TRIBUNE 
  Gestion de Workflows : un projet d'organisation
par Sébastien Batt
Voirin Consultants (31/03/2003)
         
 
Etat des lieux
A l’écoute des publications hexagonales phares en matière de TIC, l’année 2003 sera, semble-t-il, bercée par des termes tels que : "management par processus", "modélisation de processus", "Workflow", etc. (nous n’oublions évidemment pas la sécurité qui sera plus que récurrente). Le Workflow, ou "flux de travail" peut être défini comme : "la prise en compte et l’automatisation de la production et de la gestion des informations accompagnant un processus particulier" (J-Y Prax, Manager la connaissance dans l’entreprise, INSEP Editions, 1997).
L’idée sous-jacente reste la nécessité de développer de nouveaux usages et outils permettant la mise en cohésion d’individus autour des processus de fonctionnement de l’organisation.

Les outils de Groupware (messagerie, planning de groupe,…) ont constitué un premier pas dans cette logique en mettant à disposition des utilisateurs des espaces virtuels de travail, d’échanges et de partage.
Les outils de Workflow poussent plus loin cette logique. En effet, là où les outils de Groupware "classiques" sont un soutien dans le traitement des tâches d’un individu, les outils de Workflow concentrent leurs efforts sur des processus prédéfinis et se positionnent comme un liant entre les composantes du système d’information (ERP, GED, etc.). Le gain essentiel d’un tel système se situe évidemment au niveau de la productivité, mais permet aussi le suivi et le contrôle des tâches réalisées.
Par-delà ces considérations, les Workflow permettent aussi de préciser dans le détail le cadre de travail et les responsabilités individuelles.

Principes de fonctionnement
A l’heure où fleurissent les solutions de modélisation et d’automatisation des processus, il devient difficile de voir clair dans les offres du marché.
Les principes de base d’un Workflow, que tout logiciel se doit de respecter, résident dans les "3R" de Marshak : les Routes, les Règles et les Rôles. La définition de ces "3R" nécessite donc en amont la réalisation des éléments suivants :

- La définition des processus à prendre en compte,
- La modélisation de ces processus : qui fait quoi ? Dans quel ordre ? Selon quelles règles ? Avec quels documents ? etc. ?
- L’adaptation, la refonte des processus : ce point est souvent mésestimé, mais le fait d’isoler et de décortiquer un processus est le premier révélateur de dysfonctionnements. Cette étape est fondamentale si l’on ne souhaite pas retranscrire les problèmes dans le modèle informatique,
- La retranscription dans le logiciel de Workflow : la majorité des logiciels propose aujourd’hui une interface permettant de décrire graphiquement les processus et d’attribuer ensuite les règles et les rôles. Cependant, certains nécessitent des compétences particulières en programmation, par exemple dans le cadre de l’intégration avec la messagerie existante ou d’autres points techniques particuliers. La difficulté de mise en œuvre croît le plus souvent avec la complexité du processus traité.

Ces 4 tâches nécessitent parfois une somme de travail considérable et réunissant diverses compétences dans l’organisation : informaticien, décideurs, mais aussi responsables qualité (la modélisation des processus de travail est l’un des fondements des démarches qualité de type ISO 9000 v2000).
Cependant, beaucoup des difficultés rencontrées dans des projets de mise en œuvre de Workflow ont lieu après cette première étape.

Cycle de vie d'un Workflow
Le premier accroc, essentiel, auquel peut se heurter un projet de modélisation des processus et de mise en place de Workflow est la résistance au changement des utilisateurs. Comme dans le cas de la mise en œuvre de solutions de Groupware "classique", de solutions de sécurité (proxy…), il est le plus souvent nécessaire d’accompagner le projet avec des mesure de communication et de sensibilisation.
Ce principe est d’autant plus important que les fondements du Workflow peuvent être assimilés à une politique néo-tayloriste à destination des cols blancs de l’organisation : les éléments à traiter arrivent automatiquement sur le poste de travail, un temps défini est attribué pour le traitement d’une tâche, des systèmes de contrôle peuvent être mis en place… Les similitudes avec les chaînes de montage peuvent être frappantes.

Le constat aujourd’hui est que les Workflow ne peuvent toucher l’ensemble du fonctionnement d’une organisation. Dans une telle hypothèse, ils représenteraient un carcan au développement de l’organisation, à la créativité,…bref, les richesses immatérielles seraient étouffées dans un système rigoriste et surformalisé.
Le second écueil est la pérennisation des Workflow en place. Comme constaté plus haut, la mise en place de tels outils se base sur un existant. Or ce dernier évolue constamment et doit immédiatement être répercuté sur le processus retranscrit informatiquement.
Les sources de changements sont nombreuses :

- Evolution des personnels intervenant dans un processus : dans ce cas, il faut prendre en compte les compétences de la personne remplaçante et adapter le Workflow au besoin,
- Décisions de modification d’un processus suite à un problème, une erreur ou tout simplement dans le cadre de son optimisation,
- etc.

A l’image du système qualité d’une organisation, les Workflows doivent évoluer constamment pour "coller" à la réalité de fonctionnement et avoir une cohérence. Sans cette continuelle mise à jour et amélioration se mettront certainement en place des systèmes de traitement parallèles.

Avant d’être un projet informatique, les Workflows sont essentiellement une problématique organisationnelle.

Tribune publiée par Sébastien Batt le 31 mars 2003.
 
 
  
 
 
 

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