14/09/01
Enition
prépare la "monétisation" du Réseau
Dans
un climat de défiance pour Internet et le capital-risque,
la société française Enition
vient de réussir un joli coup. La start-up qui édite
la solution de paiement Net Toll vient en effet de boucler
un tour de table de 16,5 millions d'euros auprès des
grands noms de l'industrie du capital-risque et de la
technologie. Reuters, Cisco, le fonds d'investissements
Galileo qui avaient déjà apporté près de 25 millions
de francs l'an dernier à la société, ont été rejoints
par Softbank Europe et Nokia pour ce nouveau financement.
Bien armé en fonds propres et dotés de puissants investisseurs,
Enition va ainsi pouvoir continuer ses investissements
en recherche et développement pour sa solution de paiement
qui n'est toujours pas opérationnelle. Le mot capital-risque
n'est d'ailleurs pas usurpé dans le cas cette start-up
car c'est un vrai pari qu'ont tenté les investisseurs.
Avec toutes les réserves d'usage, l'équipe d'Enition
détiendrait en effet un dispositif de paiement universel.
Un procédé qui n'imposerait aucune contrainte à l'utilisateur
(oublié le lecteur de cartes à puce ou le téléchargement
d'un logiciel spécifique) et offrirait toutes les garanties
aux fournisseurs de contenus et de services. Sur le
papier, l'infrastructure que propose Enition semble
d'ailleurs répondre à ces deux critères. Pour une raison
assez simple à saisir: là où d'autres déploient des
trésors d'ingéniosité pour établir des connexions sécurisées
entre le trio consommateur-marchand-banque en recourant
aux technologies du Web, Enition préfère jouer les intermédiaires
entre les fournisseurs de services et... les opérateurs.
"Notre solution s'appuie sur deux piliers techniques,
explique Stéphane Girard, responsable de l'architecture.
Primo un système de jetons véhiculés
en temps réel via IP entre fournisseurs de services
et opérateurs. Secundo, un système de
back office qui, en quelque sorte, tient les comptes
des jetons échangés et permet à
chacune des deux parties d'avoir les mêmes informations
en même temps." Gros intérêt
du dispositif: sa granularité. Les jetons sont
en effet véhiculés directement via le
protocole IP (couche 3) et les protocoles TCP ou UDP
(couche 4) sont utilisés pour les mesures (durée
d'une session par exemple).
Avec ce système, un fournisseur a la possibilité
de dédier des ports de son serveur à différents
niveaux de tarification. Par exemple, le port
8001 pour facturer 5 jetons les 100 ko ou encore le
port 8002 pour facturer 10 jetons les cinq minutes de
consultation... Quand un utilisateur entre dans une
"aire payante", le fournisseur d'accès
émet des jetons au sein des paquets IP, lesquels
sont récupérés par le fournisseur
de contenu. Pour être payé, ce dernier
retournera les jetons au fournisseur d'accès
qui, lui-même, facture l'utilisateur.
Le positionnement du dispositif dans les couches de
l'infrastructure permet de prendre en charge toutes
les modalités de paiement imaginables: paiement
à l'acte, au service, au volume, au temps...
Et, cerise sur le gâteau, le procédé
est adapté à la fois aux réseaux
fixes et mobiles. Voilà pourquoi Enition présente
sa plate-forme, nommée NetToll, comme une solution
de "monétisation" de contenus et de
services numériques."En fait nous concurrençons
davantage les plates-formes de tracking de log que les
dispositifs de paiement", juge Stéphane
Girard. Et les banques, serait-on tenté d'ajouter
qui, dans le cas présent, ne sont plus vraiment
de la partie...
Si le procédé semble séduisant l'entreprise n'a pas
encore achevé la phase pilote menée avec un opérateur
et un fournisseur de contenu dont les noms ne sont pas
connus pour l'heure. Le déploiement est prévu dans le
courant du premier semestre 2002. Le rendez-vous est
pris.
Note : les "ports" sont
en quelque sorte des portes vers des services, le port
80 par exemple correspond au service http. Pour plus
de précisions à ce sujet, lire notre questions-réponses
consacrez aux couches
et protocole réseaux.
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