Depuis
début janvier, les clients de Chronopost qui se
soucient de leurs colis sont accueillis au téléphone
par une belle voix de synthèse, lorsqu'ils appellent
le 0825 801 801 après 20 heures. "Claire"
leur propose deux options : suivre avec précision
le devenir de leurs colis, ou s'informer sur les zones
dans lequelles le service est suspendu - en raison
de conditions climatiques ou politiques difficiles par
exemple. "Claire" entend les clients dicter
leurs choix et les guide à travers d'autres menus,
puis les informe comme il se doit. "Claire"
est une bonne recrue : sa diction n'est pas encore
parfaitement naturelle, mais on la comprend sans effort.
Mieux : elle saisit dans 90 % des cas ce qu'on
lui dit.
Derrière
"Claire" se cachent deux technologies de reconnaissance
et de synthèse vocale qui arrivent à maturité
après 3 ans de bons et loyaux services :
le module central - à savoir Nuance de l'éditeur
éponyme - et le
module
de synthèse -
Sayso de Elan Speech. "Il y a trois ans, nous
avons lancé un premier service simple qui permettait
de s'informer de la remise d'un colis.
En
trois ans, les technologies ont progressé :
"Les systèmes de reconnaissance vocale ont
peu progressé, mais la synthèse a fait
un bond en avant, explique Nathalie Gueguen, responsable
du département innovation de Chronopost. On
perçoit encore quelques petites erreurs d'intonation
et de rythme, mais cela ne gêne pas la compréhension".
Plus
déterminant encore : "Les logiciels
se sont ouverts, ils peuvent désormais communiquer
avec d'autres applications aux formats XML et VoiceXML".
Cent
heures de travail/homme
La
clé du changement pour Chronopost : "Il
y a un mois et demi, nous avons enfin pu lancer notre
"bouquet" de services moyennant un investissement
très raisonnable. Les infos que nous y avons
intégrées sont accessibles sur Internet
depuis des années, en particulier le service
de suivi du colis".
"Nos
colis sont scannés à chaque dépôt
Chronopost. Lorsqu'ils
partent à l'étranger, ils sont donc pointés
au moment de l'enlèvement, à leur entrée
et sortie de la succursale Chronopost, à Orly,
à l'aéroport de Dublin par exemple, puis
chez le client". Autant d'étapes que l'on
peut suivre en temps réel.
Il a donc suffi de créer une passerelle XML entre
la plate-forme Web et le portail téléphonique,
qui sont tous deux conçus pour cela, et le tour
était joué : "Mise au point
incluse, cela a dû nous prendre cent heures de
travail/homme au total".
Environnement
linguistique dépouillé
Le passage de Chronopost à la "V2"
montre bien que les portails vocaux sont mûrs.
Mais de quel type de reconnaissance vocale parlons-nous ?
Comment au juste fonctionnent la reconnaissance et la
synthèse vocales chez Chronopost ? Le logiciel
Nuance est-il capable de désosser une question
formulée en langage naturel, d'en extraire le
sens, de trouver les informations qui y répondent
puis de construire autour d'elles une phrase cohérente ?
La réalité est assez loin de ce scénario
de science-fiction :
"Lorsqu'il
téléphone, le client entend "Claire"
lui proposer différentes options. Il se décide
pour l'une ou l'autre, et répète un ou
plusieurs mots clés mentionnés dans les
options par "Claire". Nuance isole ces mots
clés, ce qui lui permet d'orienter le client
vers le bon service".
Après
un court périple dans les menus, Nuance répond
de façon personnalisée : "le
logiciel trouve les informations nécessaires,
qui transitent en XML, et il les intègre dans
une feuille de style - une sorte de phrase modulaire,
dont on peut enlever ou rajouter des morceaux, et dont
on complète les blancs avec les informations
glanées". Ce travail est confié à
des scripts JSP.
Excellent
ROI
Le
cheminement se poursuit : "Grâce à
VoiceXML, nous communiquons la phrase constituée
au moteur de synthèse vocale - Sayso -
qui se charge de la restituer. Nous intégrons
au code XML quelques indications, comme la vitesse de
la diction à respecter, qui peut être plus
lente lorsqu'il s'agit d'informations que le client
voudra prendre en note".
L'étape
la plus difficile pour nuance est celle qui consiste
à reconnaître le numéro du colis :
"Nuance doit séparer chaque lettre et chaque
chiffre, ce qui est en l'état de l'art partculièrement
délicat. Nuance produit une série d'hypothèses,
qu'il compare aux codes des colis qui sont effectivement
en circulation. Dans 90 % des cas, il trouve le
bon numéro". Dans les 10 % restants,
le client devra attendre le lendemain. Idem pour les
réclamations client, que seul un employé
en chair et en os peut traiter.
Au
final, Chronopost est rentré dans ses frais :
"Nous avions passé beaucoup de temps à
mettre au point la V1 : elle a été
rentabilisée en six mois. Le ROI de la V2 sera
encore bien plus rapide". Une bonne affaire en
somme.
|