Les
temps sont durs pour les "pure players" du Net
et Beenz.com n'y échappe pas. Cette monnaie virtuelle,
lancée fin 98 au
Royaume-Uni et présente dans 15 pays, a revu à
la baisse ses nouveaux projets d'implantation. En Allemagne,
le projet tombe à l'eau compte tenu de la concurrence
avec le programme de fidélisation clientèle
multi-enseigne Webmiles (détenu à 70% par
le groupe Bertelsmann). La Suède semble également
inabordable. Une restructuration interne a entraîné
le départ d'une trentaine de collaborateurs aux
Etats-Unis et d'une vingtaine au Royaume-Uni. Le
management international est également affecté
: en décembre 2000, Philippe Cothier, président
Europe de Beenz.com, a présenté sa démission.
En France,
la barre est également difficile à tenir.
Jacques Guerreau a pour mission de développer les
partenariats avec des acteurs français du Net.
Ildisposed'une équipe d'une douzaine de personnes
[Correction18/01/01: et non
un collaborateur comme précédemment écrit].
"La France est le marché le plus porteur mais
nous faisons attention. Il manque la maturation",
explique le représentant de Beenz.com. La branche
française revendique plus de 100.000 utilisateurs
de "beenz" (4 millions dans le monde) depuis
le début de ses activités. 60% d'entre seraient
actifs (ils auraient recours aux "beenz" au
moins une fois par mois). Une trentaine de partenariats
ont été signés avec des acteurs français
du Net, dont TicketClic (billetterie en ligne), LuckyVillage.com
(loterie), BeBloom (fleuriste)... 350 sites web auraient
conclu des accords avec Beenz.com dans le monde. Un accord
cadre aurait été signé avec le groupe
Pinault-Printemps-Redoute en juin 2000. Une entente qui
peut s'expliquer par le fait qu'Artemis,
la holding de tête du groupe, est actionnaire de
Beenz.com. Toutefois, les opérations concrètes
de promotion ne sont pas ouvertes avec les enseignes PPR
comme la Fnac ou La Redoute. Sur la nouvelle version du
portail Mageos.com (l'ex-service d'accès Internet
de PPR récemment revendu à 9 Telecom) ne
figure plus aucune trace de Beenz. Jacques Guerreau évoque
des retards d'alllumage dans la coopération. Mais
le problème pourrait se montrer plus complexe du
côté de Fnac.com, notamment pour des raisons
d'intégrations techniques des compteurs Beenz.
Dans
cet environnement plutôt difficile, les résultats
affichés peuvent surprendre : Jacques Guerreau
annonce un chiffre d'affaires de 7 millions de francs
pour Beenz France. La rentabilité doit être
atteint courant 2001. Et Beenz ferait des heureux parmi
ses partenaires. Ainsi, sur le magazine en ligne Technikart.com,
les internautes peuvent gagner 10 beenz en consultant
la page d'accueil. "Cette promotion nous ramène
1.000 visites par jour. Reste à savoir si ce n'est
pas artificiel", commente Thomas Coutheillas, directeur
de la publication du magazine.
Le déploiement global du concept Beenz ("acheter
des produits en beenz n'importe où sur Internet")
est confronté à la législation française.
Actuellement, l'internaute peut se constituer un porte-monnaie
virtuel de Beenz qu'il accumule en consultant soit un
site soit en achetant en ligne. L'adepte de Beenz peut
ensuite aller dépenser ses "beenz" dans
une galerie marchande prévue à cet effet.
Mais pour payer des achats en "beenz" directement
sur des sites marchands, la loi prévoit que la
société s'adosse à une institution
financière susceptible d'apporter des garanties
aux consommateurs finaux. C'est là un des grands
challenges de Beenz France pour 2001.
[Philippe Guerrier,
JDNet]