Après plusieurs mois à rebondissements,
Vivendi Universal a annoncé vendredi qu'il s'était
finalement désengagé du portail mobile Vizzavi
au plan européen. Pour un montant de 142,7 millions d'euros
en numéraire, le groupe français a cédé
à Vodafone sa participation de 50 %. Outre l'apport en cash
direct, l'opération permet à Vivendi Universal de
faire une économie potentielle de 171 millions d'euros, montant
nécessaire au financement du développement de Vizzavi pour
l'exercice 2002/2003. Cette cession valorise le portail multi-services
à près de 300 millions d'euros, une somme qui paraît
mirobolante alors que de nombreux analystes s'entendaient pour dire
que la valeur de l'actif Vizzavi était "nulle".
Le
britannique Vodafone a précisé vendredi dans un communiqué
que la prise de contrôle de Vizzavi allait lui permettre d'utiliser
le portail européen comme plate-forme de lancement pour son
nouveau service Vodafone Live!. Annoncé pour cet automne,
ce service repose sur une offre UMTS et MMS. Le groupe britannique
indique également que les services proposés sur Vizzavi
seront mieux intégrés avec les différentes
activités de Vodafone.
Mise en tête de liste de la feuille
de route de Jean-René Fourtou, le PDG de VU, la vente de
Vizzavi Europe s'inscrit dans le cadre de la cession des actifs
non stratégiques. Elle ne concerne pas, en revanche, la partie française
de la structure : si Vodafone
acquiert les activités européennes de Vizzavi, Vivendi
Universal reprend de son côté 100 % de la filiale
Vizzavi France, activité qui reste autonome mais qui sera
rapprochée de SFR. Vodafone, qui ne récupère
donc pas vizzavi.fr, a d'ailleurs pris le soin d'acheter, le 23
août dernier, vodafone.fr.
Lancé en grandes pompes en juin
2000, Vizzavi devait être le socle de toute la stratégie, le symbole
de la convergence tuyaux-contenus de Vivendi Universal. Avec ce
"portail multi-accés", dont l'idée a émergé lors du rapprochement
avec Vodafone, Jean-Marie Messier annonçait son ambition - concurrencer
Yahoo - et avançait ses atouts - les 80 millions d'abonnés des deux
groupes. Au bout du compte, la
principale fonction de Vizzavi aura été d'aider Jean-Marie Messier
à convaincre les dirigeants de Seagram d'accepter la fusion avec
Vivendi. Doté à sa naissance d'1,5 milliard d'euros (dont 750 millions
venus de Vivendi), Vizzavi ne peut revendiquer aujourd'hui que 6,3
millions "d'utilisateurs enregistrés" pour l'ensemble des pays
européens où il est présent.
Parallèlement à cette
opération, le groupe français a annoncé qu'il
cédait la Comareg (société éditrice
de Bonjour.fr) et le groupe L'Express-L'Expansion à
la SocPresse, société éditrice
du Figaro et dont l'actionnaire principal est le groupe Dassault.
Cette cession, qui était attendue depuis plusieurs semaines
dans le cas du groupe L'Express, permet à Vivendi Universal
de récupérer, selon un communiqué, plus de
300 millions d'euros en cash. La Comareg avait été
mise en vente une première fois en 2001 par Vivendi Universal,
avant que le groupe ne décide, temporairement, de la garder
dans son giron.
Bonjour.fr est leader sur le
marché des sites de petites annonces généralistes.
Selon Nielsen Netratings, Bonjour.fr comptait en début d'année
188 500 visiteurs uniques pour 4,8 millions de pages vues par
mois. Le portail dénombrerait aujourd'hui près de
250.000 visiteurs uniques. Il devance ainsi LaCentrale.fr (188.000
visiteurs uniques pour 4,6 millions de pages vues) et eBay.fr (636.000
visiteurs uniques pour 48,5 millions de pages vues).
Enfin, en marge de cette actualité
chargée, Vivendi Universal a vu baisser la participation
de Charles et Edgar Bronfman, premiers actionnaires de VU. Selon
un avis diffusé hier par le Conseil des marchés financiers,
la famille Bronfman ne détient plus que 4,8 % du capital
dans le groupe, contre 5,05 % auparavant. Ses droits de votes
sont, eux, passés de 5,15 % à 4,9 %. Vendredi,
en fin de séance à la Bourse de Paris, le titre Vivendi
Universal a clôturé en hausse de +1,59 % à
12,80 euros. Pus de 13 millions de titres ont été
échangés au cours de la journée. Au plus haut
de la séance, le titre a gagné 6,76 %.
[Florence Santrot, JDNet]