ADSL : le grand embouteillage
Par le Journal du Net (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/0210/021014adsl.shtml
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Lundi 14 octobre 2002

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La ruée actuelle autour de l'ADSL en France s'explique d'une part par les perspectives alléchantes du marché de l'internet haut débit et de l'autre par les incitations émanant de l'Autorité de régulation des télécommunications (ART) en faveur de la concurrence dans le domaine. Actuellement, Wanadoo détient le leadership inconstesté dans le domaine mais la concurrence devient de plus en plus vivace. Club-Internet/T-Online France, notamment, a placé l'ADSL au coeur de sa stratégie. la société devrait prochainement présenter un portail haut débit qui pourrait être accompagné d'une nouvelle offensive en matière d'offres d'accès ADSL. Tiscali France, lui, fait depuis cet été un forcing publicitaire pour prendre position. Et même AOL France, qui donne pourtant la priorité à l'Internet illimité bas débit, ne peut écarter l'ADSL s'il veut conserver une partie de ses abonnés qui seraient tentés par ce type d'offre. Lors d'un chat sur 01Net à la mi-septembre, Stéphane Treppoz, le PDG d'AOL France, avait annoncé une offre ADSL à 128k "à la mi-octobre".

Mais le cercle des prétendants ADSL s'aggrandit de jour en jour. Alors que les acteurs bien installés sur le marché ont favorisé à la rentrée l'approche segmentée (offres illimitées à 512 k ou 128 k), les nouveaux entrants privilégient les "formules choc" pour attirer l'attention. Free (groupe Iliad) a ainsi annoncé le 19 septembre une formule ADSL à 29,99 euros, le prix le plus compétitif du marché (Lire l'article du JDNet). 9 Telecom, entité du groupe LDCom, a indiqué son intention de commercialiser prochainement une gamme d'offres ADSL avec des prix tirés vers le bas. Enfin, Tele 2 a décidé lui aussi de lancer une offre d'accès illimité, bas débit dans un premier temps en novembre puis haut débit le mois suivant.

Autre signe de la vitalité du marché, des "petits" acteurs tentent de s'y engouffrer. NetPratique, un nouveau FAI indépendant, est apparu sur le marché cet été. Quant à Oreka, dorénavant rattaché au groupe Firstream, il propose depuis la rentrée une formule à 39,95 euros. L'exploitation de l'accès ADSL dépasse même le cadre des fournisseurs d'accès. Une start-up comme Médiabarre.com, dont le modèle économique réside dans l'exploitation d'une barre de navigation, annonce vouloir lancer prochainement une offre ISP bas puis haut débit avec l'aide de Cable & Wireless.

Reste que les marges de maoeuvres sont relativement limités. Du plus gros au plus petit FAI, l'objectif est de trouver des modèles viables d'exploitation de services ADSL. Face à cette agitation, l'Autorité de régulation des télécommunication (ART) joue un rôle important en amont en favorisant les conditions d'entrées pour les opérateurs alternatifs eux-mêmes en contact avec les FAI. Un effort tarifaire à lier avec le mouvement de dégroupage actuel. L'instance veut développer la concurrence sur l'ensemble de la chaîne ADSL (accès, collecte et transport, services Internet), censée aboutir à une baisse des prix pour les consommateurs finaux. Ce schéma du développement de l'Internet haut débit a été présenté à l'occasion de la publication de l'avis de l'ART sur les offres IP/ADSL de France Télécom.

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Le secteur arrive d'ailleurs à une période charnière puisque les nouveaux tarifs de gros ADSL de France Télécom doivent être mis en oeuvre le 15 octobre afin "d'assurer une simultanéité des offres commerciales de France Télécom et des opérateurs concurrents vis-à-vis des fournisseurs d'accès". Dans leur quête d'intéresser les FAI grands publics, des opérateurs comme LDCom, Free Telecom et Cegetel sont sur les rangs pour étudier la mise en place d'offres de gros ADSL susceptibles de concurrencer celles de France Télécom. Les prémices d'une autre bataille beaucoup moins visible.

[Philippe Guerrier, JDNet]