Il y a l'Intranet officiel,
lourd, peu réactif, et qui n'appartient pas vraiment
aux employés. Et il y a un espace vide en regard,
un lieu qui pourrait être comblé par une
constellation de petits sites, qui seraient nés
du besoin immédiat d'un employé, d'un cadre,
ou d'un groupe de chercheurs. Pris au hasard, nous aurions
ainsi une FAQ, éditée par un administrateur
réseau fatigué de répondre aux mêmes
questions chaque jour, un lieu de réflexion pour
quelques scientifiques travaillant sur un nouveau médicament,
puis une page consacrée à la route la plus
courte pour se rendre à un séminaire.
Que faut-t-il aux employés
pour qu'ils bâtissent eux-même leurs propres
espaces d'échange ? Des outils, assurément.
Des outils dont l'entreprise ferait la publicité,
et qui leur permettraient de créer des pages
Web sans efforts. Des outils qui rendraient l'alimentation
du site aussi facile que l'envoi d'un e-mail.
Les
Blogs : la publication web "pour les nuls"
Ces outils existent depuis quelques années, et
le vent souffle dans leur dos. Le "Blog" -
alias Web Log - est désarmant de simplicité.
Il permet
de publier de petites remarques (une information, un
truc & astuce, la date d'un évènement,
un lien vers une ressource intéressante, une
photo, une mise à jour logicielle, etc.), classées
par ordre chronologique sur une page Web dépouillée.
Pour y insérer
un paragraphe, on saisit tout simplement son texte dans
un formulaire. Pas besoin de connaître le HTML.
Les textes sont très courts, s'adressent à
une communauté de lecteurs restreinte. Et c'est
souvent un individu seul, garant de la pertinence des
informations sélectionnées, qui les met
à jour.
Les logiciels du type Blog
sont gratuits ou presque - voir du côté
de Pyra Labs, Movable Type, UserLand, etc. Les plus
sophistiqués permettent à plusieurs rédacteurs
d'intervenir sur une même page. Ils permettent
de gérer les accès, de contrôler
la sécurité, et incorporent un moteur
de recherche. Trellix, Tech Dirt et Traction proposent
des Weblogs de ce type.
Les
Wiki : des vertus de l'anarchie
Mais un Blog restera toujours un Blog : une succession
de petits paragraphes survolant chaque sujet, et présentés
de façon frustre. Les utilisateurs demadent plus
d'ouverture ? On entre alors sur le terrain du
Wiki.
Le Wiki conserve une partie
des recettes qui font le succès du Blog :
les pages web sont simples à éditer et
peuvent contenir tous types d'informations. Mais là
où le Blog est rédigé par un petit
groupe d'hommes, le Wiki s'ouvre à toutes les
contributions. Le lecteur n'est plus condamné
à la passivité : n'importe quel employé
peut éditer une page, en créer une autre,
et le site vit et se développe au gré
des contributions.
Drôle de principe
dans une entreprise ? Pas si sûr : des références
aussi prestigieuses que le New York Times ont déjà
cédé aux sirènes du Wiki. Et pour
cause : les Wiki peuvent dans certaines conditions
estomper les lourdeurs de la hiérachie. Ils permettent
aux informations de circuler avec une vitesse et une
agilité inégalées, et sont suffisamment
simples pour séduire tous les employés.
Faut-il pour autant tolérer
l'anarchie sur son Intranet ? Ce n'est pas nécessaire :
les Wiki les plus sophistiqués permettent de
se protéger des "vandales" de l'information,
qui peuvent réduire à néant le
contenu d'un Wiki ou perturber son fonctionnement. Les
sauvegardes automatiques et la gestion des comptes utilisateurs
permettent de s'en protéger.
Reste à savoir si
l'information est une donnée stratégique
pour l'entreprise. Car le temps que l'employé
passe sur le Wiki, c'est autant de temps qu'il ne passe
pas sur des taches plus concrètes. Rappelons
toutefois que la vitesse de circulation de l'information -
ainsi que sa qualité - sont bien souvent
un facteur de réussite pour l'entreprise.
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