L'obésité, qui touche une personne sur deux aux Etats-Unis, est un créneau en plein essor pour les labos. Genelex, une entreprise américaine propose ainsi des "analyses diététiques ADN", et donne des conseils personnalisés en fonction des résultats. Payez les 645 dollars (537 euros) pour recevoir un kit de prélèvement (deux cotons-tiges et un mode d'emploi), renvoyez le tout à l'adresse indiquée, et 5 jours plus tard vous recevez un plan d'action pour un régime diététique "en harmonie avec votre profil génétique".
L'ADN, argument commercial pour régimes bidons
L'entreprise Sciona s'est elle aussi spécialisée sur la nutrition : à partir de l'analyse de 19 gènes et d'un questionnaire sur votre mode de vie, elle prévoit votre tendance au cholestérol, à l'hypertension, votre capacité à stocker les graisses ou à détruire les radicaux libres. Et selon elle, tout le monde est concerné : 70% des gens auraient une variation défectueuse du gène VDR, qui régule le calcium et la vitamine D dans l'organisme, et 47% pour le gène MS_MTRR, celui régulant la vitamine B12.
Révolutionnaire ? Après avoir payé 99 dollars pour le test, vous recevez chez vous un petit livre avec vos résultats et des conseils comme celui de faire de l'exercice, de manger du poisson et d'avaler des comprimés de vitamine. Les médecins se trouvent eux-mêmes souvent impliqués dans ce genre de business, en prescrivant des tests à leurs patients.
Ce genre de test est pourtant interdit aux Etats-Unis, mais sur le site tout est entièrement anonyme : un e-mail et le numéro de votre carte bancaire suffisent.
Des déclinaisons à l'infini
Genelex propose aussi des tests de "réaction aux médicaments", autorisés ceux-là. L'analyse de quelques gènes vous indiquera si vous êtes bien réceptif au Prozac ou si il vous faut une dose supplémentaire d' Effexor (un antidépresseur), un petit test ADN. Le site de GeneLink vend lui un test, sensé calculer le vieillissement cutané. En fonction de votre profil, la firme vous recommandera tel ou tel type de crème anti-rides, de micro-nutriments dont votre peau a besoin, etc.. Evidemment, tous les produits conseillés sont vendus par le même site.
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La nouvelle méthode à la mode à Londres pour arrêter de fumer : le test ADN. Pour cela, commandez un kit de prélèvement sur Internet, déposez une goutte de sang sur un papier buvard, remplissez un questionnaire sur vos habitudes de vie, et renvoyez le tout. Pour 137 euros, vous allez savoir comment votre gène DRD2 affecte votre réaction à la nicotine, et recevoir un "programme d'aide" personnalisé avec votre taux de dépendance, votre résistance au stress
Bref, un argument marketing de plus pour nous vendre une bonne vieille méthode. |
Des recherches orientées ?
Les tests ADN, même chers, apparaissent comme une caution scientifique pour bon nombre de personnes. Ne lit-on pas chaque jour dans les revues scientifiques les plus sérieuses la découverte du gène de l'obésité, de celui du diabète, et même de la schizophrénie, de l'anorexie ou du mensonge ?
Tant qu'on travaille sur des maladies graves, tout va bien. En mai dernier, InterGraGen a par exemple annoncé qu'elle avait repéré sur 12 gènes des mutations liées à l'autisme. Elle devrait mettre au point un test d'aide au diagnostic dès l'année prochaine, un immense espoir pour les familles touchées.
Mais IntegraGen réalise donc aussi des analyses génétiques pour identifier de nouveaux gènes et nouvelles cibles thérapeutiques associés à cette pathologie. Objectif : un test de prédisposition et un "ajustement" des traitements.
Quant aux sites Internet, ils mettent en avant le droit à l'information. Genelex affirme ainsi que connaître ses éventuelles prédispositions à une maladie peut nous pousser à changer notre mode de vie. Ou à vider notre portefeuille...
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