On
a souvent évoqué le rôle de l'e-business concernant
la relation client, la connaissance de son environnement
concurrentiel, ou de sa chaîne logistique, etc. On se
souvient des résultats de l'enquête réalisée par A.T.
Kearney qui classait au niveau mondial les priorités
de l'e-business sur une échelle de 1 (peu important)
à 5 (très important) : CRM (3,44), gestion de contenu
(3,34), Business Intelligence (3,28), gestion des achats
directs (3,17), logistique (3,14) et intégration à l'existant
(3,09). Curieux tout de même que ne figure aucunement
dans cette liste l'efficacité accrue du personnel grâce
aux technologies de l'information, ce que les anglo-saxons
ont dénommé le B2E (Business to Employee).
C'est
sans doute ce constat qui a lancé Serge Seletzky, aujourd'hui
consultant, hier directeur des systèmes d'information
du PMU puis du groupe Elf, sur la piste de "l'entreprise
organetisée"*, titre de l'ouvrage qu'il vient de faire
paraître. De ses expériences passées, Serge Seletzky
a tiré une grande leçon : "L'innovation technologique
- pour être acceptée et produire une valeur ajoutée
significative - doit être accompagnée par des changements
profonds dans les comportements et l'organisation du
travail. Une réorganisation intelligente coûte moins
cher et rapporte plus que l'automatisation pure et simple
de processus existants." D'où la nécessité de disposer
de "technologies de l'information à visage humain" qui
pourront directement être utilisées par les hommes et
les femmes de l'entreprise.Une
organisation qui a mis en place ces technologies et
qui a su motiver ses salariés pour les exploiter pleinement
constitue, selon l'auteur, "une entreprise organetisée".
Cette dernière est essentiellement construite autour
de la micro-informatique en réseau et procure aux collaborateurs
les services suivants : bureautique personnelle, messageries,
gestion du temps et des activités, intranet de publication,
partage documentaire, espaces de discussion, workflow
et applications self-service, e-learning, portail.
Serge
Seletzky aurait pu se contenter de décrire le fonctionnement
de chacune de ces technologies et de leur utilisation
potentielle, ce qu'il fait de manière très complète.
Mais son propos ne s'arrête pas là. Son expérience lui
a appris que toute initiative technologique doit être
gérée, pilotée. C'est pourquoi, il prône "une gouvernance
de l'organetisation". Pourquoi cela ? Parce qu'une entreprise
organetisée résulte d'une approche globale, pluridisciplinaire
et concertée.
Globale,
car le courrier électronique, l'intranet, le portail
Employé, la gestion des connaissances, le travail collaboratif
forment un tout, même si leur mise en uvre ne peut
s'envisager que par paliers.
Pluridisciplinaire
car l'organetisation d'une entreprise concerne plusieurs
directions : la communication interne, la DSI, la gestion
des ressources humaines, l'organisation, les métiers
eux-mêmes.
Concertée,
car les initiatives décentralisées doivent s'inscrire
dans un cadre cohérent défini par l'entreprise.
Pour
s'assurer le succès, l'auteur préconise la mise en place
de trois niveaux de responsabilités : un comité de direction
au niveau stratégique, un comité de pilotage au niveau
tactique, des groupes de travail au niveau opérationnel.
Le rôle de chacune de ces entités est analysé en détails
et c'est ce qui fait, à mon sens, la force de cet ouvrage
: il permet de resituer l'usage des technologies, en
ayant parfaitement compris leur fonctionnement et leur
apport potentiel à chacun des collaborateurs, dans l'ensemble
des objectifs stratégiques de l'entreprise. Une prise
de recul originale et salutaire.
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L'entreprise organetisée, par Serge Seletzky, préface
de Jean-Pierre Corniou, 200 pages, 35 euros, Editions
Dunod.
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