En
savoir plus
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"Les
Flingueurs du Net",
par Laurent Mauriac, Calmann-Lévy, 228
pages, 16 euros.
Trois
questions à... Laurent Mauriac
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Pour
l'installation du bureau parisien de Boo, un seul critère :
la rapidité. Un employé chargé de la logistique est
dépêché sur place. Il fait appel à une agence immobilière
et ne trouve rien de mieux, comme adresse, que la place
Vendôme, siège des grands bijoutiers parisiens. L'entreprise
est hébergée temporairement dans un centre d'affaires.
Les premiers employés arrivent début juin. Avec une
double mission : créer une version française du site
et faire connaître la marque en France. Dans chaque
pays (Grande-Bretagne, États-Unis, Suède, Allemagne,
etc.), on met sur pied une équipe rédactionnelle pour
réaliser Boom, un magazine en ligne qui complète la
partie commerciale du site avec des sujets sur les nouveaux
modes de vie, les sports urbains, la culture branchée.
Pour
coordonner le Boom français, Serge Papo fait appel à
un journaliste spécialisé dans la mode, Loïc Prigent,
qui a déjà travaillé pour Libération, le Nouvel Observateur,
Canal +. Arrive ensuite Sibylle Grandchamp qui, elle,
a passé plusieurs mois à Libé dans l'équipe du site
web. Ils sont une petite dizaine à rejoindre le bureau :
un responsable des finances, du marketing, des relations
publiques, deux graphistes, une rédactrice... Et à se
dire, comme Geneviève Gauckler, la graphiste : "Je veux
faire partie de l'aventure".
Savoir
faire l'éléphant
En juillet, ils font la connaissance des deux fondateurs
qui viennent passer deux jours à Paris. Pendant la journée,
Ernst Malmsten et Kajsa Leander rencontrent des journalistes
; ce n'est que le soir qu'ils retrouvent les employés
de la filiale française. Une grande table est retenue
au Man Ray, un restaurant chic près des Champs-Élysées,
où, ce soir-là, une fête est organisée en l'honneur
du rappeur américain Puff Daddy.
Arrivés
très en retard, les deux patrons s'attablent. Ernst
Malmsten commande une tournée de vodka-jus de pamplemousse.
Son cocktail préféré est devenu en quelque sorte la
boisson officielle de l'entreprise. Au point d'inspirer
les mots de passe informatiques pour accéder aux ordinateurs
: "vodkagrapefruit". Mais il ne suffit pas de siroter
tranquillement son breuvage. Il faut se prêter à un
petit jeu : se lever, boire son verre d'un seul trait,
se rasseoir tandis que son voisin se lève à son tour.
Une sorte de "ola" qui fait le tour de la table en moins
d'une minute montre en main. Les esprits se détendent.
Les
fondateurs sont de plus en plus bruyants. Ils se livrent
chacun à leur exercice de prédilection : Ernst Malmsten
fait l'éléphant et Kajsa Leander l'hélicoptère. Le premier
"tend son bras, le fait onduler, imite un éléphant en
train de barrir et avec l'autre bras, celui qui ne lui
sert pas de trompe, vide un verre", se souvient un participant.
Quant à Kajsa Leander, elle danse sur les tables en
faisant tournoyer son sac à main, un modèle Baguette
de chez Fendi, hors de prix, qu'elle se vantera le lendemain
d'avoir "bousill ".
Les
employés sont un peu surpris du comportement de leurs
patrons. "Tu sens tout de suite le côté outrancier,
l'immaturité ; tu te demandes comment on a pu mettre
autant d'argent dans les mains de ces gens-là", raconte
une employée du bureau français, reflétant le sentiment
général. Il faut ensuite se remettre de cette soirée.
Geneviève Gauckler se souvient : " Le lendemain, j'étais
dans un état second. Je me suis pointée au bureau en
milieu de matinée et je suis repartie tout de suite
chez moi. Malade. "
Gueules
de bois.com
Autre problème : le lendemain, les deux fondateurs ont
des rendez-vous prévus avec des journalistes tout au
long de la journée. C'est avec plusieurs heures de retard
qu'ils arriveront. "Ils étaient complètement déchirés,
complètement absents", raconte Serge Papo qui doit les
remplacer pendant la matinée.
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"Les
Flingueurs du Net",
par Laurent Mauriac, Calmann-Lévy, 228
pages, 16 euros.
Trois
questions à... Laurent Mauriac
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Quelques
jours plus tard, changement de décor. Ernst Malmsten
part pour New York faire la tournée des banques d'affaires
les plus prestigieuses. Credit Suisse First Boston,
Goldman Sachs, Morgan Stanley, trois des plus grands
noms, tentent de le convaincre qu'ils sont les mieux
placés pour conduire l'introduction en Bourse de Boo
sur le Nasdaq. La première estime la valeur de l'entreprise,
une fois cotée, à 690 millions de dollars. Pourtant,
l'entreprise n'a qu'un prototype du site à montrer,
et ne vend toujours rien. Malmsten a plus d'hésitation
que devant la boisson. Il se demande quelle banque choisir.
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