23/11/01
Licences
logicielles : le cas SAP
Après les éditeurs
d'ERP Navision
et PeopleSoft,
nous nous penchons aujourd'hui sur SAP. Radicalement
différent des modèles de licences établis
par les deux sociétés précédentes,
celui de l'éditeur allemand n'est pas un modèle
de simplicité. Si SAP a accepté de lever
une partie du voile qui recouvre sa politique en la
matière, les secrets de fabrication restent cependant
bien gardés.
mySAP.com
: vers une logique de standardisation
SAP a profité du lancement de sa suite
mySAP.com au début de l'année 2000 pour
revoir le principe même de sa
politique
de tarification. Même si jusque là les
utilisateurs composaient eux-mêmes leur menu en
achetant les composants ERP qui les intéressaient
au détail, le passage à mySAP.com les
a incités à acquérir ce que l'éditeur
nomme désormais des "solutions". Des
ensembles packagés incluant pour chaque service
ou département de l'entreprise (RH, comptabilité,
finance, etc.) plusieurs éléments interdépendants.
On trouvera par exemple pour la fonction RH: le noyau
logiciel RH de R3, un composant "portail"
(entendre composant de personnalisation des accès
aux applications en fonction du profil de l'utilisateur)
et un composant de reporting intégré,
entre autres.
La
qualité n'a pas de prix...
Si l'on met de côté la vente
des solutions SAP par certains partenaires en mode ASP,
comme Atos Origin par exemple, les entreprises qui souhaitent
acquérir des logiciels SAP ont deux possibilités.
Soit acquérir en bloc la suite SAP, ce que recommande
l'éditeur à ses clients lorsque les solutions
qu'ils souhaitent sont destinées à être
utilisées par plus de 25% de leurs effectifs.
Soit acheter des solutions, module par module, selon
leurs besoins. Rappelons que la suite mySAP se décompose
en neuf solutions : mySAP HR (ressources humaines),
Financials, SCM, e-procurement, CRM, PLM (Product life
cycle management), Business Intelligence, Enterprise
Portals et Exchange (solution d'EAI). Dans le premier
cas - achat global de la suite -, les modalités
de tarification dépendent du client, du volume
de solutions, du nombre d'utilisateurs, etc. Aucune
règle, ni paramètres fixes de l'aveu même
de SAP, qui n'a pas souhaité donner de prix indicatif.
Des paramètres de calcul
flous
Dans
le second, le principe de tarification prend en compte
deux paramètres : le nombre d'utilisateurs nommés,
et le nombre de moteurs installés sur les serveurs,
lequel va dépendre du type de module que le client
utilise. Quatre moteurs horizontaux existent pour le
moment et sont inclus en standard notamment sur les
modules de SCM et d'e-procurement, auquels s'ajoutent
une dizaine de moteurs verticaux pour des secteurs d'activités
spécifiques (automobile, aérospatiale,
BTP, high-tech, industrie pétro-chimique, etc.).
Dénominateur commun de tous ces moteurs : il
sont destinés à traiter des transactions
en très grand nombre (fiches de paie, bulletins
scolaires, etc.). On peut donc supposer - SAP n'ayant
ici non plus pas souhaité donner plus de précisions
- que leur coût dans l'addition globale des solutions
désignées plus haut n'est pas négligeable.
Autre facteur de complexité du calcul de coût:
les utilisateurs nommés. SAP distingue en effet
les utilisateurs "occasionnels" des utilisateurs
"professionnels" (qui auront accès
régulièrement à une application),
et facture en fonction des solutions retenues les seconds
2 ou 3 fois plus cher que les premiers. Nous n'avons
malheureusement pas pu obtenir d'information chiffrée
ou la règle appliquée pour identifier
les deux types d'utilisateurs, ce qui rend impossible
au final toute tentative de compréhension des
configurations les plus avantageuses pour les utilisateurs.
Un ticket d'entrée aux
alentours de 800 000 francs
A titre d'exemple, l'éditeur nous
a toutefois fourni une fourchette moyenne des projets
PME/PMI en France, une activité qui 350 millions
de francs de CA annuel. "Il faut compter environ
800 000 francs pour un périmètre fonctionnel
moyen incluant nos solutions qui couvrent la gestion
des ventes, des achats, de la logistique et la finance",
indique Jean-Michel Franco, responsable marketing produit
SAP France. Lorsque l'on fait remarquer à notre
interlocuteur que mySAP.com constitue en quelque sorte
une contrainte supplémentaire pour ses clients,
la réponse ne se fait pas attendre : "Ce
mode de tarification correspond aux besoins exprimés
par nos clients. Lorsqu'une entreprise achète
le noyau d'exécution de notre solution SCM basé
sur R3, elle a également besoin de fonctions
d'optimisation et de gestion de la performance, que
nous lui fournissons via les composants APO et BW",
rétorque Jean-Michel Franco. Un argument qui
fait sens, mais qui ne sera peut-être pas du goût
de tous les utilisateurs...
Est-ce pour regagner en flexibilité que l'éditeur
a annoncé la sortie de R3 Enterprise pour le
deuxième trimestre 2002 ? Cette nouvelle version
de R3 devrait en effet faciliter le processus de montée
en version et permettre aux clients de SAP de mettre
à jour leurs solutions sans plus avoir à
changer tout le noyau applicatif. De quoi réjouir
les utilisateurs. Sous réserve toutefois que
le nouveau changement tarifaire qui en découlera
inévitablement ne se fasse pas à leur
détriment.
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