31/10/01
Fusions-acquisitions
: qui a racheté qui ? (2e partie)
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à la première partie (Serveur d'applications,
portails, EAI, CRM)
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le tableau des consolidations
Nous avions commencé mercredi dernier à
dresser un panorama des mouvements de consolidation
de ces trois dernières années autour du
CRM, des portails d'entreprise, de l'EAI et des serveurs
d'applications. Nous poursuivons notre tout d'horizon
cette semaine avec trois nouveaux secteurs : ERP, sécurité
et bases de données.
Les ERP (Enterprise
Ressource Planning)
Avec le développement parallèle
du commerce électronique et l'émergence
d'acteurs spécialisés dans le SCM (Supply
Chain Management) et le CRM (Customer Relationship Management),
les spécialistes de la gestion comptable, commerciale
et financière, ont du s'adapter et repenser leurs
offres. L'un des premiers a avoir réagi, JD
Edwards fait l'acquisition en juin 1999 du canadien
Numetrix, pour 80 millions de dollars. L'objectif
de l'éditeur basé à Denver est
double à l'époque: compléter le
spectre des fonctions de sa solution de SCM SCOREx et
entériner son passage à Internet avec
l'une des premières solutions web de gestion
de la chaîne logistique. De son côté,
PeopleSoft adopte une autre approche: au mois
d'octobre 1999, il rachète Vantive pour
433 millions de dollars, et complète ainsi
son offre en direction de la gestion de la relation
client.
La fusion de Damgaard et de Navision en novembre
2000, répond pour sa part à une volonté
pour l'éditeur danois de mettre un pied sur le
segment très convoité des grandes PME/PMI
(le middlemarket ou les "petites" grandes
entreprises). Avec la ligne de logiciels Damgaard Axapta,
Navision peut désormais prétendre s'attaquer
aux sociétés jusqu'à 1000 utilisateurs,
là où elle plafonnait auparavant à
300 utilisateurs. Baan, malgré ses efforts
en direction du SCM dès 1998 (avec le rachat
des éditeurs spécialisés Berclain
et Caps Logistics) n'est pas parvenue à redresser
le cap, et cède en juin 2000 aux avances du britannique
'Invensys, géant industriel spécialisé
dans les équipements automatisés pour
les chaînes de fabrication. Le montant de la transaction
- 762 millions d'euros - semble énorme au regard
des dettes que le repreneur aura à éponger,
mais modestes par rapport aux ambitions de la nouvelle
entité qui lance une division de gestion industrielle
baptisée Invensys Software and Systems.
Les acteurs de la sécurité
Après une phase de relative dispersion
des solutions, le marché de la sécurité
a commencé à se restructurer sous la pression
d'utilisateurs à la recherche d'offres plus globales
incluant chiffrement, authentification et sécurisation
du contenu. Ainsi, Baltimore Technologies rachète-t-il
dans un premier temps la division CyberTrust de
GTE, en janvier 2000. L'opération, d'un montant
total de 150 millions de dollars, permet à l'éditeur
irlandais de compléter sa gamme de produits PKI
(Public Key Infrastructure) UniCert avec une solution
d'hébergement qui lui faisait jusque là
défaut, et qui lui ouvre par la même occasion
un marché américain sur lequel elle est
peu présente. Neuf mois plus tard, la société
décide d'étendre son activité à
la gestion de contenu et au filtrage de mails et acquiert
l'éditeur américain de MimeSweeper, Content
Technologies. Le montant de la transaction - 992
millions de dollars - ne sera cependant pas digéré
par la grenouille irlandaise, qui face à des
résultats trimestriels décevants, tombe
en septembre dernier sur le coup de rumeurs concernant
la cession de Content Security Group pour un montant
très inférieur à son prix d'achat.
A suivre...
Mouvement similaire de la part de RSA Security qui
décide d'étoffer son offre de cryptage
(RSA Bsafe) et de PKI (RSA Keon) avec ClearTrust, la
solution de contrôle d'accès de Securant
Technologies, pour 136,5 millions de dollars en
juillet 2001. L'acquisition d'Axent Technologies
par Symantec un an plus tôt procède
de la même nécessité d'élargissement
de l'offre. Reprenant la société spécialisée
dans la détection de vulnérabilités
et d'intrusions, l'éditeur de Norton n'abandonne
pas pour autant son métier d'origine d'éditeur
d'antivirus, mais se dote de solutions de SSO et d'outils
firewall qui lui manquaient. Coût estimé
de cette diversification : 720 millions de dollars.
Enfin, la finalisation ces derniers jours du rachat
de Datachannel par Netegrity (54 millions de
dollars) clos temporairement cette phase de consolidation,
et ouvre peut-être de nouvelles perspectives de
développement. Le spécialiste du contrôle
d'accès connu pour son logiciel SiteMinder, a
en effet choisi, en jetant son dévolu sur un
éditeur de solutions de portails, de sortir de
son coeur de métier. Objectif affiché
par Netegrity : capitaliser sur son logiciel de SSO
(login unique sécurisé) pour monter en
puissance dans les domaines de la gestion des identités
et du provisioning (gestion de la répartition
des ressources en fonction des profils utilisateurs).
Les
bases de données
Si le marché des bases de données
(BDD) est moins mouvementé que celui des ERP
ou de la sécurité faute de combattants,
il est impossible de passer sous silence le cas IBM
et Informix. Pour rappel, Informix a racheté
Ardent Software en décembre 1999 pour
772,5 millions de dollars afin d'acquérir une
compétence décisionnelle absente de son
offre originelle et permettre aux entreprises qui utilisaient
souvent les deux solutions en parallèle de n'avoir
plus qu'une solution unique.
Quatre mois plus tard, Informix etait à son tour
victime de la convoitise d'un plus gros que lui : IBM.
Pourtant Big Blue avec sa propre base de données,
DB2, n'etait a priori pas le candidat idéal à
ce type d'opération. Explication d'IBM à
l'époque: une recherche de légitimité
sur un marché où Oracle etait (trop) bien
implanté. Plus prosaïquement, dans un contexte
concurrentiel où le nombre d'acteurs est très
réduit, la course aux parts de marché
est vitale, et l'acquisition d'Informix représente
pour IBM une occasion inespérée de combler
une partie de son retard sur les deux leaders, Oracle
et Microsoft. Moyennant 1 milliard de dollars, IBM gagne
une place au classement 2000
des éditeurs de SGBD, avec 29,9 % de part
de marché derrière Oracle (33,8%), mais
devant Microsoft (14,9%), selon IDC.
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