A
mesure que lon avance sur la voie de le-business,
le caractère stratégique du système
dinformation devient de plus en plus tangible. Dans
un premier temps simple support technique, linformatique
est devenue le système nerveux de lentreprise.
Elle doit donc répondre à toute impulsion
émise par le cerveau, le pilote de toute lorganisation.
Le système dinformation en est-il capable
? A-t-il été conçu selon des principes
qui lui assurent souplesse et réactivité
? Pas vraiment. Bien souvent au contraire, les tâtonnements
technologiques, le poids de lexistant lui confèrent
une importante inertie. Pour tenter de redresser la barre,
la gouvernance informatique [1] se propose
dassurer que le
système
dinformation est en ligne avec la stratégie
de lentreprise et quil apporte les gains attendus.
De plus, elle veille à ce que linformatique
aide lentreprise à saisir toutes les opportunités
qui permettront son développement ; elle milite
pour un usage responsable des ressources informatiques
; enfin, elle sassure que les risques associés
aux systèmes dinformation soient gérés
correctement.
Jusquici
ces notions étaient plutôt réservées
à un cercle dinitiés. On
a parlé pour lune des premières
fois de gouvernance informatique en juin 2001, lors
du congrès de lIsaca, lassociation
internationale spécialisée sur laudit
et le contrôle des systèmes dinformation.
Depuis le concept a fait son chemin jusquà
ce que la semaine dernière, le Cigref (Club informatique
des grandes entreprises françaises) lui consacre
un rapport dune quarantaine de pages, un peu trop
théorique mais qui fournit quelques pistes de
réflexion. En particulier, des exemples de structures
à mettre en place pour exercer cette gouvernance
: comité de direction consacré au système
dinformation, comité daudit, comité
darbitrage (gestion de portefeuille de projets,
comité durbanisation et darchitecture,
maîtrise douvrage stratégique dans
chacun des métiers de lentreprise.
Mais
comme le souligne le Cigref, la gouvernance ne pourra
sexercer efficacement quâ travers
des indicateurs précis. « La gouvernance
est vue comme principalement une question dexplicitation
des (bonnes) choses à faire. Le problème
perçu est une vision insuffisamment claire des
objectifs à atteindre, doù un pilotage
non pertinent. Lexplicitation des buts se traduit
par une série dindicateurs clés
dobjectifs (Key Goal Indicators), définissant
le but à atteindre, qui saccompagnent dun
ensemble dindicateurs clés de performance
(Key Performance Indicators), définissant
le degré datteinte des objectifs. »
Dommage que le Cigref naille pas plus loin dans
la description de ces indicateurs.
En
effet, il aurait été utile de préciser
que dans la plupart des cas, les outils que lon
utilise sont tournés vers le passé et
focalisés sur la performance financière
au détriment des autres facteurs. Sur la base
de ce constat, critiquant les systèmes traditionnels
de gestion et leur incapacité à répondre
aux préoccupations actuelles, les entreprises
américaines utilisent essentiellement des tableaux
de bord prospectifs (Balanced Scorecard [2])
reposant sur les quatre dimensions de lentreprise
: la situation financière, les clients et le
marché, les processus internes et enfin linnovation.
Pour mesurer cette dernière, les indicateurs
recherchés seront les suivants :
-
Pourcentage des nouveaux services et produits ;
- Nombre de jours de formation par employé ;
- Pourcentage de projets, activités transversales
et internationales ;
- Degré de satisfaction des employés ;
- Nombre de suggestions damélioration des
employés ;
- Turnover général, par fonction et au
sein des personnes-clés ;
- Durée moyenne nécessaire pour embaucher
une personne.
Si
une entreprise se donne la peine de mesurer ses performances
suivant les quatre axes définis ci-dessus (financier,
client, interne et innovation), elle aura accompli un
progrès considérable concernant sa gouvernance.
Mais, on le voit, des indicateurs de mesure très
précis devront être définis.
[1]
Au sens premier, le terme de gouvernance désigne
la manière dont le pouvoir est exercé
dans la gestion des ressources économiques et
sociales d'un pays en vue de son développement
; le concept a été étendu à
lentreprise et plus particulièrement à
lorganisation informatique de cette dernière.
[2]
Pour plus de précisions on se reportera au site
du Balanced Scorecard Institute
(http://www.balancedscorecard.org/).
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