Opérateurs alternatifs, opérateurs
mobiles, collectivités, FAI... Sur le marché très
volubile du Wi-Fi, les initiatives se multiplient et se chevauchent. Un
premier "round" d'ou devraient émerger, à terme,
des modèles économiques plus aboutis. Thomas
Saint-Hilaire est chargé de développer l'offre Wi-Fi pour le pôle Conseil
de Cap Gemini Ernst & Young France. Il estime que plusieurs scénarios
de marché sont encore possibles.
JDNet.
Quel est le panorama actuel du marché Wi-Fi en France ?
Thomas
Saint-Hilaire. Le
marché français s'est considérablement accéléré depuis la décision de
l'ART de novembre dernier, engageant la libéralisation du Wi-Fi en France.
Cependant, il est vrai que nous avons un retard certain sur les Etats-Unis
et sur certains pays d'Europe, particulièrement la Scandinavie et la Grande-Bretagne.
Nous avons pu observer dans certains pays d'Europe que des opérateurs
GSM pouvaient être très proactifs, comme Telia par exemple. Dernièrement,
les opérateurs mobiles français ont clarifié leur stratégie avec une série
d'annonces lors du 3 GSM Congress à Cannes, présentant leur volonté d'investir
dans le domaine du Wi-Fi. Un certain nombre de WISPs (Ndlr: opérateurs
Wi-Fi) reconnaissent également cette technologie comme une opportunité
et développent actuellement des points d'accès. Il existe aussi un réseau
associatif en très forte expansion, et qui devrait continuer de se développer.
Quels
sont les principaux atouts du Wi-Fi ?
Un
certain nombre d'atouts ont été à l'origine de l'adoption par le grand
public de la technologie Wi-Fi. Des atouts qui ont permis les ventes de
millions de cartes Wi-Fi à travers le monde. Tout d'abord, cette technologie
permet de proposer un réel haut débit. Un débit qui de plus devrait continuer
de s'accroitre à court et moyen terme. Le deuxième atout est son coût.
Le Wi-Fi est relativement peu cher, au niveau des terminaux comme des
dispositifs de réseaux. La tendance est à la baisse puisque des industriels
comme Intel prévoient de lancer des composants Wi-Fi directement intégrés
dans les microprocesseurs. Un troisième point est la facilité d'usage,
qui a entraîné son appropriation par le grand public. Le même phénomène
avait pu être observé avec l'Internet il y a quelques années.
Quelles
sont les grandes problématiques que doit encore affronter ce marché ?
De nombreuses questions ne sont pas encore résolues.
La grande interrogation autour du Wi-Fi est le rythme de déploiement des
hotspots. La réalité se trouvera entre deux hypothèses maximales. Soit
les points d'accès Wi-Fi se limiteront à quelques aéroports, gares, hôtels
et restaurants. Dans ce cas, le marché que peut représenter cette technologie
ne représentera que quelques milliers d'utilisateurs, de type "business
travellers". Soit ces hotspots Wi-Fi se multiplieront, dans les lieux
à fort passages, dans les collectivités locales, qui installeront ces
réseaux sur leurs voiries, et dans les lieux publics gérés par des entreprises.
Une autre problématique est le modèle économique au niveau des hotspots.
Il existe différents acteurs potentiels. Nous avons le propriétaire du
lieu public, l'installateur du réseau, l'opérateur qui va l'exploiter,
et enfin l'acteur qui va commercialiser l'accès à Internet. Pour le moment,
la répartition des rôles entre ces différents acteurs n'est pas encore
très claire et aucun modèle économique n'a émergé. Il faudra répondre
aux questions suivantes : Qui va payer l'investissement, puis le fonctionnement
? Comment vont se répartir les revenus entre ces acteurs, sachant que
personne n'a encore obtenu de réel chiffre d'affaires ? Cette répartition
des rôles et des revenus n'est pas encore standardisée. La dernière interrogation
est l'exclusivité, ou non, des opérateurs sur les hotspots : certains
vont être exploités par un opérateur de manière exclusive, d'autres lieux
seront au contraire multi-opérateurs, avec des accords de roaming réciproque.
Cela devrait entraîner un mouvement de consolidations entre les opérateurs.
Auquel cas, nous verrons à terme l'émergence d'un nombre limité de réseaux
et donc, de fait, un nombre limité d'opérateurs Wi-Fi.
[Nicolas Huberman, JDNet]