GayPlanet, filiale du groupe BD Multimédia,
restera comme la première entreprise française gay
à s'inscrire en Bourse. L'introduction sur le Marché
Libre de la société, qui développe des services
télématiques et Internet à destination de la
la communauté homosexuelle, s'est faîte sur un mode
quasi-confidentiel le 8 août dernier, une période traditonnellement
calme sur les marchés financiers. Du seuil maximum de 12,5 %
du capital de la société initialement réservée
pour l'introduction, c'est finalement une portion infime (1,4 %)
qui a été proposée aux investisseurs. Une quote-part
qui représente un volume de 14 000 actions au prix unitaire
de 4 euros.
Jacky
Leclerc, PDG et co-fondateur de GayPlanet, reconnaît que cette
introduction ne constitue pas un virage stratégique pour
l'activité de la socité. "Cette opération
n'est pas associée à une augmentation de capital.
Nous n'avions pas besoin de lever des fonds car nos activités
sont bénéficiaires." En revanche, l'IPO devrait
faciliter d'éventuelles opérations de croissance externe.
"Nous appelons naturellement les investisseurs et les sympathisants
de la communauté gay à se rallier à notre projet
à la rentrée." Reste
à savoir si l'appel sera entendu. Mercredi, le titre Gay
Planet était coté à 5,39 euros. Les principaux
mouvements ont été observés au cours des premiers
jours de cotation. Depuis, les volumes d'échange restent
faibles.
Créé en 1987, GayPlanet
a dévelopé essentiellement des activités télématiques,
autour du réseau MEC, qui regroupe une dizaine de services
Minitel. En 2001, le chiffre d'affaires de la société
s'est élevé à un million d'euros pour un résultat
net de 130 000 euros. Plus de 90 % de ses revenus sont
issus de l'exploitation des services Minitel : son produit phare
(36 15 MEC) recense 8 000 visiteurs chaque jour. En mars 2002,
les utilisateurs télématiques des services de GayPlanet
ont dépensé en moyenne 4,7 euros hors taxe par heure,
répartis pour moitié entre France Télécom
et l'éditeur. Sur le même mois, la société
a recensé 30 000 minitélistes.
Dans le cadre du développement de
son activité, GayPlanet cherche naturellement à déployer
des déclinaisons Internet. Actuellement, la société
dispose de deux sites : GayFrance.fr (ouvert en 1996) et GayPlanet.com
(1997). Le premier site propose des espaces de dialogue, des petites
annonces et un service de boîtes aux lettres (36 000
comptes ouverts au total). Dans le document d'introduction en Bourse,
validé par la COB, il est indiqué que GayFrance.fr
a enregistré 35 000 opérations par cartes bancaires
depuis son ouverture. Quant à GayPlanet.com, il est exploité
en quatre langues (français, anglais, allemand et espagnol).
Le site propose un moteur de recherche sur 7 000 sites destinés
aux communautés gays et lesbiennes, ainsi qu'un service de
boîte e-mails (10 000 comptes y ont été
ouverts). Un quart des boîtes sont activées une fois
par semaine.
Le modèle économique de
ces services en ligne reposait jusqu'ici sur la publicité
et l'affiliation. Mais ce modèle devrait être reformulé
sous peu. En puisant dans son expérience Minitel, GayPlanet
compte développer des services Audiotel pour accéder
au contenu payant des sites, mettre en place un kiosque Internet
(téléchargement d'un kit de connexion permettant une
surfacturation à la durée) et développer de
formules d'abonnement. L'autre grande nouveauté de la rentrée
sera le lancement d'un service d'accès Internet GayPass.net,
en collaboration avec le service de fourniture Dixinet.com rattaché
au groupe BD Multimédia (qui détient 78 % de
Gay Planet et qui également coté sur le Marché
Libre).
Gay Planet reconnaît que, dans le
domaine du Net, d'autres services concurrents comme CiteGay.com,
lancé en 1997, ont considérablement étendu
leurs offres de services en ligne. Il faut également compter
sur la présence de Gay.com en France, bien que ce dernier
revendique une étiquette plus "soft" que les autres
portails, et sur Gayvox.com, qui a racheté cet été
les archives de GaiPied.
[Philippe Guerrier, JDNet]