Si
Linux n'a plus à démontrer ses capacités
en tant que système d'exploitation sur serveurs,
il ne parvient pas à occuper une position significative
face à Windows sur les postes client. A cela plusieurs
explications, notamment et évidemment la force
des habitudes des utilisateurs, mais aussi l'hétérogénéité
des "environnements de bureau", surcouche du
système gérant les fenètres, l'espace
de travail, le lancement d'application par menus configurables,
les icônes, etc... Dans le monde Linux existe depuis
environ trois ans une opposition, pour ne pas dire une
rivalité - certes quelque peu apaisée ces
derniers mois - entre deux projets de ce type: KDE et
GNOME.
Polémique
autour d'une maladresse
Le
mois dernier, la société Red Hat a ravivé
le débat avec la version beta de sa prochaine
distribution Linux - la version 8 dont la sortie est imminente
- en introduisant des modifications visant à rendre
similaires le comportement et l'apparence des deux environnements.
Très vite, une polémique s'est créée,
Red Hat - traditionnellement plus proche du projet GNOME
- se voyant accusé par l'équipe de KDE de
phagocyter ce dernier au profit de GNOME, accusation qui
a justifié une réplique de Red Hat par la
voie d'Owen Taylor, l'un des membres de l'équipe
Red Hat Desktop.
Si l'éditeur américain peut se voir reprocher,
comme le souligne un commentateur sur le site Linuxfr.org,
d'avoir supprimé les boites de dialogue du type
"à propos de" pour certains outils KDE
- mais également des outils GNOME - , les applications
calibrées pour cet environnement n'ont pas été
retirées de la distribution, simplement des menus
"de démarrage". Owen Taylor, dans un
communiqué publié sur le site de Red Hat,
insiste sur le fait qu'il aurait été absurde
pour Red Hat de "brider" KDE au profit de GNOME,
ne serait-ce qu'en termes d'image. Même s'il confesse
que les développeurs Red Hat maîtrisent mieux
l'environnement GNOME, et que les modifications apportées
au bureau de la distribution ne concernent pas que des
paramétrages, mais également le code source
de certaines applications, Owen Taylor précise
que des arbitrages en faveur de KDE ont été
réalisés.
Une
unification salutaire
Indépendamment
de cet (hypothétique) problème de "favoritisme",
l'initiative de Red Hat correspond néanmoins à
un mouvement qui va dans le sens de l'utilisateur. D'ailleurs,
une initiative nommée Freedesktop.org poursuit
le même objectif. Des applications spécifiques
à l'un ou l'autre environnement n'ont pas vraiment
de sens, même si cette spécificité
est réduite à des différences graphiques
ou d'interface, car cela ne peut que freiner l'adoption
massive de Linux sur le poste client. Au contraire, si
les meilleures applications se développaient de
manière indépendante de l'environnement
de bureau qui va les exploiter, chacun y gagnerait. Le
problème est d'ailleurs le même concernant
la diversité des distributions Linux (voir
notre article sur le sujet).
La version 8.0 de Red Hat Linux intervient alors que la
société multiplie les partenariats avec
des grands éditeurs - IBM, Sun - pour la promotion
de Linux aussi bien sur les serveurs que sur les postes
client.
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