TRIBUNE 
Knowledge Management : savoir tirer les leçons du passé
par Pierre Lombard
Directeur, Benchmark Group (20 mai 2003)
         
 

Dans de nombreuses entreprises, les projets de gestion des connaissances ont promis d'améliorer la communication entre les services, de faire émerger une intelligence collective qui améliorerait la compétitivité. Qui permettrait de construire une société fonctionnant en réseaux, de faire fonctionner une "économie du lien", ajoute Jean-Yves Prax dans son dernier ouvrage, Le Manuel du Knowledge Management. Dans ce domaine, l'auteur n'en est pas à son coup d'essai. Il a déjà publié deux ouvrages qui ont servi de références : Le guide du Knowledge Management et Manager la connaissance dans l'entreprise.

Alors un ouvrage de plus pour ce spécialiste du KM, chargé de cours à Science Po et à l'ENA ? Oui, mais un de ceux qui font date. En effet, Jean-Yves Prax a ajouté à son manuel un sous-titre : Une approche de 2è génération. L'auteur a évidemment procédé à une mise à jour des concepts techniques mais ce n'est pas là ce qui justifie le sous-titre. Non, on trouve cette justification dans les réponses qu'il apporte à cette question simple : qu'est-ce qui n'a pas marché dans ce que l'on a essayé de mettre en place jusqu'ici ? Et c'est bien dans cette analyse des erreurs passées, dans cette confrontation des concepts théoriques à la réalité des projets en entreprise que réside la principale force de l'ouvrage. Non sans humour, Jean-Yves Prax analyse huit causes d'échecs du Knowledge Management. En voici quelques-unes.

K-ware, le progiciel miraculeux. Dans ce cas, les projets échouent parce que les entreprises, obnubilées par le concret et le palpable, réduisent le Knowledge Management à sa dimension technologique.
K=mc2 ou la connaissance en équations. Un expert brillant chercheur universitaire a mis au point une méthode de modélisation des connaissances tellement géniale... que personne ne la comprend.
Le Kdisc ou le cerveau en disque dur. L'échec est dû ici à une méprise: celle de croire que la totalité de l'expérience acquise par un être humain peut être codifiée et capitalisée dans des bases, recueils ou autres livres de connaissance.
Le Kacou, alias Kcoût. Echec bien connu de la GED (Gestion électronique documentaire) en son temps, il consiste à faire de la capitalisation une corvée obligatoire (...) sans jamais donner du sens ou relier la démarche à la création de valeur. La démarche est alors vue comme un centre de coût : elle vient diminuer la productivité et les marges.

Pour éviter de reproduire ces échecs, Jean-Yves Prax fournit des recommandations qui s'appuient sur l'analyse de situations rencontrées en entreprise. Plusieurs études de cas sont fournies dans le livre : elles relatent des expériences menées à EDF, à la Snecma ou chez Renault et permettent de constater comment peuvent être appliquées les méthodes de gestion des connaissances décrites par l'auteur qui en fournit un panorama assez complet.

Enfin, Jean-Yves Prax resitue le Knowledge Management dans sa dimension humaine, en se penchant sur ces nouveaux métiers d'intermédiation de l'information (Knowledge Manager, contributeur, rédacteur technique, webmestre, etc.). Et surtout en abordant la question cruciale du pilotage des projets de gestion de la connaissance. Le sujet est d'importance : combien de projets se sont essoufflés faute de n'avoir pas su mettre en place l'accompagnement nécessaire pour utiliser les outils mis en place ? L'usage des logiciels collaboratifs n'a rien de très naturel, par exemple. On ne peut que se réjouir de la publication des premiers principes qui doivent régir le fonctionnement de ces communautés virtuelles. Ils pourront servir de fondations à cette société fonctionnant en réseaux.

 

 
 Pierre Lombard
 
 
 

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