"Le Geste s'inquiète du non-respect,
par les grandes entreprises et les administrations françaises, des
principes de base du droit d'auteur ". Cette phrase, qui soulève
le problème des revues de presse électroniques, faisait
partie des "Propositions aux candidats à l'élection
présidentielle" diffusée mi-avril par le
Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste).
Après la réflexion, voici
venu le temps de l'action. Dans un communiqué de presse diffusé
hier, neufs éditeurs en ligne (L'Agefi, La Croix, Les Echos,
Le Figaro, Investir, Libération, Le Monde, La Tribune et ZDNet)
indiquent avoir confié au Centre Français d'exploitation
du droit de Copie (CFC)* la gestion de leurs droits numériques en
matière de panoramas de presse sur intranet. En clair, le CFC est
mandaté pour éviter les abus en terme de pillage du
contenu des éditeurs sur les intranets. Philippe Jannet,
président du Geste et Directeur des éditions électronique
des Echos, apporte des précisions sur le dispositif.
JDNet.
Depuis quand le Geste s'intéresse-t-il au sujet des droits
d'auteurs sur les intranets ?
Philippe Jannet.
Le problème est ancien
: à l'origine, il est lié au support papier avec la
diffusion, par photocopies, des articles de presse. Ces derniers
sont ensuite distribués sous forme de revues de presse dans
les bureaux des administrations publiques et des grandes entreprises.
Le phénomène prend de l'ampleur avec le développement
des outils intranets. D'où notre volonté de trouver
une solution rapide pour contrer ce pillage de contenu. Il nous
a semblé logique que le CFC, déjà en charge
d'effectuer des contrôles pour les supports papiers, soit
mandaté pour veiller sur les éditions électroniques.
Dès 1999, à l'occasion de la rédaction de la Charte
de l'édition en ligne, nous avions mis l'accent sur ce problème.
Connaissez-vous
réellement l'ampleur de ce "pillage" ?
Le phénomène est généralisé.
Nous avons récemment mené une enquête
auprès d'un échantillon
d'entreprises : près de 80 % des sociétés
avaient des revues de presse électroniques. La situation
du côté des administrations publiques est encore plus
scandaleuse. L'accord qui vient d'être signé avec le
CFC sera rétroactif au 1er janvier 2001. Au départ,
les entreprises devront effectuer une démarche volontaire
pour déclarer au CFC un nombre moyen d'utilisateurs et d'éditeurs
en ligne concernés. Une grille de tarification a été
mise en place dans ce sens. Un calculateur sur le site du CFC va
être mis en place. Naturellement, une entreprise peut signer
un accord spécifique directement avec un éditeur.
Je rappelle que le CFC a le droit d'effectuer des contrôles
sur le terrain. En cas d'infraction, des peines d'amendes, voire
de prison, sont prévues.
A
travers cet accord se profile également des enjeux économiques.
Par exemple, Les Echos vendent des fils d'informations pour les
intranets des entreprises...
Il est évident que
le pillage de contenu quasi-systématisé ne simplifie
pas la commercialisation de ce type de prestations. Du côté
des Echos, il est difficile de quantifier le manque à gagner.
Pour l'instant, nous avons signé une centaine d'accords de
distribution de contenu.
* Le
Centre Français d'exploitation du droit de Copie (CFC) est une société
de perception et de répartition de droits de propriété littéraire
et artistique, agréé par le ministère de la Culture. C'est
le gestionnaire du droit de reproduction par reprographie de la
presse et du livre en France. Il représente tous les auteurs et
les éditeurs de livres et de presse et peut délivrer des autorisations
de reproduction par reprographie dans ces domaines.
[Philippe Guerrier, JDNet]