Les
onze ambulances de réanimation des sapeurs pompiers
de Paris sont équipées d'un matériel
de pointe, capable de maintenir en vie des patients
dont les fonctions vitales sont menacées. Les
médecins qui interviennent grâce à
ces véhicules de pointe doivent consigner leurs
actes sur des formulaires, et les saisir en fin de journée
sur un terminal informatique. Un processus bien laborieux,
que les sapeurs pompiers de Paris ont voulu moderniser
et simplifier. C'est le cachier des charges d'un ambitieux
projet d'informatique embarquée, dont l'originialité
tient à la synchronisation automatique du terminal
mobile à la base de données de la caserne.
Le lieutenant Thomas,
chef du projet 'Reanime' a vite compris les bénéfices
qu'il était possible de tirer d'un tel projet :
"nous pouvons garder une meilleure trace des soins
prescrits, qui sont consultables par recherche multi-critères,
ce qui est indispensable losrque la police nous demande
des informations sur nos actes. Nous pouvons aussi dresser
des tableaux statstiques très instructifs sur
le plan épidémiologique. Et tout çà
pour un effort minime, puisqu'il suffit de saisir les
actes une seule fois sur le terrain".
Quelques
déceptions
Les ambitions
du projet ont tout de même été révisées
à la baisse : "Nous
avons dû abandonner l'espoir de transmettre nos
informations aux hôpitaux avant que le patient
ne soit admis chez eux : chaque hôpital a
son système informatique propriétaire,
et il aurait été extrêmement difficile
de l'interfacer avec note solution". Les sapeurs
pompiers se sont donc rabattus sur une petite imprimante
embarquée qui permet de faire suivre les informations
sur l'état du patient aux services d'urgence
des hôpitaux.
L'espoir de la transmission
en temps réel a également été
abandonné : "Les réseaux de
téléphonie mobile ne sont pas
conçus
pour les appels prioritaires. Nous avons besoin
d'une solution qui soit à 100 % fiable,
et les opérateurs de téléphonie
mobile ne sont pas capables de nous la fournir. En cas
de saturation du réseau, il est impossible de
bénéficier d'une ligne prioritaire. On
est donc logé à la même enseigne
que tout le monde : le service peut être
indisponible. C'est tout à fait impensable pour
une activité de la sécurité civile
".
Des
développements faits en interne
La transmission depuis le
terminal mobile se fait donc en locale et en WiFi :
"une fois que l'on est dans la caserne, il suffit
de déclencher la synchronisation et les informations
trouvent elles-mêmes le chemin de la base de données".
Le réseau de communication sans fil a été
sécurisé : "Nous avons utilisé
le protocole https pour crypter les transferts de donnée.
Et nous avons disposé notre borne d'accès
à un endroit de la caserne suffisamment confiné
pour que les ondes ne sortent pas". Le Lieutenant
Thomas a donc longé les murs de la caserne avec
un terminal pour vérifier que le signal ne passe
pas à travers les murs de la caserne : "Si
les murs sont en béton, les signaux ne parviennent
pas à une portée de plus de 50 mètres".
Quant au terminal,
"il est renforcé pour résister aux
contraintes de tous les jours, et son écran tactile
est lisible en plein jour. Il fonctionne sous Windows
CE et est équipé en standard d'un module
de communication WiFi" nous apprend Jean-Phillipe
Lallemand, le responsable marketing de MobilePlanet,
le distributeur qui a été retenu après
l'appel d'offres des sapeurs pompiers de Paris. Le lieutenant
Thomas ajoute que ces terminaux de marque Husky
ont une ergonomie assez proche des PC, avec un véritable
clavier et un OS assez proche du Windows classique".
Le choix du terminal
est le seul aspect du projet qui n'aie pas été
complètement traité en interne. L'élaboration
de la solution technique et les développements
se sont étalés sur 18 mois. Tout a été
pris en charge par le lieutenant Thomas, qui a piloté
les travaux de deux autres développeurs appartenant
aux équipes de la caserne des pompiers de Paris.
Des hommes qui - à l'image de leur chef -
étaient pompiers avant de glisser dans le monde
de l'informatique : "nous avons essentiellement
été formés par l'armée,
au cours des stages que nous y avons effectué.
C'est la politique chez les sapeurs pompiers de créer
les compétences en interne".
Des
coûts bien maîtrisés
Un choix fort rentable pour
la sécurité civile, puisque le projet
a coûté 80 000 euros, salaires non
compris. Une somme qui aurait à peine couvert
le prix de la licence de l'application
installée sur 8 postes clients : "C'est
le problème
de tous les développements personnalisés :
ils coûtent très cher lorsqu'on les fait
réaliser sur mesure". La somme économisée
a donc permis de se munir de plusieurs terminaux à
4000 euros pièce, et de deux serveurs Compaq
à près de 14 000 euros pièce.
Pour le logiciel
de saisie des données sur le terrain, les développements
ont été réalisés en C++ :
"Il a fallu concevoir une application facile d'emploi
et rapide d'usage. J'ai moi même assuré
ce développement, avec un souci constant à
l'esprit : la possibilité de saisir toutes
les informations au moyen d'un stylet, ce qui est bien
plus pratique". Quant à l'Intranet, il fonctionne
avec le binôme Apache/PHP, technologies maîtrisées
en interne.
Le projet des sapeurs
pompiers de Paris est un projet pilote qui a vocation
à être étendu à toute la
flotte de prompt secours, ce qui représente un
totale de plus de 100 véhicules. "Nous sommes
en avance sur le reste du secteur de la santé
en France". Mais pour autant, les sapeurs pompiers
de Paris n'ont pas décidé d'évangéliser
les autres brigades françaises, pas plus que
les hôpitaux. Jusqu'à maintenant, seul
EDF s'est montré intéressé par
les travaux du Lieutenant Thomas. Mais les choses pourraient
vite changer.
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