L'objectif
ultime de la gestion de la relation client est simple
: pressentir les besoins de sa clientèle et lui proposer
le produit ou le service adéquat au moment précis où
il est désiré. Les moyens pour y parvenir, en revanche,
risquent d'être assez complexes. Il faut posséder une
source d'information unifiée sur sa clientèle et savoir
interpréter des montagnes de données : c'est le domaine
du CRM (Customer Relationship Management) analytique.
Si l'on veut procéder par étape, on se contentera dans
un premier temps de proposer à ses clients un service
unifié quel que soit le support qu'ils aient choisi
pour exprimer leur requête (CRM opérationnel). Mais
même réduit dans ses ambitions, le CRM demeure un vaste
chantier. L'exemple
de la Société Générale est éloquent. L'objectif
de la direction était clair : il fallait doter à terme
les 2000 agences du pôle banque de détail qui gèrent
aujourd'hui quelque 7 millions de clients en France
d'un un point d'entrée unique de gestion de la relation
client (Internet, minitel, téléphone, agence). Le budget
total de l'opération est considérable : 260 millions
d'euros. Pas étonnant : en fait, tout le système d'information
est à revoir ainsi qu'une bonne partie des méthodes
de travail. Nul doute dans ces conditions que la direction
de la banque espère acquérir ainsi une réactivité vis
à vis de sa clientèle qui creusera la différence avec
ses concurrents.
Cet espoir est-il mesurable, l'investissement vaut-il
la peine ? Sur quels indicateurs objectifs peut-on s'appuyer
? Ils relèvent plus du bon sens que de la science exacte
Le
support client est moins cher en self-service. Gartner
Group a analysé le phénomène et l'a chiffré. Si le client
se satisfait d'une réponse toute faite qu'il trouve
sur un site Web, il en coûtera à l'entreprise 0,24 dollar
; s'il trouve sa réponse sur un système vocal : 0,45
dollar. Dès qu'il y a interaction avec un employé, les
coûts sont multipliés par un facteur dix au moins. Une
réponse sur mesure par mail revient en moyenne à 5 dollars,
par téléphone à 5,5 dollars, par chat à 7 dollars.
Des indicateurs très précis doivent être définis.
En matière de CRM, la satisfaction de la clientèle doit
constituer l'objectif premier. On tentera de l'évaluer
en mesurant par exemple le taux de rétention de clientèle
: une compagnie d'assurances a ainsi constaté que ce
taux a plus que doublé lorsqu'elle a permis à ses clients
d'interagir avec elle avec un extranet. Une enquête
de la SSII Valoris, intitulée " Les initiatives CRM
dans les grandes entreprises françaises " fournit des
enseignements intéressants sur les indicateurs que l'on
peut mettre en place. 40 % des entités interrogées tentent
de mesurer la valeur de leur projets CRM avec des indicateurs
d'activité de vente, 34 % avec des indicateurs de satisfaction
des clients, 15 % avec des indicateurs de fidélité,
11 % avec des indicateurs de connaissance des clients,
5 % avec des statistiques de fréquentation des sites
Web. Un faible pourcentage d'entre elles mesure la réactivité
et la qualité relationnelle.
Quel que soit le bien fondé des indicateurs mis en place,
il ne faut pas s'attendre à des retours rapides, de
moins d'un an. D'autant plus que la résistance au changement
est réelle. Aux Etats-Unis, comme en France, le CRM
rappelle amèrement les débuts difficiles des premières
installations de progiciels de gestion intégrés du début
des années 1990. Les produits étaient lourds à paramétrer
et nécessitaient de changer en profondeur les procédures
en vigueur dans l'entreprise. Le phénomène se reproduit
avec les logiciels de CRM : les forces commerciales
et marketing sont souvent réticentes à modifier leur
approche traditionnelle de la clientèle pour adopter
une démarche plus systématique. Que ce soit aux Etats-Unis
ou en France, près de la moitié des entreprises ayant
mené des projets de CRM soulignent cette forte résistance
au changement.
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