15 questions à un webmaster : Ludovic Sarrazin (Kochonland.com)
Par le Journal du Net (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/0302/030217kochonland.shtml
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Lundi 17 février 2003

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Le site
Kochonland.com

Sorte de Tamagoshi en ligne, le jeu Kochonland a déjà su fédérer une communauté de plus de 10 000 internautes grâce au bouche à oreille . Le principe est simple : nourir chaque jour un cochon virtuel et l'amener jusqu'à un poids suffisant pour qu'il soit vendu à l'abattoir. Selon les niveaux, le jeu se complique et gagne en stratégie. Derrière Kochonland, c'est toute une culture de l'Internet gratuit et communautaire qui perdure.

Comment avez-vous eu l'idée de créer Kochonland et comment cela s'est-il passé ?
Ludovic Sarrazin. Il y a cinq ans, je réalisais un film promotionnel pour une coopérative porcine en Bretagne. J'ai donc été en contact avec de nombreux éleveurs pendant plusieurs semaines. Je crois que j'ai aimé ce métier et les gens qui le pratiquaient. Au départ, j'avais l'idée de faire un jeu de carte autour du métier d'éleveur de porc, j'ai donc, pendant cinq ans, noté toutes mes idées, dessiné et établi la règle du jeu etc... Je voulais faire un jeu - et peu importait le support - où plusieurs personnes pouvaient jouer en même temps. Après reflexion, je me suis tourné vers le web. J'ai commencé alors à apprendre le PHP et mysql, à réaliser les visuels et à faire des essais. Lorsque j'ai considéré que le premier niveau était "viable", je l'ai mis en ligne sur mon propre serveur avec une ligne ADSL et je suis allé sur les forums en invitant les internautes à venir y jouer. Au bout d'une semaine ma ligne ADSL saturait et mon serveur ne fournissait plus : j'ai dû stopper les inscriptions le temps de trouver un hébergeur. Le directeur technique de SDV, notre hébergeur, était également un joueur, il m'a contacté et l'aventure a réellement commencé.

Combien de personnes collaborent à la gestion du site ?
Deux personnes : Olivier Coudre et moi-même. Nous programmons et réalisons les visuels. Sans Olivier, de nombreuses fonctions du jeu n'auraient pas pu voir le jour, mes connaissances en programmation étant, hélas, limitées.

Kochonland est-il devenu une activité à plein temps ?
Oui, un plein temps multiplié par deux !!! Nous y travaillons douze heures par jour plus le week-end. Mais nous considérons cela normal : Kochonland est un site récent à qui il faut apporter un grand soin, un peu comme un nouveau-né !

Quel est votre parcours personnel ?
J'ai une formation d'assistant réalisateur. J'ai d'abord travaillé sur la radio Europe 2 La Rochelle, puis dans diverses sociétés de production (vidéo et cinéma) avant de travailler au sein de la société Explore, spécialisée dans l'imagerie 3D. Kochonland est maintenant une autre étape dans ma vie professionnelle et personnelle. La gestion d'un site comme celui ci est une nouvelle expérience pour moi : j'en apprends tous les jours et c'est très enrichissant.

Le site est-il un pur site perso ou est-ce qu'il a été réalisé dans le cadre d'une activité professionnelle ?
A l'origine, Kochonland était un site perso réalisé pour une quarantaine de joueurs, au bout de trois jours il y en avait 300. A ce moment là, je me suis dit qu'il fallait entrevoir la possibilité d'en faire un site professionnel rentable. Plus les jours passaient, plus il y avait de joueurs et plus cela me confortait dans cette idée. Mais sans moyens financiers, il est difficile d'avancer vite. Je ne veux pas prendre trop de risque non plus... Le temps me dira comment va évoluer le jeu mais, s'il continue ainsi, il est fort probable que je monterai une société pour le gérer. En attendant, la société Explore, dans laquelle je travaille, me représente et gère les contrats.

Quelle est l'audience du site ?
Le site compte environ 305 000 visites et 140 000 visiteurs uniques par mois. Nous tenons ces statistiques de notre hébergeur SDV.

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Peut-on détailler les différentes sources de vos revenus via Kochonland ?
Le jeu est gratuit. La seule source de revenus de Kochonland sont les appels audiotel, les ventes de T-shirt Kochonland et les bandeaux publicitaires. Nous travaillons avec les régies Adverline, Cibleclick et Promobenef. Il s'agit uniquement d'une commercialisation au coût par clic. Mais nous sommes aussi prêts à accueillir des anonceurs en direct... Faut-il encore qu'ils veuillent bien venir annoncer chez nous ! Sans ces différentes sources de revenu, le jeu s'arrêterait, ou du moins ne pourrait pas être développé aussi rapidemment. Pour l'instant, le chiffre d'affaires de Kochonland est très bas : 2.300 euros par mois. Il nous permet tout juste d'assurer l'hébergement, les frais pour la promotion du site, ainsi que les différents frais de déplacements. Mais si un sponsor veut se déclarer, il sera toujours bien reçu !

Pensez-vous que cette activité peut vous permettre de vous faire vivre ?
Dans l'immédiat, c'est impossible. A moyen terme, je le pense. En tous cas, nous allons faire le maximum. Grâce à nos emplois extérieurs à Kochonland, nous pouvons développer le site sans prendre trop de risque. L'emploi du temps est plus difficile à gérer, mais on s'arrange.

Combien y a-t-il de personnes inscrites ? Le rythme des inscriptions a-t-il tendance à se ralentir ?
Il y a eu 12.000 inscriptions depuis la création, le 20 octobre 2002. Aujourd'hui, nous comptons plus de 7.200 joueurs et, en fin de chaque journée, environ 90 % des joueurs sont venus s'occuper de leur kochon et de leur exploitation. Nous n'avons pas noté de ralentissement, bien au contraire, nous comptons une centaine d'inscriptions par jour.

Un site à forte audience vous a-t-il déjà proposé un partenariat ou un rachat de Kochonland ?
Pour l'instant, Kochonland n'est pas à vendre. Le Centre de Documentation des Métiers du Porc (CDMP) nous a contacté il y a un mois. Nous nous sommes rencontrés pour parler partenariat et nous seront présents au Salon de l'agriculture, en février, en partenariat avec lui. Quand on y pense, c'est assez drôle de voir un jeu d'élevage de kochons virtuels au milieu de véritables cochons.

Comment gérez-vous le forum, le bistrot et le chat sur votre site ?
Le forum est, en quelque sorte, auto-géré : les joueurs s'aident entre eux. Pour le bistrot, nous avons mis en place un programme qui filtre les messages. Au moindre message contenant un mot vulgaire, le joueur est banni du bistrot et du forum. Nous sommes très stricts là-dessus car nous avons de très jeunes joueurs (d'une dizaine d'année environ) et nous ne voulons pas qu'ils soient exposés à ce type de langage. Nous avons eu une fois un cas de propos racistes sur le forum que nous avons réglé immédiatement en détruisant le compte des joueurs en cause et en transmettant leurs coordonnées aux autorités compétentes. Kochonland est devenu, en quelques mois, un véritable site communautaire où les gens ont plaisir à se retrouver et il faut que cela dure. En ce qui concerne le chat, nous nous en occupons très peu, il y a quelques modérateurs bénévoles qui font très bien leur travail.

Comment assurez-vous votre promotion du site ?
Par l'intermédiaire d'échange de bannières et en laissant des messages sur les forums. Depuis le lancement, de nombreux articles sont écrits sur Kochonland. Le jeu a même eu les honneurs de France 2 et France 3. Et nous avons la chance que le bouche à oreille fonctionne particulièrement bien pour Kochonland.

Sur le plan technique, comment fonctionne Kochonland (développement, serveur, etc.) ?
De la manière la plus simple possible : langage HTML, DHTML, PHP, Javascript et base de données Mysql, le tout sur un serveur mutualisé qui, pour l'instant, ne nous a pas fait défaut. Les images sont au format GIF (fixes et animées).

Quel prestataire utilisez-vous pour l'hébergement ?
La société SDV Plurimédia, implantée à Strasbourg, qui d'ailleurs nous a énormément aidés. Je tiens à remercier Messieurs Degoulet et Gasmi pour leur assistance.

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Le site
Kochonland.com

Comment voyez-vous Kochonland dans deux ans ?
Le jeu aura les cinq niveaux prévus, la durée de jeu sera de deux ans (à "Kochonland" vous pourrez, en plus d'être éleveur, occuper le poste de directeur d'abattoir et de supermarché) et nous pensons pouvoir rassembler plus de 50.000 joueurs francophones. Kochonland sera également traduit en anglais pour les joueurs anglophones. En tout, nous espérons convaincre entre 150.000 et 300.000 joueurs de venir s'amuser avec nous.

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[Florence Santrot, JDNet]