07/02/2001
Procès
Microsoft: qu'en retenir ?
Sept
ans de procédures, c'est long et forcément
compliqué. Surtout quand, au final , chaque camp
se déclare victorieux comme c'est le cas dans
le procès Microsoft. Microsoft a-t-il donc gagné
ou perdu ? Est-ce vraiment la fin de la procédure
? Réponses.
Au fait, qui attaque Microsoft
?
Il semble assez sain de commencer par là. En
mai 1998, deux types d'acteurs déposent une plainte
contre l'éditeur. Le gouvernement fédéral,
à travers le département de la Justice,
et 20 Etats américains - l'un s'est ensuite retiré.
Que reproche-t-on à
l'éditeur ?
Au cours de la procédure, trois chefs d'accusation
ont été formalisés. Microsoft
se voit ainsi accusé :
- d'avoir usé de pratiques anti-concurrentielles
pour s'imposer sur le marché des systèmes
d'exploitation
- d'avoir usé de son monopole sur ce marché
des systèmes d'exploitation pour s'imposer sur
celui des logiciels de navigation sur Internet
- d'avoir illégalement associé son système
d'exploitation Windows à son navigateur Web.
On le voit, les deux derniers griefs sont intimement
liés. Le premier concerne notamment les pratiques
commerciales de Microsoft à l'égard des
constructeurs informatiques. Au cours de la procédure,
le gouvernement et les Etats, au regard de ces griefs,
se sont prononcés en faveur d'un démantèlement
de l'éditeur. Une proposition entérinée
en juin 2000 par un juge. Sans surprise, Microsoft fait
appel.
Comment comprendre la décision
de la Cour d'appel?
Sur les trois griefs cités plus haut, la Cour
d'appel n'en a retenu qu'un. A savoir, l'usage de pratiques
anti-concurrentielles pour s'imposer sur le marché
des systèmes d'exploitation. Assez logiquement,
elle a en même temps cassé la décision
de démantèlement prononcée en première
instance. D'où le lyrisme de Bill Gates qui voit
s'éloigner "le nuage noir du démantèlement
qui planait sur la société".
Toutefois, le maintien du premier grief donne aux aux
adversaires de Microsoft - notamment à l'association
Procomp soutenue par l'ancien procureur Kenneth Star
- une base de travail pour déposer de nouvelles
plaintes.
Et maintenant ?
Le
dossier étant renvoyé en premier instance,
un nouveau juge va examiner les sanctions éventuelles
au regard du seul grief retenu. Un accord à l'amiable
est aussi possible entre Microsoft et le gouvernement,
tous deux probablement soucieux de mettre un terme à
une coûteuse procédure. Dans ce cas de
figure, une partie des Etats pourraient toutefois choisir
de poursuivre l'offensive, notamment en ajoutant au
dossier de nouvelles pièces concernant par exemple
Windows XP. Deux Etats ont d'ailleurs d'ores et déjà
clairement fait savoir qu'ils agiraient ainsi en cas
d'accord amiable entre Microsoft et le gouvernement.
Une menace que l'éditeur prend manifestement
très au sérieux...
Il y a deux jours, Microsoft a ainsi abandonné
l'idée d'intégrer les "Smart Tags"
dans Windows XP, la future version du système
d'exploitation attendue pour le mois d'octobre. Ces
"balises intelligentes", déjà
présentes dans Office XP et Internet Explorer
6.0, permettent à Microsoft d'associer par défaut
et automatiquement des mots à des liens. Par
exemple pour que la saisie par l'utilisateur dans n'importe
quelle application du mot "informatique" renvoie
vers JDNet Solutions ;-) On imagine le champ des applications...
Bref, pour le moment, Microsoft temporise en enlevant
cette fonction de son système et en pronant la
discussion autour d'une table. Histoire de ne pas discuter
sept ans durant depuis le banc des accusés.
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