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Acteurs |
Saga
Sun: innover pour mieux rebondir |
Des pertes, des réductions de voilure: Sun connait des jours difficiles mais a su prouver dans le passé qu'une vision stratégique, qu'on la partage ou pas, ne lui faisait pas défaut. Récit. (Mercredi 12 février
2003) |
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L'année 2002 s'est
mal
terminée pour Sun, avec l'annonce de ses premières
pertes depuis au moins dix ans, et avec la chute de ses
effectifs (-9% depuis fin 2001), eux qui n'avaient cessé
de croître tout au long de la dernière décennie.
Ce spectaculaire revirement, conséquence de l'éclatement
de la bulle Internet mais aussi d'erreurs stratégiques,
ne doit pas masquer le fait que, depuis sa création
en 1982 par, notamment, trois étudiants de l'Université
de Stanford (Sun signifie d'ailleurs Stanford University
Network), l'entreprise a régulièrement su
innover, à la fois du point de vue de son offre
technologique, mais également dans son positionnement
sur le marché - malgré certains choix hasardeux
-, au point que la firme fait aujourd'hui beaucoup plus
parler d'elle que son poids réel, à la fois
en termes de parts de marché et de chiffre d'affaires.
L'occasion, donc, de se pencher sur les rebondissements
d'une saga qui s'incarne aujourd'hui notamment dans deux
activités logicielles (un domaine qui n'est pas
le coeur de métier de Sun) avec la Liberty
Alliance et l'infrastructure N1 - voir notre
article.
Solaris,
le Sparc... puis Java
Sun commence par
assembler des stations de travail, un segment de marché
sur lequel l'entreprise deviendra leader dès 1987,
année où elle signe un accord avec AT&T
pour reprendre le développement d'une version d'Unix
(System V Release 4) qui deviendra Solaris. Quinze ans
plus tard, Sun est le numéro un des serveurs de
type Unix. En 1989, la firme introduit son propre processeur
(le fameux Sparc) et s'implante en France (centre de recherche
& de développement).
Bientôt distancé par ses concurrents, le
Sparc sera remplacé en 1996 par l'UltraSparc. L'année
précédente, l'entreprise frappe un grand
coup avec le langage Java et sa promesse du "write
once, run anywhere" (écrivez [votre code]
une fois, faites tourner [le programme] partout). Langage
orienté-objet, Java tire en effet profit d'une
machine virtuelle qui assure la portabilité du
code.
Dès lors, Sun étend sa notoriété
au delà de son strict poids sur le marché.
L'entreprise comprend l'importance des standards ouverts
et de l'open source, et participe, par le biais d'un de
ses ingénieurs qui le dirige, au groupe de travail
du W3C élaborant XML. En 1998, Java 2 crédibilise
encore la technologie de Sun et ouvre la voie à
la plate-forme applicative complète qu'est devenue
aujourd'hui J2EE.
Des
erreurs autour d'IPlanet & du logiciel libre
La période
1999-2000 voit Sun s'engager dans un bouillonement de
projets, s'immergeant dans la "folie Internet"
qui secoue ces années là, et dont l'entreprise
subit le contrecoup avec force aujourd'hui: acquisition
de la suite bureautique open source StarOffice (développée
par une société allemande); partenariat
avec Netscape autour du serveur d'application IPlanet
(Sun One, désormais) et de l'e-Commerce (un portail
suivra en 2001); acquisition
de Forte; spécialiste de l'intégration;
une version 8 de Solaris qui cible - dans le discours
commercial de Sun - "aussi bien les datacenters que
les dot-coms", etc...
Et puis, la crise
du secteur est passée par là, d'autant que
Sun n'a pas su éviter les erreurs: sur le logiciel
libre, en particulier, l'entreprise tarde à miser
sur Linux, au contraire d'un IBM, et n'opère que
depuis très récemment un revirement stratégique,
notamment avec le LX50, premier serveur Sun sous Linux.
Entre temps, l'OS libre a pris l'importance que l'on sait.
Aujourd'hui, Sun maintient
ses activités phares (stations de travail, serveurs)
et met l'accent, donc, sur le logiciel, ceci malgré
les faibles bénéfices (c'est le moins qu'on
puisse dire) tirés de l'alliance avec Netscape
en son temps dans ce domaine.
Toujours dirigé par Scott Mc Nealy - que ses détracteurs
dépeignent volonté comme obnibulé
par l'opposition de son entreprise avec Microsoft, mais
qui s'est montré, au delà de l'innovation,
également habile gestionnaire - l'entreprise s'engage
dans une nouvelle bataille qui, comme les précédentes,
est loin d'être gagnée d'avance.
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