19/07/01
Microsoft
déleste Windows XP de Java
La nouvelle annonce de Microsoft
diffusée mardi par l'agence américaine Associated
Press et reprise dans la nuit de mercredi par le site
du Wall Street
Journal devrait laisser pantois quelque 2,5 millions
de développeurs Java recensés dans le monde.
Quant aux millions d'internautes naviguant sur le web
à partir d'un système d'exploitation Windows
XP, ils devront télécharger la machine virtuelle
Java sur le site de l'éditeur, selon son porte-parole
Tom Pilla cité dans la dépêche
(reprise mercredi par CNet). Cette opération leur
sera indispensable pour pouvoir accéder au grand
nombre de services évolués qu'ils utilisaient
jusque-là, comme les cours de la bourse, de nombreux
jeux en ligne ou même la météo animée.
Depuis la première publication, la plupart des
médias se sont emparés de la nouvelle.
Dans
les faits, l'accès aux technologies Java sera placé
en sécurité haute à l'intérieure
de la future version commerciale de Windows, dont la version
finale officielle est prévue en octobre. Ni le
navigateur web Explorer, ni la messagerie Outlook ne disposeront
de la machine virtuelle nécessaire à l'interprétation
des applets, les petits programmes Java éxécutés
en mémoire sur le poste client. Avant qu'elle ne
soit reprise par l'AP qui cite bel et bien un porte parole
de Microsoft, l'information a d'abord été
diffusée de manière légèrement
tronquée - aucune indication sur un téléchargement
possible de la machine virtuelle - par l'association
Possie
(People for Open, Safe and Secure Internet and Email).
Or, le nom de domaine de celle-ci a été
déposé par un collaborateur d'une agence
de relations presse dont les clients du secteur des nouvelles
technologies intègrent des concurrents de Microsoft
sur certains domaines. Ce qui pourrait éventuellement
suggérer un coup bas.
Java
moins risqué que les technologies de Microsoft
Dans tous les cas de figure, prétexter le fait
que la technologie Java n'est pas suffisamment sécurisée
paraît plutôt un argument de mauvaise foi.
En effet, les applets sont éxécutés
par la machine virtuelle, chargée de les interpréter
dans n'importe quel système d'exploitation qui
en est doté, à l'intérieur d'une
zone sécurisée de la mémoire appelée
"sandbox". Or, il a bel et bien existé
au minimum deux failles dans cette technologie, qui ont
été découvertes... en 1997. Depuis,
celles-ci ont été corrigées, ce qui
rend les technologies Java parmi les plus sûres
au monde.
Pour nous en assurer, nous avons essayé des mots
clefs dans le moteur de recherche du site Antivirus.com
de l'éditeur Trend
Micro, qui répertorie la plupart des failles
déjà exploitées par les auteurs de
codes malicieux. Une requête sur "Java"
affiche l'existence de 55 de ces virus ou chevaux
de Troie, presque tous découverts en 1996 et 1997.
Quoi qu'il en soit, aucun n'est d'existence récente.
Au sujet des scripts .JS (la technologie JavaScript de
Netscape) et .VBS (fichiers Visual Basic de Microsoft),
le moteur compte 63 et 490 codes malicieux respectifs
dont la plupart sont récents. Mais ceux-ci seront
bloqués en amont par la messagerie Outlook (lire
article
JDNet Solutions du 31/05/2001). Ce qui ne sera pas
le cas des documents Office qui peuvent contenir des macros.
Or, une simple recherche sur W97 (Word 97) donne
déjà 1 927 réponses. Pire :
sur les 10 principales menaces actuelles, 6 se
présentent sous la forme de fichiers .VBS et de
macros Microsoft.
Des raisons purement concurrentielles
vis-à-vis de Sun
La sécurité
n'est donc visiblement ici qu'un prétexte mis en
exergue par une association obscure (Possie). Car l'inventeur
des technologies Java n'est autre que Sun.
Et ce dernier est surtout l'un des deux plus grands concurrents
de Microsoft avec Oracle. Or, au début de l'année,
la firme de Redmond a justement conclu un accord avec
celle de Palo Alto, visant à conclure trois ans
de poursuites judiciaires engagées par cette dernière
sur l'implémentation incorrecte de Java dans Windows.
Selon les termes de l'accord, Microsoft ne reprend pas
de nouvelles licences de Java mais peut continuer à
exploiter les versions anciennes durant les 7 prochaines
années. Du reste, l'éditeur dispose maintenant
de tout l'arsenal pour contrer Sun avec ses propres technologies
.Net, qui englobent les composants Com/DCom face aux
EJB, le langage C# pour créer des objets concurrents
à Java, et les web services autour de XML et Soap.
Contactée par nos soins, l'agence de relations
presse de Microsoft n'a pas répondu à notre
demande d'interlocuteur en urgence. Quant à Sun,
ils préfèrent ne pas intervenir sur la politique
du principal concurrent. Mais le site satellite Java.sun.com
reprend tout de même le communiqué
de BusinessWire sur le sujet. Et plus que jamais,
l'inventeur de Java reste le grand concurrent de Microsoft.
Avec sa suite bureautique StarOffice qui suscite de plus
en plus l'engouement par sa gratuité. Mais aussi
par son partenariat avec Netscape,
éditeur du navigateur concurrent d'Explorer, dans
l'alliance IPlanet.
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