L'expérimentation qu'a initiée
le groupe Partouche dans l'univers des casinos en ligne dans le but
de "lancer un débat avec les autorités de tutelle
sur la légalisation de salles virtuelles de jeux d'argent",
connaît des débordements imprévus. Fin 2001, le
groupe français qui exploite un vaste réseau de casinos
en France, a attribué une licence d'exploitation de la marque
Partouche à une société proposant un casino en
ligne à partir de l'état du Bélize : Mandarin
Data Processing Ltd, présidée par un certain R. Pousaz.
Or il apparaît aujourd'hui que des
ponts entre le site Casino-Partouche.com et un autre site de jeux,
Casino770.com, ont été mis en place à l'insu
du groupe Partouche qui dénonce par la voix de Patrick Partouche,
directeur général du groupe, "l'exploitation
frauduleuse de la base de données des joueurs de Casino-Partouche.com
de la part de [son] ancien co-contractant".
Une
petite explication de texte est nécessaire pour comprendre
l'embarras du groupe français et ce, à la lumière
du témoignage d'une internaute française qui a décrit
son parcours dans l'univers des casinos en ligne (lire
l'article du JDNet). Lorsqu'un internaute se rend sur le
site Casino-Partouche.com, il doit procéder à une
inscription au préalable avant de pouvoir pénétrer
dans la salle de jeux virtuelle. Depuis mars dernier, un avertissement,
destiné aux internautes français, s'affiche après
avoir rempli les formalités d'identification : "Pour
des raisons indépendantes de notre volonté, à compter
du 15 mars 2002, il n'est plus possible d'accéder aux jeux
réels de Casino Partouche International, avec pour moyen de paiement
une carte de crédit délivrée par une banque française".
Jusqu'ici, le groupe Partouche joue son
rôle de garde-fou : éviter que les internautes français
ne se rendent sur le casino en ligne dans le but de jouer, ce qui
est strictement interdit par la loi française. "J'ai
rompu mon contrat avec l'exploitant bélizéen à
ce moment-là. J'ai mis en demeure mon co-contractant afin
de l'empêcher d'émettre à partir de la France",
explique Patrick Partouche. Entretemps, en France, le débat
a avancé : le rapport d'information du sénateur François
Trucy relatif aux jeux de hasard et d'argent en France est publié
en février. Ce document issu d'une mission parlementaire
fait mention de l'initiative Casino-Partouche.com. Patrick Partouche
est comblé, sonn objectif de sensibilisation est atteint.
Mais l'histoire est loin de se terminer
en happy end. Après l'avertissement aux internautes français
sur Casino-Partouche.com, l'exploitant bélizéen rajoute
une mention visiblement tirée d'un traducteur automatique
: "Cependant, nous vous invitons a retrouver les memes jeux
et sensations sur Casino770.com, qui utilise les memes conditions
et garanties de securitee. Votre inscription en tant que membre
est automatiquement validee sur Casino770.com" (sic). En clair,
les identifiants et les mots de passe entre Casino-Partouche.com
et Casino770.com sont similaires. Qui retrouve-t-on derrière
le site Casino770.com ? R. Pousaz, qui n'a pas hésité,
lors du dépôt du nom de domaine Casino770.com (mars
2002), à laisser comme adresse mail de contact casinopartouche@yahoo.com.
Patrick Partouche dénonce cette mutualisation des bases de
données qu'il qualifie de détournement frauduleux.
"J'ai rempli mes engagements de manière conforme vis-à-vis
de mes autorités de tutelle [le ministère de l'Intérieur,
NDLR]. Maintenant, comment puis-je empêcher mon ancien
co-contractant de se servir de la base de données clients
de Casino-Partouche.com sur son propre site sur lequel je ne touche
rien ? Nous sommes à la limite du piratage", s'indigne
le directeur général du groupe Partouche. Mais je
le répète : notre groupe n'a aucune responsabilité
concernant l'exploitation de Casino770.com. Nous n'avons aucun mandat
d'administration au sein de cette société".
Reste le problème de la promotion qui continue autour du
service Casino-Partouche.com. Si le groupe français s'est
retiré du projet, l'image du groupe reste associé
à ce casino virtuel qui bénéficie d'une campagne
de publicité intensive sur Internet sur des sites de petite
ou moyenne audience. Click-fr.com, réseau francophone de
bannières publicitaires "au clic", a intégré
le casino virtuel dans son portefeuille de clients. Et un superbe
lien promotionnel pour le site bélizéen apparait sur
Google lorsque l'on saisit le nom Partouche avec cette mention "N°1
des casinos en français".
Cette communication autour de Casino-Partouche.com,
à l'insu des détenteurs légaux de la marque,
risque de déstabiliser l'image du groupe français
sur Internet. Et de brouiller le débat qu'appelait de ses
voeux Patrick Partouche.
[Philippe Guerrier, JDNet]