Le plan de redressement de
l'opérateur MCI (ex-WorldCom) a été déposé hier
sur le bureau du tribunal de New York. Au vue de ce document,
les juges devront entériner dans les prochaines
semaines la sortie du groupe de la procédure relative
à la loi américaine sur les faillites (Chapitre
11).
Pour MCI, l'enjeu est de taille. En cas de décision
positive, l'opérateur verrait sa dette épongée
de 36 milliards de dollars - à 4,5 milliards de
dollars. Reste que l'affaire est loin d'être jouée.
De nombreux acteurs au premier rang desquels figurent
certains concurrents ont en effet tout intérêt
à ce que la demande échoue.
Plus
d'un an d'attente
L'origine de
cette affaire ? Elle remonte au 26
juin 2002. Ce jour là, WorldCom annonce avoir
maquillé son bilan comptable en vue de masquer
des pertes réalisées en 2001 et 2002.
Une contre-performance qui aurait été
jugée inquiétante pour une compagnie qui
affiche alors 30 milliards de dollars de dettes, et
dont le réseau à fibres optiques demeure
sous-employé. Les analystes financiers tombent
de haut...
Au
total, c'est une enveloppe de 11 milliards de dollars
qui aurait été passée sous silence
afin de présenter un bénéfice fictif
de l'ordre de 1,4 milliards de dollars pour 2001, sans
compter 130 millions de dollars pour le premier trimestre
2002. Il s'agirait de la plus importante fraude comptable
de tous les temps. Principal responsable incriminé :
le directeur financier du group, Scott Sullivan.
De WorldCom
à MCI
Sous le choc,
25 des plus importants créanciers de WorldCom se lancent
quelques
jours plus tard dans des actions judiciaires visant
à récupérer leur dû. Dans la foulée, le gouvernement
fédéral et la SEC, organisme américain de contrôle des
sociétés cotées en bourse, décident de se pencher sur
les malversations du géant.
Face à cette pression, l'opérateur est
contraint fin juillet à se placer sous la protection
du fameux chapitre 11. Quelques mois plus tard, il prend
le nom de sa filiale MCI, opérateur initialement
sous la coupe de BT qu'il a acquis en 1998. Objectif
affiché par la firme : se décharger
d'une appellation jugée encombrante, synonyme d'un passif
des plus lourds, au profit d'une marque dont l'image
demeure intacte.
Des
ennemis nombreux
L'entrée
en action hier du tribunal des faillites de New York
n'est qu'une nouvelle étape pour MCI. Pour l'heure,
rien n'est joué... Pour preuve : plusieurs
de ses concurrents, parmi lesquels figurent rien moins
qu'ATT et Verizon, ont déposé des plaintes
contre lui pour pratiques illégales, avec pour objectif
principal de ralentir la procédure.
La plainte d'ATT accuse
notamment MCI et des sociétés complices
de "complot orchestré pour forcer ATT à
supporter une partie substantielle du coût de
millions de minutes d'appels téléphoniques
passés par des clients de MCI aux Etats-Unis"
(dixit Les Echos). Pour ce faire, l'opérateur
aurait pris l'habitude de masquer l'origine de certains
appels...
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