Le
démarrage de l'e-business a été plus rapide aux Etats-Unis
qu'en Europe. Le montant des investissements consacrés
n'a rien de commun, tout comme les bénéfices attendus
: l'étude Net
Impact, réalisée par Momentum Research sur plusieurs
milliers de sociétés des deux continents, estimait en
janvier 2002 que 61% des entreprises américaines avaient
déjà adopté des solutions e-business, contre 47% en
Europe. Toutefois, plusieurs études constatent que l'Europe
ne se laisse plus distancer et que ses investissements
pourraient lui permettre de rattraper son retard d'ici
deux ans voire moins. Il y a plusieurs explications
à cela.
La
réflexion semble payer. Au lieu de lancer des dot-com
à tout va comme aux Etats-Unis, les grands groupes européens
ont apparemment réfléchi sur la manière d'intégrer le
commerce électronique à leurs modèles d'affaires et
à leur processus existants. Cette réflexion les situerait
en bonne place dans la compétition face aux entreprises
américaines, affirment les analystes du Gartner Group.
Si la réflexion est nécessaire, il ne faut pas toutefois
qu'elle freine l'innovation. Sur ce point, l'Europe
doit faire des progrès : les résistances au changement
y sont bien plus importantes qu'en Amérique du Nord.
Ouverture sur l'extérieur. Une étude de CSC a
mis en lumière que les entreprises européennes avaient
entrepris l'intégration de leurs systèmes e-business
et que d'importants efforts avaient été réalisés pour
connecter leurs partenaires extérieurs (fournisseurs
ou clients) à leur système d'information.
Acquisition de nouveaux clients. L'étude de CSC
indique de plus que les entreprises européennes se sont
résolument placées dans une optique de conquête de clientèle,
alors que les Etats-Unis, plus touchés sans doute par
le ralentissement de l'économie, se sont concentrés
sur la rétention de leur clientèle existante.
Principaux
objectifs des DSI en Amérique du Nord
|
Augmenter
la fidélité des clients |
47,6%
|
Améliorer
la productivité |
43,4%
|
Réduire
les coûts
|
41,8%
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Principaux
objectifs des DSI en Europe
|
Toucher
une nouvelle clientèle |
65,4%
|
Offrir
de nouveaux produits et services |
54,3%
|
Réduire
les coûts |
53,9%
|
Source
: Etude Enjeux des systèmes d'information, Computer
Science Corporation, 2001
Ces
tendances sont confirmées par la volonté des dirigeants
à soutenir leurs investissements liés à l'e-business
en 2002 : ils sont plus de 60% à vouloir augmenter les
budgets consacrés à ces projets au sein de leurs entreprises.
Cette remontée de l'Europe face aux Etats-Unis est particulièrement
sensible dans les relations interentreprises. Des prévisions
américaines confirment cette analyse : ainsi, pour 2002,
eMarketer estime désormais le marché B to B américain
à 482 milliards de dollars, Jupiter avançant ici le
chiffre de 782 milliards. Pour la même année, Gartner
Group estime le marché B to B européen à 500 milliards
de dollars. Il est à noter qu'en avril 2002, eMarketer
a revu ses prévisions à la baisse. A l'origine, celles-ci
tablaient sur un marché B to B américain de 499 milliards
de dollars en 2002 et de 854 milliards en 2003. Ces
deux projections ont respectivement été abaissées à
482 et 721 milliards de dollars.
L'Europe semble donc avoir su tirer profit du premier
semestre de cette année. Attention toutefois : ces perspectives
de reprise et d'investissements e-business à la hausse
se situent dans un contexte global morose. En particulier,
les prévisions de revenus réalisés en ligne demeurent
très modestes : un peu plus de 7% selon Forrester Research.
Le cabinet d'analystes américain estime que ce chiffre
pourrait être porté à 20% en 2007. Au cours de ces cinq
ans, l'Europe devra résolument accroître ses capacités
de connexions Internet pour les particuliers, sous peine
d'être définitivement reléguée derrière l'Amérique du
Nord en ce qui concerne l'e-business.
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