L'incertitude. C'est l'impression
qui prévaut lorsque l'on relève la température
sous abri du HotSpot en France. "C'est la frilosité
qui prime : il y a bien quelques projets en cours,
mais pas de HotSpot actif à vocation commericale
à ma connaissance"
admet Jean-Paul Smets, PDG de Nexedi, un petit fournisseur
de solutions libres pour HotSpots.
Les Hot Spots sont pourtant
porteurs d'une vision séduisante : celle
d'une France parsemée de points d'accès
Internet à haut débit - en WiFi -
couvrant les hotels, les aéroports, les cafés,
etc. Un feu de paille ? Assurément pas :
outre-Atlantique, HP et Toshiba fournissent déjà
des solutions "clé en main" qui ont
permis aux cafés Starbuck d'installer 1200 points
d'accès aux Etats-Unis. Starbuck
qui prend en cette fin d'année ses quartiers
en Angleterre et en Allemagne.
Mais
pas en France, et ce n'est pas le fruit du hasard. Outre
le traditionnel retard à l'allumage qui handicape
les nouvelles technologies
dans l'hexagone, les défricheurs du HotSpot doivent
également affronter la législation française,
particulièrement contraignante dans ce domaine.
Encore
un artisanat
"Aujourd'hui, je n'ai pas le doit de mettre en
service une antenne WiFi omnidirectionnelle de 20 km
de portée - déplore J.P. Smets. En
Allemagne, la législation le permet. C'est grave
car nous sommes en train d'accumuler un retard de deux
ans. Les rares HotSpots français basés
sur des antennes extérieures ont été
installés à Paris de façon clandestine".
En tout logique, Nexedi réalise 90 % de
son CA à l'étranger.
Pas étonnant que
les spécialistes du HotSpot en France -
et dans une moindre mesure en Europe - soient encore
des artisans. "Que ce soient des spécialistes
du logiciel, du matériel, ou encore des services,
ce sont des entreprises qui comptent une poignée
de salariés, et qui sont réduites à
explorer les technologies et les modèles économiques
avec leurs maigres moyens". Ce qui n'empêche
pas les idées de fuser de toutes parts.
Pour connaître un
succès pérenne, un HotSpot devra associer
une technologie bien rodée à un modèle
économique robuste. J.P.Smets a exploré
les différentes combinaisons de possibles offertes
par le WiFi dans les lieux publics, et il nous fait
profiter de ses prospections.
Deux
modèles économiques viables
Le modèle le plus courant, c'est bien évidemment
le café Internet - où tout autre
lieu dans lequel un individu pourrait se connecter avec
un PDA ou un PC portable - une gare, un aéroport,
un hotel, un salon, un office du tourisme, etc. Il existe
différents modèles de tarification :
"soit on fait payer l'utilisateur, soit on estime
que c'est un service qu'il faut lui rendre dans le cadre
d'une prestation plus globale, soit on fait payer la
facture à un sponsor". On peut ainsi imaginer
un office du tourisme faisant de la publicité
aux restaurants locaux sur son HotSpot, et faisant payer
la note aux restaurateurs.
Tout aussi intéressant :
l'exemple de cette société Allemande,
cliente de Nexedi, et qui "installe des HotSpots
à la campagne, pour que les entreprises locales
puissent s'y connecter dans un rayon de plusieurs kilomètres.
La tarification est raisonnable : 100 € par
mois pour 1 Mbit/s". Techniquement, l'opération
s'avère toutefois complexe : "Installer
une antenne n'est pas à la portée de tout
le monde. Qui plus est, le WiFi n'est pas prévu
pour gérer des dizaines de connections en simultané.
Il faut mettre en oeuvre des solutions de hiérarchisation
des requêtes assez complexes pour assurer la qualité
de service".
Puis on entre dans des
modèles plus hasardeux : "des communautés
d'accès en WiFi sont en train de se former, dont
certaines mettent en avant un modèle économique
novateur. Le but est ici d'inciter les particuliers
à transformer leur réseau WiFi local en
HotSpot. Dès qu'un individu s'y connecte, il
rémunère le possesseur du HotSpot avec
une monnaie virtuelle". Bien d'autres idées
restent encore à trouver.
Rouleau
compresseur ?
Et les opérateurs telecom dans tout ça ?
"Il est possible qu'ils débarquent sur le
marché dans les deux années qui viennent,
avec un offre en forme de rouleau compresseur. Pour
eux, le WiFi est une alternative intéressante
à l'UMTS", dont les opérateurs envisagent
de plus en plus sérieusement de retarder le déploiement.
Nous avons voulu vérifier
cette hypothèse auprès du "Monsieur
HotSpot" de France Telecom, qui pratique une veille
assidue sur la question. Mais l'opérateur historique
a décidé de garder le silence sur ce sujet.
Et pour cause : si France Telecom devait lancer -
ou ne pas lancer - une offre HotSpot, l'opérateur
historique ne garderait-il pas le secret jusqu'au dernier
moment pour suprendre la concurrence ?
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Compatibilité matérielle |
Les matériels
et les logiciels sont-ils prêts pour une
connexion WiFi ? Quasiment jamais en mode
natif : il faut dans l'écrasante majorité
des cas rajouter une carte d'accès WiFi
et de nouveaux drivers capables de détecter
les réseaux WiFi - à son PDA,
ou PC portable. Mais les choses progressent rapidement,
et les matériels les plus haut de gamme
incorporent de plus en plus souvent une puce et
des drivers WiFi. Ce qui va dans le bon sens :
les HotSopts s'adressent dans un permier temps
aux défricheurs et aux cadres dirigeants.
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