de la retransmission des Grands prix de Formule 1 sous
prétexte que ces annonceurs sont interdits en France. Par ailleurs,
j'aimerais que l'on m'explique pourquoi un casino en ligne hébergé
à l'étranger est illégal. Je souhaiterais qu'il y
ait un débat à l'Assemblée nationale sur le sujet.
Je suis à la tête d'un groupe coté en Bourse et je
dois défendre les intérêts de mon entreprise. Selon
les chiffres, le marché des casinos en ligne représentera
20 milliards de dollars d'ici cinq ans. Mon groupe ne sera pas le parent
pauvre de cette révolution. Je ferai d'ailleurs remarquer que notre
groupe est ouvert à toutes propositions de l'Etat en la matière,
y compris des prélévements sur ce type de jeux. Je souhaite
simplement qu'il y ait un débat sur le sujet et que le législateur
prenne ses responsabilités. Seulement, il ne le fera que s'il est
confronté au débat
On
a l'impression que finalement vous souhaiteriez presque être attaqué
en justice pour ouvrir le débat...
Personne ne souhaite avoir un procès mais s'il y a procès,
il faudra me démontrer que l'activité de casino en ligne
est illégale en France et qu'on peut faire respecter la loi. Et
j'espère qu'il y aura dans le box à mes côtés
Jean-Marie Messier ou le président de Wanadoo qui ont profité
de cette manne en acceptant des publicités des casinos en ligne.
En tous cas, je ne provoquerai pas ce procès et il est hors de
question, par exemple, que j'attaque Casino On Net ou un autre concurrent
en France, même si l'activité est exercée illégalement.
La délation ne fait pas partie de mes méthodes.
[Jérôme Batteau, JDNet]