26/06/01
Loft
Story: les (e-) coulisses de l'émission
Une
audience Web d'une ampleur jamais connue. Tel a été le
principal enjeu du site de Loft Story. Livré au départ
par la société de production ASP, le site est ensuite
repris par M6Net,
qui se charge de la mise en place de l'infrastructure
de diffusion et de la gestion quotidienne. "Cette distribution
des rôles est classique en télévision", précise Alain
Fortune, directeur technique du site, en la comparant
au processus de création du programme lui-même : "l'émission
a été créée par la société d'Arthur, puis diffusée par
M6".
Une
préparation en catastrophe
S'appuyant
sur PHP/MySQL/Linux, le site lui-même gère la diffusion
des données vidéo grâce à un serveur RealMedia. "C'est
l'architecture qui nous a été livrée par la société Stream-power
un mois avant le lancement", souligne Alain Fortune. Tout
en insistant sur le caractère extrêmement court du délai,
il confie : "nous n'avions aucune marge de manuvre
par rapport à ce produit de base." Dans ce contexte, la
filiale Internet de la chaîne choisit comme hébergeur
son prestataire historique dans ce domaine. A savoir :
la SSII française Atos.
Côté diffusion, un appel d'offre est lancé en direction
de différents opérateurs proposant des plates-formes dédiées.
Et c'est finalement Akamaï
qui sera sélectionné. "Il s'agit de la technologie la
plus à même d'évoluer et d'absorber de grosses montées
en charge", précise Alain Fortune. "Sans compter qu'elle
demeure la seule à offrir 3 Giga de bande passante".
Les
résultats de Big Brother comme référence
"Nous
pensions pouvoir nous appuyer sans problème sur les résultats
du site de l'émission Big Brother, diffusée sur RTL. Celui-ci
affichait 2 millions de pages vues par jour", poursuit
Alain Fortune. Puis, il précise : "compte tenu du taux
de pénétration d'Internet en Allemagne, nous misions sur
1/3 d'audience en moins". C'est donc sur une prévision
de 1,7 million de pages vues quotidiennes que M6Net base
sa phase de tests post-lancement qui a lieu dans la semaine
précédent la première émission... sur une version bêta
presque vide de tout contenu. "Quant à l'édition
finale, elle était prête seulement la veille", confie
Alain Fortune.
Etat
d'urgence
Le
soir de la première émission, il est impossible d'accéder
à la page d'accueil. Le site est complément saturé. "Lors
de l'émission du jeudi suivant, nous avons relevé 500
000 adresses IP en une minute", indique Alain Fortune
afin d'évaluer à quelle montée en charge le site avait
du faire face
"Les équipes d'Atos ont été très réactives".
La SSII n'y va de main morte : 3 clusters frontaux sont
ajoutés à la plate-forme de base dans les heures qui suivent.
L'architecture passe ainsi de 3 à près de 40 serveurs.
C'est précisément à ce moment que le site est piraté :
la page d'accueil est remplacée par un texte annonçant
la fin de Loft Story. "Tout c'est passé très vite", raconte
le directeur technique. "Dans l'urgence, Atos n'avait
pas eu le temps d'optimiser la sécurité sur les serveurs
supplémentaires". Ce sera chose faite quelques jours après,
grâce à un travail de fin réglage. La semaine suivante,
le nombre de serveurs est réduit à 20.
L'optimisation
des serveurs d'Akamaï
Pour
améliorer la gestion de la montée en charge, M6Net décide
ensuite de répliquer entièrement le contenu du site sur
les serveurs d'Akamaï. "Dès le départ, nous
utilisions la solution EdgeSuite de l'opérateur", précise
Alain Fortune. Une technologie qui se charge de répliquer
le contenu du site Loft Story sur près de 3000 serveurs
dans le monde, en créant des URL parallèles (ou ARL).
Objectif : le rapprocher de l'internaute final et mieux
répartir la montée en charge. Parmi ses principaux avantages,
cette technique gère de manière relativement optimisée
les temps de rafraîchissement propres aux pages PHP. "L'opération
de réplication compléte a pris du temps car nous
devions effectuer certaines adaptations, relatives notamment
à la gestion des cookies", indique le porte-parole.
Des
résultats aux rendez-vous
"Nous
en avons profiter pour passer tous les sites de M6Net
sous ce système", confie Alain Fortune. "Nous constatons
aujourd'hui qu'il contribue à diviser le temps
de buffering (mise en mémoire tampon d'une séquence vidéo
lors de sa diffusion en temps réel) par deux. Lorsqu'on
lui fait remarquer que des adresses ARL de séquences vidéo
'abonnés' sont distribuées par certains internautes, Alain
Fortune reste ferme : "le système d'Akamaï a été doublé
d'une séquence d'URL pour interdire l'accès direct à ces
adresses. Mais, la sécurité absolue n'existe pas. Et mieux
vaut être plagié que piraté."
Après les pics d'audience des premières semaines - atteignant
près de 10 millions de pages vues et plus de 20 000
stream simultanés certains jours, le site affiche un rythme
de croisière de 2 à 3 millions de pages vues quotidiennes.
Et la qualité d'accès semble au rendez-vous : en mai M6Net
affiche un taux de disponibilité de 99,5 % (chiffre fourni
par l'agence Qualiope).
Le temps moyen d'affichage de l'interface d'accueil se
porte en revanche à 15 secondes, une lenteur due
vraisemblablement au poids de la page.
WAP
et SMS
Côté statistique d'audience,
le site s'appuie sur audientia,
et sur les outils d'Akamaï. Pour la mesure de la performance
, c'est Smart
Ping qui est utilisé. Cette technologie effectue des
bilans de performance par fournisseurs d'accès, tout en
contrôlant les durées de buffering. Pour assurer la diffusion
Wap, Atos s'appuie sur sa plate-forme. La SSII est également
chargée de gérer la réception des bulletins de
votes et la diffusion des résultats. "La société
a l'expérience des Miss France", indique Alain Fortune.
"En amont, le système de vote par SMS a nécessité un partenariat
entre les grands opérateurs de téléphonie mobile français
pour définir un format de fichiers commun."
Au final, il semble que le projet soit bénéficiaire. Mais
sans plus. "C'est une opération sur laquelle nous serons
à l'équilibre", conclut Alain Fortune.
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