VeriSign
s'approprie des millions de requêtes Internet erronées
Désormais, les fautes de frappe des internautes profiteront à VeriSign : toutes les URL erronées en .com ou .net seront dirigées vers le service Site Finder de la société. Une initiative controversée. (Jeudi 18 septembre 2003)
VeriSign, le gestionnaire
(registry) de l'ensemble des noms de domaines en
".com" et ".net" a mis en place, avec
le service Site Finder, un outil controversé. Désormais,
les requêtes d'utilisateurs comportant des URL erronées
(en ".com" et ".net") aboutiront sur
le site de VeriSign afin de fournir à l'internaute
des suggestions de sites proches de sa demande initiale.
Du simple point de vue utilisateur, il s'agit d'un service
destiné à faciliter la navigation, dans
la lignée de ceux que proposent déjà
Microsoft et AOL au sein de leurs navigateurs. Le dispositif
de VeriSign semble cependant poser de nombreux problèmes
de trafic Internet et suscite l'indignation de bien des
internautes.
Suggestion
de liens sponsorisés Site Finder repose
sur un wildcard, caractère susceptible de
prendre la place de n'importe quel autre caractère.
Selon un spécialiste des noms de domaine que nous
avons interrogé, "Site
Finder peut identifier de cette façon des url proches
de l'url erronée tapée par l'internaute
afin de lui proposer de le rediriger vers celles-ci. La
base de données de VeriSign regroupe en effet tous
les noms de domaine en .com et en .net, et chaque requête
possédant cette terminaison transite par celle-ci".
Au vu du grand nombre de sites concernés, la mise
en place de Site Finder s'annonce donc comme une opération
fructueuse, les liens suggérés par le service
Site Finder étant en effet sponsorisables. Selon
les statistiques relevées par VeriSign, plus de
20 millions de requêtes erronées sont effectuées
chaque jour sur Internet. On imagine donc aisément
les revenus publicitaires qu'un tel service pourrait engendrer
pour la société.
L'appropriation
de tous les noms de domaine non déposés Présenté
comme un service destiné à simplifier la
navigation des internautes, la mise en place de Site Finder
ressemble étrangement à un "cyber-putsch".
"Site Finder repose sur les mêmes principes
que le typo-squatting,
une façon détournée de générer
du trafic sur son site Web en profitant des erreurs de
frappe des internautes. Néanmoins, VeriSign emploie
cette méthode à l'échelle industrielle,
en décidant de s'approprier tous les noms de domaine
en .com et .net non déposés", commente
l'expert interrogé.
Outre le caractère
abusif de la technologie proposée par VeriSign,
Site Finder pourrait entraîner des problèmes
de trafic Internet non négligeables. Ainsi, tout
mail envoyé à une adresse dont le nom de
domaine est erronée pourrait bien être redirigée
vers le service de VeriSign, soulevant donc inévitablement
la question de la protection des données personnelles.
Levée
de boucliers Autre inconvénient
non négligeable, les logiciels anti-spam tentent
généralement de repérer les noms
de domaine dont émanent les messages reçus.
Si ceux-ci pointent vers des domaines inexistants, le
mail est reconnu comme un spam. Dès lors que VeriSign
fait exister tous les noms de domaines possibles en .com
ou .net, le principe même de fonctionnement de ces
solutions est remis en question.
L'annonce de VeriSign
a provoqué un véritable tollé parmi
les internautes. De nombreuses pétitions et réclamations
auraient déjà été envoyées
à l'ICANN (Internet Corporation for Assigned
Names and Numbers)
pour protester contre la mise en place de Site Finder.