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Décidément, en cette fin d'année, les relations entre
la direction générale et celle des systèmes d'information
sont passées au crible. Après l'enquête "Dynamique de
la relation entre direction générale et direction des
systèmes d'information dans les grandes entreprises
françaises" publiée par le Cigref et le cabinet McKinsey
(lire la chronique
à ce sujet), le cabinet Acadys diffuse les résultats
de son étude sur les "pratiques en matière de gouvernance
des systèmes d'information". L'enquête a analysé 350
questionnaires représentant plus de 250 entreprises
françaises, belges, suisses et luxembourgeoises. Les
conclusions sur la valeur de l'informatique pour l'activité
de l'entreprise sont surprenantes. Pourquoi cela ?
Près
de la moitié (45%) des directions générales (DG)
estiment que cette valeur est appropriée contre seulement
41% des directions de systèmes d'information (DSI).
Plus précisément, 70% des répondants parmi les DSI estiment
qu'elles améliorent la gestion de l'information (le
contraire serait affligeant), qu'elles contribuent à
la diminution des délais (53%) et à la réduction des
dépense (36%). Les DG approuvent globalement ce constat.
Mais les choses se corsent dans l'estimation de la capacité
à mesurer cette valeur. Les DSI se montrent résolument
pessimistes : plus de 80% d'entre elles estiment ne
pas avoir la capacité à mesurer correctement l'impact
de l'informatique. Elles sont à peine 21% à pouvoir
mesurer l'impact des systèmes d'information sur la diminution
des délais. Les DG, plus éloignées des réalités, se
montrent plus optimistes : 35% d'entre elles pensent
être en mesure d'évaluer la diminution des délais, 27%
d'évaluer l'augmentation de productivité des utilisateurs.
La conclusion s'impose d'elle-même : les outils de pilotage
de l'informatique sont encore trop orientés vers les
coûts et pas assez vers les bénéfices, les sources de
productivité.
L'enquête d'Acadys
permet en effet de confirmer la généralisation des tableaux
de bord informatiques comme outil principal de pilotage,
mais sans méthodologie apparente et en considérant rarement
la notion de valeur. Concrètement, si 89% des entreprises
interrogées utilisent des tableaux de bord informatiques,
seulement 13% analysent la valeur de leur informatique.
Les mesures effectuées se limitent presque exclusivement
au contrôle des coûts : 64% évaluent les coûts de fonctionnement,
57% les coûts de projets, seulement 12% pour les gains
de fonctionnement et 18% pour les gains de projet. Enfin,
le principal indicateur de pilotage utilisé par les
DSI (60% des cas) reste le ratio "dépenses informatique
sur chiffre d'affaires", un indicateur pourtant assez
peu pertinent pour le calcul de la valeur, note le cabinet
Acadys. Les autres indicateurs utilisés sont les ratios
"dépenses informatiques sur dépenses totales" et "dépenses
informatiques sur nombre d'employés", chacun dans 46%
des cas.
La lecture de cette nouvelle enquête confirme que la
marge de progression en termes de stratégie et de pilotage
des systèmes d'information est très importante. Il faudrait
en particulier que le dialogue entre les directions
métiers soit plus fécond : 63% des répondants à l'enquête
d'Acadys estiment aujourd'hui que le taux de participation
des métiers dans l'élaboration des tableaux de bord
informatiques est très faible. Si les rapports ne s'améliorent
pas rapidement, c'est la dynamique de l'e-business qui
risque d'être remise en cause dans bien des entreprises
: en effet, l'innovation e-business doit venir des direction
métiers qui s'appuieront ensuite sur les DSI pour faire
avancer leurs projets. Elles devront au passage mettre
au point les indicateurs qui permettront de mesurer
le succès ou non de leur initiative : dynamisme perçu
de leur organisation, amélioration de l'image de marque,
gains de proximité avec la clientèle, fiabilité des
procédures avec les fournisseurs, etc. C'est à ce prix
que l'on prendra réellement conscience de la valeur
de l'informatique dans l'entreprise.
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