TRIBUNE 
Gestion des achats sur Internet: encore balbutiante
par Pierre Lombard
Directeur e-business, Benchmark Group (11 mars 2003)
         
 
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La gestion des achats revêt un caractère stratégique pour les entreprises. Deux chiffres appuieront aisément cette affirmation : dans l'automobile, les achats représentent 75% du prix d'un véhicule ; dans l'assurance, des achats gérés à l'aide de contrats cadre savamment négociés peuvent représenter des dizaines de millions d'euros d'économies par an.

Ces espérances d'économies liées à la gestion des achats sont confirmées par l'étude menée, pour le compte d'Ariba, par Vanson Bourne et les chercheurs de la London Business School (1). Elle met en relief l'influence directe des stratégies d 'achats sur l 'environnement économique européen:
2002 : diminution des dépenses. 55% des entreprises européennes considèrent que le ralentissement économique les a poussées à réduire leurs achats durant l 'année. La réduction moyenne des dépenses atteint 12%.
2003 : diminution accrue des dépenses. Neuf entreprises sur dix tentent de réduire le tarif unitaire des biens qu 'elles achètent, contre 50% l'année dernière.
Réduction du nombre de fournisseurs. 69% des entreprises prévoient de réduire le nombre de fournisseurs avec lesquels elles traitent. En moyenne, elles cherchent à économiser 10,3% par rapport à leur dernier contrat.
L'argent file à travers Internet. Malgré les grands discours sur la fixation d 'objectifs et la réduction de coûts, les entreprises se risquant à mettre en œuvre de nouveaux systèmes d'achat restent peu nombreuses.

Internet a pourtant son rôle à jouer dans une gestion des achats que l'on veut plus rigoureuse. Trois composantes principales rentrent en ligne de compte, telles que les a définies Benchmark Group dans une récente étude (2):
e-sourcing: a pour vocation d'optimiser l'amont de l'achat en standardisant et automatisant le plus possible la recherche, la sélection et la négociation avec les fournisseurs. Eventuellement, la négociation finale peut prendre la forme d'une enchère inversée en ligne. L'économie générée tient principalement à la baisse des coûts d'acquisition.
e-procurement: gère les approvisionnements en visant l'automatisation des commandes et des transactions. Il s'appuie sur des catalogues en ligne, appartenant à l'entreprise ou fournis par des places de marché ou encore directement accessibles sur le site Web de fournisseurs.
e-billing: vise à réduire les coûts associés au règlement des fournisseurs à travers une dématérialisation des factures.

Où en sont les entreprises les plus avancées quant à l'adoption des ces nouveaux modes de fonctionnement ? Selon l'étude de Benchmark Group, si une très large majorité des entreprises ont initié l'e-sourcing (ou vont prochainement l'expérimenter) sur des familles d'achats hors production, bon nombre l'ont étendu progressivement (ou compte le faire) à certaines familles d'achats de production. Toutefois, au niveau des produits de production, beaucoup d'entreprises se sont pour le moment limitées principalement à des achats "non stratégiques".

En ce qui concerne l'e-procurement, la focalisation sur les achats hors production est très forte. Mais la généralisation à l'ensemble des familles d'achats est loin d'être envisagée. La création et la maintenance des catalogues sont relativement coûteuses et l'équation économique permet difficilement la systématisation. D'ailleurs, certaines entreprises excluent pour le moment la généralisation de l'e-procurement dans les filiales de certains pays ne procédant pas à un volume d'achats suffisant.

Et c'est principalement dans le domaine de l'e-billing que nombre de projets devraient voir le jour d'ici fin 2004. L'essentiel des projets mentionnés par les entreprises au niveau de l'e-billing sont étroitement associés aux projets e-procurement car ils concernent surtout les achats hors production généralement très décentralisés et générant un grand nombre de factures (fournitures de bureau par exemple). En effet, il s'agit alors de simplifier et d'automatiser le travail administratif : faciliter le rapprochement factures et commandes, éliminer les travaux de saisie, réduire les litiges... Beaucoup d'entreprises considèrent donc les projets e-procurement et e-billing de manière globale.

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Les entreprises américaines ne semblent guère plus avancées. L'été dernier, une étude menée à l'université de Stanford (3), déclarait que les technologies d'e-procurement en étaient encore à leur premier stade de développement. Un peu plus d'un tiers des organisations interrogées avaient lancé des projets dans ce domaine. Et ces utilisateurs pionniers ne travaillaient concrètement sur Internet qu'avec 15% de leur parc de fournisseurs. La gestion électronique des achats a un beau potentiel de développement devant elle.

(1) Panorama européen des dépenses, Vanson Bourne et London Business School, janvier 2003.
(2) Gestion électroniques des achats : retours d'expérience et bilan, Benchmark Group, édition 2003.
(3) Moving Procurement Systems to the Internet: The Adoption and Use of E-Procurement Technology Models (Research paper n° 1742), Antonio Davila Mahendra, Gupta Richard, J. Palmer, Graduate School of Business, Stanford University, Juin 2002.

 

 
 Pierre Lombard
 
 
 

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