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MIS
A JOUR LE 24 FEVRIER
A l'origine d'Iridium,
un pari technologique fou : faire tourner 88 satellites
à haute vitesse en orbite basse autour de la Terre
pour téléphoner depuis n'importe où.
Contrairement à Immarsat - qui exploite un
réseau de satellites géostationnaires -
Iridium n'affiche aucune zone d'ombre : on peut téléphoner
avec un petit combiné depuis le pôle Nord
jusqu'au pôle Sud, en passant par l'équateur.
Iridium
a pourtant bien failli sombrer dans l'océan :
après sa banqueroute
retentissante en 1999, les 66 satellites restants
devaient être précipités dans la
mer, comme spécifié dans les statuts de
l'entreprise
en cas de faillite. Heureusement, "Iridium a été
racheté in extremis pour la somme de 25 millions
de dollars par une entreprise de Virginie" se souvient
Philippe Perrette, fondateur de GéoLink, qui
distribue Iridium en France. Une somme qu'il faut rapporter
aux huit milliards de dollars brûlés par
Iridium en quelques années.
Une excellente affaire
pour les repreneurs ? Impossible à savoir :
"les comptes d'Iridium sont d'une grande opacité -
déplore Philippe Perrette. Si Iridium cherchait
à liquider ses actifs, l'entreprise n'en tirerait
pas grand chose. Quant à sa rentabilité,
je ne peux pas vous en dire plus puisque je ne connais
pas ses coûts d'exploitation".
Peu
de concurrence
"Je n'ai donc
qu'un point de repère : dès le lendemain
du rachat d'Iridium [NDLR: décembre 2000],
l'administration américaine
a signé un accord pour l'utilisation de ses 20 000
téléphones satellites. Il lui en coûte
3,5 millions de dollars chaque année".
Détail intéressant : l'administration
américaine est la seule à disposer de
sa propre station d'écoute branchée sur
le réseau Iridium. Fin 2002, le Département
de la défense (DoD) a renouvelé le contrat
passé avec Iridium pour une année supplémentaire.
Iridium a peu de concurrence :
au delà de l'originalité de son modèle
technologique, le système imaginé par
Motorola affiche des caractéristiques étonnantes.
Un système Immarsat pèse au minimum deux
kilos - contre 300 g pour un téléphone
Iridium. Immarsat est lent à déployer -
il faut l'orienter vers un satellite avant usage -,
ce qui n'est pas la cas d'Iridium.
Iridium remporte également
la bataille des tarifs : un combiné Immarsat
coûte 4 000 euros contre 1 000 euros
pour un téléphone Iridium ; une communication
Iridium coûte désormais 1,5 dollars la
minute au maximum là où Immarsat la facture
2 dollars minimum. De plus, les tarifs tombent à
un demi dollar lorsqu'on appelle depuis un téléphone
Iridium vers un autre téléphone Iridium.
Qualité
de service moyenne
Mais ce système
a deux défauts : la qualité de service.
Une fois orienté, Immarsat ne souffre presque
jamais d'interruption de service, tandis qu'Iridium
éprouve encore parfois des difficultés
à passer d'un satellite à l'autre, ce
qui peut provoquer des coupures occasionnelles. Signalons
au passage que les téléphones satellites
ne sont pas conçus pour la ville : ils fonctionneront
rarement dans une rue étroite.
Mais c'est surtout au
chapitre des transferts de données qu'Immarsat
marque un point : Iridium plafonne à 9 Kbit/s
pour 1,5 dollar la minute, là où Immarsat
propose un flux de 64 Kbit/s pour 6 dollars la
minute.
Pour la téléphonie,
Iridium n'a finalement que deux concurrents : le
GSM - il est possible de souscrire à un
abonnement mondial au téléphone mobile
traditionnel - et Globalstar (voir encadré).
Mais si l'on en croit Philippe Perrette, "les tarifs
du roaming GSM sont moins intéressants que ceux
d'Iridium, et même si la plupart des pays du monde
sont couverts, les zones se limitent souvent aux villes
et à leurs environs".
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Pour
des utilisations extrêmes
Mais qui peut bien
utiliser Iridium ? "Des militaires, des responsables
d'ONG et d'OIG, des aventuriers, des marins - dont
les coureurs de la Route du Rhum -, des forestiers,
etc ..." Au total 3500 clients pour GéoLink,
le 4ème distributeur Iridium dans le monde. Un
chiffre relativement modeste, qui pourrait d'ailleurs
croître "si Iridium sortait se son mutisme
et communiquait un petit peu" regrette Philippe
Perrette.
Le réseau Iridium
est bel et bien sous-utilisé. Mais voyons plutôt
le mal dans le bien : de ce fait, "la durée
de vie du réseau a été prolongée
de quatre ans". Iridium devrait donc s'éteindre
dans huit ans, après quoi les globe-trotters
connaîtront probablement des lendemains difficiles :"il
est peu probable que quiconque investisse une somme
énorme dans un service non rentable. Si le prix
d'une galaxie de satellites en orbite basse ne diminue
pas drastiquement, il n'y aura probablement pas de successeur
à Iridium". Aventuriers : c'est le
moment où jamais !
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Globalstar :
le concurrent direct |
Au dessus de nos
tête gravite une deuxième constellation
de 64 satellites en orbite basse - Globalstar -,
en mauvaise posture financière également.
Nadia Mordelet a pris la tête de la joint-venture
française chargée de commercialiser
Globalstar en 1995 : "TESAM a été
liquidée début 2002 (cette société
appartenait à Alcatel et FT). Mais la maison
mère devrait bientôt émerger
de la banqueroute. Elle revendique 83 000
clients dans le monde".
GlobalStar et Iridium
ne fonctionnent pas de la même façon :
les satellites d'Iridium sont capables de communiquer
entre eux, une seule station relai terrestre suffisant
à acheminer les communications. De leur
côté, les satellites de Globalstar
ne savent pas communiquer entre eux : ils
doivent renvoyer toutes leurs communications vers
une station relai terrestre à proximité
immédiate. D'où la nécessité
de multiplier les stations relai partout dans
le monde. Globalstar n'a pas les moyens de déployer
des stations dans le monde entier : la couverture
du réseau demeure donc lacunaire.
Elle ignore notamment la presque totalité
de l'Afrique.
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