JDNet.
Quel premier bilan global tirez-vous du lancement des services SMS
Plus ?
Richard Lalande.
Tout s'est passé très vite. L'ouverture du programme
a eu lieu en mai et les premiers services sont opérationnels
depuis fin juillet. Nous allons passer d'une période "test
and learn" à une phase plus industrielle. Les services
SMS Plus ont décollé en très peu de temps puisque
nous avons dépassé les 300 numéros courts à
cinq chiffres réservés. Une centaine de contrats éditeurs-opérateurs
mobiles ont été signés. Une cinquantaine de
services sont maintenant ouverts, dont une dizaine présentés
au grand public. Il reste maintenant à affiner les conditions
de services, les interfaces et les ergonomies. A la fin du mois
de septembre, nous avons annoncé avoir dépassé
le cap du million de SMS Plus.
Le
chiffre ne semble pas refléter la réalité.
Selon la newsletter DBG, TF1 avance 3 millions de SMS Plus en six
semaines pour "Qui veut gagner des millions". Comment
expliquer cet écart ?
Les statistiques de l'association sont issues
des services kiosques par SMS avec des numéros communs aux
trois opérateurs. Parallèlement, des services SMS
Plus sont apparus autour d'offres événementielles,
mais elles n'entrent pas encore dans les statistiques de notre association.
Par exemple, les votes sur numéro courts autour du Loft Story
II diffusé sur M6 au printemps ont préfiguré
le programme SMS Plus.
Pourquoi existe-il une différence de traitement entre les
grands médias qui souhaitent acquérir des numéros
SMS Plus pour accompagner leurs émissions phares et les autres
éditeurs ?
Je tiens à souligner
qu'il n'y a aucun traitement de faveur. Les conditions sont communes
à l'ensemble des acteurs. Elles sont transparentes et peuvent
être consultées à partir du site de l'association.
Pour l'instant, les services événementiels sont gérés
à part pour des raisons historiques et techniques : ce type
de programmes peut générer des afflux soudains de
SMS. Techniquement, nous devons être capables de gérer
cette montée en charge. Pour des raisons de sécurité,
nous avons préféré séparer les plateformes
de services permanents et ceux dédiés aux programmes
événementiels. Les kiosques SMS Plus de chaque opérateur
s'améliorent au fur et à mesure et la capacité
de nos interfaces augmente. Il est convenu que l'association intégre
petit à petit ces services événementiels.
A
l'origine, le système de réservation de numéro
court reposait sur la règle "un éditeur = un
numéro". Pour la session de septembre, vous avez décidé
d'en accorder quatre. C'est désormais généralisé
?
Petit à petit, on fait sauter les
gardes-fous mis en place au début car le système se
stabilise et nous pouvons libéraliser un peu la procédure.
A moyen terme, l'idée est de parvenir à distribuer
les numéros courts au fil de l'eau et non pas au coup par
coup avec un dossier clé en main comme c'est le cas actuellement.
En revanche, nous exigeons des éditeurs qu'ils ouvrent leurs
services SMS Plus dans un délai de trois mois après
l'attribution de leurs numéros courts. L'objectif est d'éviter
que des acteurs bloquent des numéros susceptibles d'intéresser
un voisin.
Comment
expliquez-vous que la plupart des éditeurs disposant d'un
service SMS Plus ont
choisi d'entrée le palier tarifaire le plus haut (0,35 euro)
?
Cette question est plutôt destinée
aux éditeurs. Il y a toujours un équilibre à
trouver entre le prix affiché et les marges générés.
De plus, 0,35 euro représente un palier bien connu des Français,
puisqu'il correspond à l'ancienne tarification en francs
à la minute du Minitel et de l'Audiotel.
Quelle
est la prochaine étape dans l'évolution de la grille
tarifaire ?
Les éditeurs souhaitent rapidement
la mise en place de nouveaux paliers plus hauts. Notre souci est
de ne pas casser la dynamique actuelle. Certains acteurs nous demandent
la mise en place de paliers supérieurs pour des services
de musique qui ne sont pas encore apparus sur le marché.
Cela peut poser des problèmes de définition de services
et d'éthique et nous devons y être attentifs compte
tenu de notre rôle de gardien. D'ici la fin de l'année,
nous devrions annoncer de nouveaux paliers, qui seront appliqués
en début d'année prochaine.
Au
sein de l'association, les opérateurs mobiles sont à
la fois arbitres et parties prenantes. Estimez-vous qu'une autorité
de régulation "neutre" devrait prendre la relève,
comme le fait l'ART dans le monde des télécoms ?
Non. La meilleure méthode est l'auto-régulation
dans un cadre juridique actuel français qui est très
complet. Il n'est pas nécessaire de créer de nouvels
instances : nous avons présenté nos activités
à l'ensemble des organismes de régulations (ART, Conseil
de la concurrence, DGCCRF, etc), et le Conseil supérieur
de la télématique (CST) veille à un certain
nombre de règles déontologiques. La semaine dernière,
à l'occasion d'une présentation du dispositif devant
le CST, les organisations familiales et de défenses des consommateurs
ont pu intervenir à ce sujet. On attend les suggestions.
Vous
êtes directeur général adjoint de Cegetel, et
donc représentant de SFR. En tant qu'opérateur, êtes-vous
satisfait du mode de répartition des revenus générés
par SMS Plus ?
Il a naturellement fait l'objet de négociations
commerciales pour trouver un consensus. Je vous rappelle toutefois
que les opérateurs ont aussi des frais : gestion clients,
facturation, recouvrement, prise en compte du prix du SMS de retour.
Dans
quelle mesure les services SMS Plus boostent-ils le trafic global
SMS de SFR ?
A la fin de l'année, il est clair
que le trafic SMS Plus pour chaque opérateur sera chiffré
en millions. Mais cela restera encore petit par rapport au milliard
de SMS que l'on escompte. Le trafic SMS Plus restera minoritaire
mais à valeur ajoutée. Partons sur le scénario
qu'un service honorable fasse 200.000 à 500.000 SMS par mois.
Si 100 ou 200 services marchent bien, on dépasse la barre
des 100 millions de SMS Plus par mois en vitesse de croisière.
Très raisonnablement, je pense qu'on arrivera au milliard
de SMS Plus envoyés par an.
SFR compte-il réserver des numéros courts SMS Plus
afin de les exploiter pour son propre compte ?
Nous proposons déjà ce type
de services à nos abonnés mais les numéros
sont à quatre chiffres et ils n'ont rien à voir avec
les SMS Plus. Chaque opérateur exploite ce type de services.
Quel serait l'intérêt à remplacer des éditeurs
spécialisés par nos propres services ?
Le
spam SMS fait beaucoup de bruit. Comment SFR compte-t-il s'en prémunir
?
Nous ferons notre possible pour l'éviter
car, en terme d'image de marque et de relations client, le spam
nous coûte plus qu'il nous rapporte. Pour les activités
SMS Plus, le Conseil supérieur de la télématique
oblige les opérateurs à utiliser un système
de numéros "alias" [NDLR : qui permet de cacher
les numéros de portables des abonnés dans la chaîne
de diffusion SMS].
Personnellement,
êtes-vous un consommateur de SMS?
J'en reçois quelques-uns mais j'ai
dépassé l'âge d'un "teen ager"! Je
consulte beaucoup ma boîte vocale. J'essaie de me comporter
comme un utilisateur grand public lambda et non comme un "early
adopter". J'ai besoin de trouver des services et des fonctionnalités
SMS pratiques.
Quel
est votre service SMS favori ?
Les cours de Bourse. Par les temps qui courent...
Je teste également le trafic route et la météo
en MMS, histoire de me tourner vers l'avenir.