06/12/2001
Banques
: Internet, un canal de communication comme les autres
Internet
a-t-il fondamentalement modifié les relations qu'entretiennent
les particuliers avec leur banque ? Oui, si l'on envisage
les nouveaux services que ce moyen de communication
sans précédent permet d'offrir. Un exemple tout récent
: celui de Click Options, lancé par une filiale de la
Société Générale, qui s'apparente plus au domaine des
paris qu'à des produits financiers. En effet, le client
doit formuler des hypothèses liées au monde de la finance.
Si l'événement déterminé se réalise, il gagne 100 euros.
En pratique, cela débouche sur le scénario suivant :
si vous pensez que France Télécom clôturera au-dessus
de 65 euros à la fin de la semaine, vous vous procurez
chez Click Options le produit correspondant à cette
hypothèse. Si vous avez raison, vous gagnez 100 euros,
sinon vous perdez votre mise, soit quelques dizaines
d'euros. Ça ne vous rappelle rien ? Mais si bien sûr,
le tirage du Loto, le mercredi soir
Sauf qu'ici les
résultats sont fournis par la Bourse elle-même: les
résultats devraient donc être moins aléatoires.
Internet
supplante le téléphone
Quoi qu'il en soit, de l'aveu même de ses responsables,
Click Options n'aurait jamais vu le jour sans Internet.
Soit. Mais est-il de nature à satisfaire les millions
de clients des grandes banques à réseaux qui attendent
qu'Internet fasse son entrée dans leur agence ? Certes
non. Ceux-ci devront patienter, même si les études,
apparemment bien renseignées, montrent aux responsables
de ces banques qu'Internet est vraiment le moyen de
communication désiré, attendu, plébiscité. En effet,
selon une récente étude de Novamétrie, pour un européen
sur deux, Internet arrive désormais, en tête des moyens
de communiquer et de traiter des opérations avec les
banques. Il a désormais supplanté le téléphone. Les
banquiers ont-ils entendu le message ? Certes oui: tous
ont offert la possibilité d'effectuer des opérations
courantes sur ses comptes à travers le réseau, moyennant
dans la plupart des cas la paiement d'un abonnement.
Ces services rencontrent un succès grandissant. Ainsi,
le groupe Société générale comptait près de 350 000
utilisateurs effectifs pour le mois de février 2001
pour ses sites de banque en ligne Logitel Net et Credit-du-Nord.fr.
Et le nombre de connexions a triplé en un an. Mais au
delà de ces vitrines technologiques que l'on retrouve
à la BNP, au Crédit lyonnais, etc., qu'il a bien fallu
ouvrir sous la pression des multiples initiatives d'établissements
financiers virtuels éclos depuis dix-huit mois, Internet
n'est pas vraiment présent dans les agences.
Une
grande réforme des procédures en perspective
Pouvez-vous communiquer par mail avec votre agence ?
La réponse est non dans la majorité des cas. Pour raisons
de sécurité, invoquent les responsables de ces établissements.
Pour raisons budgétaires, pourrait-on ajouter. En effet,
l'interaction de la clientèle via Internet fait désormais
partie d'un projet plus vaste : celui de la refonte
complète du poste de travail utilisé dans les agences.
Et là, il n'est plus seulement question d'ouvrir un
site Web transactionnel ou une agence virtuelle comme
au Crédit Lyonnais. Non, il s'agit de modifier les procédures
et les équipements de centaines de milliers de collaborateurs.
Réforme lourde puisque ces nouveaux postes multicanaux
devront prendre en compte la télévision interactive,
le porte-monnaie électronique, le téléphone mobile,
le guichet automatique, le minitel toujours fidèle
au poste dans l'Hexagone et l'Internet bancaire.
Pour que le dispositif soit efficace, il faudra de plus
que les chargés de clientèle ait accès à des données
homogènes et constamment à jour sur leurs clients. Un
objectif impossible à atteindre sans mettre en place
des entrepôts de données dignes de ce nom. Bref, le
genre de projet dont la durée de vie se compte en années
et le budget en milliards de francs. A noter que la
technologie ne sera certainement pas ce qui sera le
plus difficile à mettre en place mais la réforme des
méthodes de travail de tous les collaborateurs de la
Banque risque d'être délicate. A l'occasion de cette
grande réforme de procédures, quelques organigrammes
hiérarchiques risquent fort d'être aplatis. Et si cela
améliorait la relation avec le client ?
|