TRIBUNE 
La valeur de l'informatique est encore trop mal perçue
par Pierre Lombard
Directeur e-business, Benchmark Group (10 décembre 2002)
         
 


Décidément, en cette fin d'année, les relations entre la direction générale et celle des systèmes d'information sont passées au crible. Après l'enquête "Dynamique de la relation entre direction générale et direction des systèmes d'information dans les grandes entreprises françaises" publiée par le Cigref et le cabinet McKinsey (lire la chronique à ce sujet), le cabinet Acadys diffuse les résultats de son étude sur les "pratiques en matière de gouvernance des systèmes d'information". L'enquête a analysé 350 questionnaires représentant plus de 250 entreprises françaises, belges, suisses et luxembourgeoises. Les conclusions sur la valeur de l'informatique pour l'activité de l'entreprise sont surprenantes. Pourquoi cela ?

Près de la moitié (45%) des directions générales (DG) estiment que cette valeur est appropriée contre seulement 41% des directions de systèmes d'information (DSI). Plus précisément, 70% des répondants parmi les DSI estiment qu'elles améliorent la gestion de l'information (le contraire serait affligeant), qu'elles contribuent à la diminution des délais (53%) et à la réduction des dépense (36%). Les DG approuvent globalement ce constat. Mais les choses se corsent dans l'estimation de la capacité à mesurer cette valeur. Les DSI se montrent résolument pessimistes : plus de 80% d'entre elles estiment ne pas avoir la capacité à mesurer correctement l'impact de l'informatique. Elles sont à peine 21% à pouvoir mesurer l'impact des systèmes d'information sur la diminution des délais. Les DG, plus éloignées des réalités, se montrent plus optimistes : 35% d'entre elles pensent être en mesure d'évaluer la diminution des délais, 27% d'évaluer l'augmentation de productivité des utilisateurs. La conclusion s'impose d'elle-même : les outils de pilotage de l'informatique sont encore trop orientés vers les coûts et pas assez vers les bénéfices, les sources de productivité.

L'enquête d'Acadys permet en effet de confirmer la généralisation des tableaux de bord informatiques comme outil principal de pilotage, mais sans méthodologie apparente et en considérant rarement la notion de valeur. Concrètement, si 89% des entreprises interrogées utilisent des tableaux de bord informatiques, seulement 13% analysent la valeur de leur informatique. Les mesures effectuées se limitent presque exclusivement au contrôle des coûts : 64% évaluent les coûts de fonctionnement, 57% les coûts de projets, seulement 12% pour les gains de fonctionnement et 18% pour les gains de projet. Enfin, le principal indicateur de pilotage utilisé par les DSI (60% des cas) reste le ratio "dépenses informatique sur chiffre d'affaires", un indicateur pourtant assez peu pertinent pour le calcul de la valeur, note le cabinet Acadys. Les autres indicateurs utilisés sont les ratios "dépenses informatiques sur dépenses totales" et "dépenses informatiques sur nombre d'employés", chacun dans 46% des cas.

La lecture de cette nouvelle enquête confirme que la marge de progression en termes de stratégie et de pilotage des systèmes d'information est très importante. Il faudrait en particulier que le dialogue entre les directions métiers soit plus fécond : 63% des répondants à l'enquête d'Acadys estiment aujourd'hui que le taux de participation des métiers dans l'élaboration des tableaux de bord informatiques est très faible. Si les rapports ne s'améliorent pas rapidement, c'est la dynamique de l'e-business qui risque d'être remise en cause dans bien des entreprises : en effet, l'innovation e-business doit venir des direction métiers qui s'appuieront ensuite sur les DSI pour faire avancer leurs projets. Elles devront au passage mettre au point les indicateurs qui permettront de mesurer le succès ou non de leur initiative : dynamisme perçu de leur organisation, amélioration de l'image de marque, gains de proximité avec la clientèle, fiabilité des procédures avec les fournisseurs, etc. C'est à ce prix que l'on prendra réellement conscience de la valeur de l'informatique dans l'entreprise.

 
 Pierre Lombard
 
 
 

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