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 Rubrique / Bonnes feuilles - "Messier Story" (2/3)
Jeudi 7 novembre 2002
Un (méga)projet nommé Vizzavi
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"Messier Story",
par Pierre Briançon, Grasset, 413 pages, 19,90 euros.
Extrait (1/3) Comment Internet est venu à J2M
(3/3)
Les raisons d'un e-échec

Interview Pierre Briançon

Dossier JDNet Vivendi Universal : l'heure des cessions

"Les mois passent, les échecs s'accumulent, et Vivendi ne parvient toujours pas à émerger comme un grand nom de la "nouvelle économie". Il faut un concept à Jean-Marie Messier, qui n'en finit pas d'éponger les idées des stratèges et consultants qui l'alimentent. L'imitation, l'importation, l'incantation n'ont pas suffi : les marchés financiers ont du mal à considérer Vivendi comme une valeur Internet. Pendant l'été 1999, sous l'impulsion notamment d'Alex Berger, un proche collaborateur de Pierre Lescure à Canal Plus, une idée prend forme : celle d'un grand "portail" universel et "multi-accès", où individus ou entreprises auraient accès à l'information et aux services personnalisés sur tout support - ordinateur individuel, téléphone portable ou télévision interactive. Le nom de code du projet : "moi.com".

Il sera piloté en coproduction par Canal Plus et par Vivendi, son actionnaire à 49 %. De longues discussions ont lieu sur la constitution et la répartition du capital de la structure, qui sera chargée du portail et a vocation à rassembler dans la foulée toutes les activités Internet du groupe : les équipes de Canal Plus insistent sur une répartition à 50-50 en apportant en dot sa filiale Internet Canal Numedia (dont l'activité essentielle est de gérer les sites-vitrines de la chaîne), alors que du côté de Cegetel, on renâcle à accorder à la filiale une responsabilité égale à celle de la maison mère. Messier, après réflexion, et surtout soucieux d'aller vite, tranche en faveur de la parité. La structure commune doit s'appeller "Vivendi Plus". Elle sera dirigée par un tandem de directeurs : Alex Berger pour Canal, et Frank Boulben, un jeune polytechnicien de l'équipe de Germond, pour Vivendi. Des débats sérieux auront lieu autour du thème : faut-il accorder aux deux jeunes gens les stock-options qu'ils réclament ? Puisque, à terme, c'est bien l'introduction en Bourse de Vivendi Plus qui est prévue, Berger et Boulben veulent être traités comme des dirigeants de start-up. Mais comme ils ne dirigent que la filiale commune de deux groupes qui leur apportent leurs actifs, certains trouvent curieux de leur accorder des stock-options (tout le monde pense alors que le mot est synonyme d'"enrichissement massif") alors que les salariés qui restent à Canal ou à Cegetel n'en auraient pas. La question sera remise à plus tard. Elle deviendra sans objet après le limogeage de Berger et l'effondrement des valeurs Internet.

la multiplication des conseillers
Messier, fidèle à ses principes d'une gestion informelle, multiplie les conseillers sur le sujet. Agnès Audier, une normalienne, ingénieur des Mines et ancienne directrice de cabinet du ministre des PME sous le gouvernement Juppé (un certain Jean-Pierre Raffarin...) devient un temps "directrice du développement" de Vivendi, et comme telle chargée de la stratégie Internet. Le PDG embauche aussi Cécile Moulard, une des premières expertes de la publicité en ligne en France (la pub est à l'époque le moteur économique principal d'un Internet gratuit), qui ira évangéliser les dirigeants des filiales par ces présentations dites "Power point" (du nom du logiciel de Microsoft qui permet de les créer) sans lesquelles il n'est pas de management moderne. Messier l'a embauchée, alors qu'elle semblait réticente, au cours d'un dîner où il lui a lancé : "I want you", formule sans doute conçue pour souligner qu'il menait bien là une opération de séduction volontariste. Elle restera à peine un an chez Vivendi, qu'elle quittera après s'être un peu perdue dans les méandres très politiques de la gestion Messier, et l'opacité de sa "Net-politique".

L'été et l'automne 1999 sont ceux de la fébrilité désordonnée. Il a été décidé que Vivendi et Canal Plus lanceront leur activité Internet à parité. Pour Messier, c'est aussi déjà un moyen de ramener un peu Canal dans la maison Vivendi. Sur le fond, le groupe n'a rien à proposer hormis un accès Internet débouchant sur un portail où l'on viendra se distraire, s'informer, consommer et acheter. Rien d'autre, en somme, que ce qui est déjà proposé sur le Net. Messier accorde une attention toute particulière à la mise en forme de la présentation du projet : il écrit lui-même la thématique des "slides" qui doivent être projetées en septembre à l'occasion d'une conférence de presse. Il s'agit ni plus ni moins pour Vivendi et Canal de "créer ensemble l'Internet de demain".

(...) Dans les premiers mois de l'an 2000, Vivendi est au cœur de la bataille qui oppose deux grands du téléphone européen : le britannique Vodafone et l'allemand Mannesman. Moment décisif de l'histoire de Vivendi. Dans les premiers temps, Messier penche pour une alliance avec l'allemand, qui permettrait à celui-ci de résister à l'OPA qu'a lancée contre lui Chris Gent, le PDG de Vodafone. Au dernier moment, il ralliera en fait le camp de Vodafone. Et l'un des éléments de ce revirement a été le fait que Gent a accepté de financer avec Vivendi le "MAP" - initiales anglaises de portail à accès multiples -, qui prendra quelques mois plus tard le nom de Vizzavi. Le 31 janvier, lundi suivant l'annonce de l'alliance entre les deux "V" sur le Net, le titre Vivendi augmente de 5 % à 105 euros, dans un marché par ailleurs déprimé. (...)

"battre tous les Yahoo ! du monde"
L'accord sur le MAP est le coup de pied dans la fourmilière. Il faut dire que les ambitions sont vastes. Messier le répète de conférence de presse en interview : avec le MAP, il va "battre tous les Yahoo ! du monde". Le portail "multi-accès" va montrer à tout le monde que "le contenu est roi" à l'heure où, aux Etats-Unis, AOL a annoncé le rachat de Time Warner. Au sein du groupe, s'organise aussitôt la mise en forme d'initiatives pour lesquelles on ne regarde pas à la dépense. Le groupe de presse de la filiale Havas est prié d'apporter ses contributions. On lancera donc un portail d'informations financières, Square Finance, avec le journal boursier La Vie financière. Un portail d'informations technologiques avec 01 Informatique, un portail médical avec Le Quotidien du médecin, un portail de recrutement avec Cadres Online... et ainsi de suite... Et tous ces "contenus" auront vocation à aller alimenter le MAP, qui trouvera après quelques semaines son nom définitif de Vizzavi.

L'argent coule. Dans le groupe, tout doit être développé pour augmenter "l'offre", comme on dit, du MAP. La filiale de Vivendi et de Canal, VivendiNet, annonce que les deux maisons mères ont décidé de lui consacrer 2 milliards d'euros sur quatre ans. Pour le nouveau portail, tout est flou, mais qu'importe ? La Bourse et la presse avalent sans réagir toutes les déclarations. Les "70 millions d'abonnés" deviennent 80 à l'été, et bientôt 100 à l'automne. Peu importe que des notes d'analystes financiers aient décortiqué ce chiffre : les abonnés ont été comptés plusieurs fois (un abonné à Canal Plus qui a un mobile SFR compte pour deux), tous les abonnés de filiales où Vodafone ou Vivendi ne détiennent que des minorités ont été comptabilisés, bref, même "potentiellement", le nombre d'abonnés sur lesquels peut compter Vizzavi ne dépasse pas 25 millions. Ce seul chiffre est d'ailleurs suffisamment impressionnant en lui-même, mais peu importe : les médias continueront pendant plusieurs mois de parler de 70, ou 80, ou 100 millions... Magie des chiffres, talent du prestidigitateur qui les commente avec assurance, et qui voit son cours de Bourse grimper toujours un peu plus, chaque fois qu'il évoque son portail. C'est à 20 milliards d'euros, au printemps 2000, que les analystes estiment la "valorisation" de Vizzavi - qui a évidemment vocation à s'introduire un jour en Bourse. Nasdaq, Londres ou Paris ? On hésite encore...

 

En savoir plus

"Messier Story",
par Pierre Briançon, Grasset, 413 pages, 19,90 euros.
Extrait (1/3) Comment Internet est venu à J2M
(3/3)
Les raisons d'un e-échec

Avec Vizzavi, Messier a enfin trouvé le cadre et le véhicule de sa stratégie Internet, la pierre philosophale qui transforme son groupe en une entreprise de la nouvelle économie. L'enthousiasme, dès lors, se déchaîne à VivendiNet, et les divisions du groupe sont priées de se convertir au Net. L'encre est à peine sèche de l'accord avec Vodafone qu'on annonce avec toute la pompe nécessaire un accord de Vivendi avec Peugeot pour le développement d'un portail... mobile, évidemment, destiné à fournir des informations aux automobilistes."

© Editions Grasset
* : les sous-titres sont de la rédaction
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