Paul-François Croisille (Swisscom Eurospot) : 
"Seule l'interopérabilité des réseaux Wi-Fi permettra d'atteindre une masse critique de clients"

Par le Journal du Net (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/itws/it_croisille.shtml
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06 juin 2003

Début juin, Swisscom Eurospot a ouvert son bureau commercial en France. A sa tête, Paul-François Croisille, un ancien manager de LDCom, qui a pour mission de porter rapidement de 15 à 100 la base de hotspots français opérés par la société.
Swisscom Eurospot, pionnier du Wi-fi en Suisse, vise les lieux de passage des hommes d'affaires (hôtels, centres de conférences...). La société a déjà racheté trois "Wireless Internet services providers" (WISP) européens : Megabeam Networks Ltd (Royaume-Uni), WLAN AG (Allemagne) et Aervik (Pays-Bas). Mais assure que le temps de la croissance externe est désormais terminé.


Propos recueillis par Philippe Guerrier le 06/06/2003


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JDN. Que pensez-vous de l'initiative de GIE Wi-Fi annoncé mardi par Orange, SFR et Bouygues Télécom ?
Paul-François Croisille. Tout ce qui permet de ne pas fragmenter les couvertures Wi-Fi va dans le bon sens. Nous prendrons le soin de regarder si cette initiative repose sur des bases constructives et si ce groupement sera effectivement ouvert aux autres opérateurs Wi-Fi, comme cela a été annoncé.

Jusqu'où Swisscom Eurospot compte pousser sa politique de croissance externe pour renforcer ses positions Wi-Fi en Europe ?
Notre maison-mère a lancé le Wi-Fi en Suisse il y a dix-huit mois. Le déploiement a été initié via sa filiale mobile (Swisscom Mobile). On recense 350 à 400 hotspots déployés par Swisscom sur son marché domestique avec un certain succès. D'où la volonté de généraliser le modèle à l'échelle européenne. Nous avons fait le tour des projets de croissance externe. Il n'y en a pas d'autres prévu. Nous misons désormais avant tout sur la croissance interne pour développer notre part de marché. En terme de cibles, nous voulons dépasser le millier de hotspots déployés en Europe, notamment sur des marchés importants comme le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Pays-bas. Actuellement, nous en avons 500 sur l'ensemble de l'Europe. En France, nous avons comme objectif de dépasser la centaine de hotspots opérationnels d'ici la fin de l'année. Nous en avons une quinzaine actuellement dans l'Hexagone (dont les Hotels Hilton de Roissy ou Strasbourg, voir notre Annuaire des hotspots, NDLR).

En mai, vous avez signé le premier accord de roaming avec un opérateur mobile (SFR). Comment comptez-vous développer ce types d'accords d'interopérabilité réseaux ?
L'accord a été conclu en quelques semaines avec SFR pour une durée illimitée. Il est symétrique : un client d'un premier réseau a accès au second réseau et vice-versa. L'objectif est de compléter la couverture via des accords de roaming pour suivre nos clients dans leurs déplacements. Swisscom tient à garder une position neutre dans le domaine du Wi-Fi. Nous sommes naturellement en discussion avec les deux autres opérateurs mobiles (Orange et Bouygues Télécom). Nous avons également conclu ce type d'accords avec d'autres opérateurs en Allemagne comme Gric Communications et iPass, qui sont des fournisseurs de connectivité internationale pour les réseaux d'accès Internet.

Comment Swisscom Eurospot peut tirer son épingle du jeu face à Orange qui annonce des méga-accords Wi-Fi avec le groupe Accor ou Air France ?
Ces deux décisions ont été prises dans une période où il y avait très peu d'acteurs en France qui étaient capables de rivaliser avec Orange. Il n'y a pas eu réellement de propositions d'offres concurrentes. Les grands groupes sont une partie du marché. Chacun trouvera sa place car il y aura encore beaucoup de sites à équiper en Wi-Fi. L'un des points-clés pour ce type d'accord est le timing. Il faut garder dans l'esprit que le démarrage du marché Wi-Fi est lent. Il est calé sur le rythme de progression de l'équipement Wi-Fi sur les nouveaux terminaux portables (PC, PDA...) et sur l'éducation du marché grand public. En Suisse, alors que nous avons déjà un certain historique (18 mois), les résultats restent modestes.

Dans ces conditions, comment parvenir à un retour sur investissement ?
Nous serons rigoureux sur les comptes et prudents dans les déploiements. Encore une fois, seuls les accords d'interopérablité entre opérateurs permettront de développer ce marché et de parvenir à une masse critique d'utilisateurs. Je vous rappelle que nos principales sources de revenus actuelles sont la vente de cartes-prépayées d'un côté et les reversements inhérents à l'utilisation de notre réseau par nos partenaires grossistes (comme SFR) de l'autre.

Etes-vous intéressé par les expérimentations Wi-Fi dans les collectivités locales ?
Nous n'avons pas investi ce segment de marché. Nous nous concentrons sur la cible des hommes d'affaires. A priori, ce ne sera pas un axe prioritaire de notre développement.

N'existe-il pas trop de prestataires et d'offres Wi-Fi par rapport à la demande ?
Le nombre d'acteurs est important. C'est peut-être un effet de loupe. Après l'effervescence actuelle, le marché ne vas pas tarder à se structurer. Les acteurs qui n'ont pas d'entrée une assise financière vont avoir beaucoup de mal à se positionner. Je pense que la crédibilité financière d'un prestataire est un paramètre important pour rassurer un prospect.

Disposez-vous d'un pack Wi-Fi à votre domicile ?
Non. Pour ne rien vous cacher, je n'ai pas encore de couverture DSL dans mon village (Villiers-Le-Morhier, en Eure-et-Loire). Après une lutte de longue haleine, je pense que nous allons prochainement obtenir satisfaction auprès de France Télécom dans le courant de l'été.

Quel est votre service Wi-Fi favori pendant vos déplacements ?
Le mail sans hésiter.

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Lorque que vous vous trouvez sur un hotspot, qu'est-ce qui vous irrite ?
Ne pas savoir où je peux acheter la carte pré-payée et ne pas connaître le périmètre de couverture Wi-Fi.


Paul-François Croisille, 38 ans, est diplômé de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications. Il est également titulaire d'un MBA de la Harvard Business School. Paul-Francois Croisille a commencé sa carrière chez France Télécom, où il a occupé pendant plus de 12 ans des postes de directions commerciale et marketing au sein de la branche Entreprises. Ensuite, il a pris les fonctions de la direction marketing de UNI2, une filiale de France Télécom basée à Madrid. Avant de prendre la direction générale de Swisscom Eurospot en France, Paul-François Croisille a occupé le poste de directeur de la division "bande passante" puis de la division "Voix" de l'opérateur alternatif LDCom.