Des semaines que Free voit
grossir le mur : entre les deux poids lourds de l'Internet
Français, il n'y a qu'un seul et unique câble,
qui n'a pas été remplacé depuis deux
ans. Problème : l'Internet a bien grossi entre
temps, et le calibre du tuyau - 1 Gbit/s - n'est
plus à la hauteur. Résultat : entre
Free et France Telecom, les débits chutent spectaculairement
et la qualité de service se dégrade.
"Free a bien tenté
de prévenir France Telecom il y a deux mois,
mais sans succès : FT n'a pas réagi,
et les temps d'accès vers certains sites ont
fini par devenir intolérables pour les internautes
de Wanadoo et de Free" - affirme Octave Klaba,
DT de l'hébergeur OVH - qui a eu à
souffrir de la crise.
La conséquence ?
Pour peu qu'un site se trouve de l'autre côté
du tuyau - et c'est souvent le cas -, les
informations circulent aussi vite qu'une voiture dans
un embouteillage.
Sur les forums de discussion, on peut trouver des phrases
de ce genre émanant d'internautes mécontents:
"J'ai l'impression d'être en 14,4 Kbit/s" -
faisant référence à la vitesse
anémique à laquelle plafonnaient les tous
premiers modems.
Coupure
pure et simple
Mais c'est surtout du côté des propriétaires
de sites commerciaux hébergés par Free
ou FT que l'inquiétude est la plus vive :
impossible d'accéder à leurs pages dans
de bonnes conditions depuis l'autre côté
du tuyau qui relie FT à Free.
Pourtant, le pire reste
à venir : hier matin, Free coupe tout simplement
l'accès à ses serveurs pour tous les internautes
de Wanadoo : ils sont privés d'une partie
du Web et de certains services mail. Officiellement,
Free n'a pas voulu mettre le couteau sous la gorge de
France Telecom : il s'agissait simplement de soulager
ses serveurs, qui croulaient sous le temps d'accès,
et qui dégradaient la qualité de service
de ses abonnés. Mais de là à dire
que Free a voulu réveiller (brutalement) Wanadoo,
qu'il tentait - rappelons-le - de prévenir
depuis des mois, il n'y a qu'un pas.
Un pas que ne franchira
pas Free : "C'est un petit problème
qui se règlera bien vite, nous faisons confiance
à France Telecom". A n'en pas douter, Free
ne souhaite pas froisser le géant des télécoms.
Service
rétabli mercredi soir ?
Dans tous les cas, l'électrochoc a fait son effet :
dans la soirée de mardi, FT et Free parviennent
à un accord : "d'ici mercredi à
17h, le calibre du tuyau sera multiplié par 2,5,
et Free rendra aux "Wanadiens" leur liberté" -
communique France Telecom.
Mais la bataille n'est
pas terminée : FT précise que "les
négocations commerciales n'ont pas encore abouti,
et que le service sera - à titre exceptionnel -
rétabli avant même que les conditions soient
clarifiées". En clair : Free va sans
doute devoir bourse délier.
La pilule sera difficile
à avaler pour Free : "Il y a deux ans,
lorsque le FAI développe son propre 'point de
peering' - la porte d'accès à son
réseau privé -, FT l'autorise à
se connecter à son propre point de peering gratuitement.
Aujourd'hui, FT souhaite faire payer Free. Pour quelle
raison ? Il y a autant de traffic dans un sens
que dans l'autre, et FT a autant besoin de Free que
Free a besoin de FT" explique Octave Klaba, DT
d'OVH. FT reconnait ces faits, mais l'opérateur
laisse entendre que Free va devoir payer.
Surprenant : l'interconnexion
de deux réseaux de taille respectable (désignée
sous le nom "d'accord de peering") s'effectue
généralement de manière non commerciale.
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