Sur le terrain de l'intégration d'applications,
les couches se multiplient (EAI, BPM, BAM, etc.). Si bien qu'il est devenu de
plus en plus difficile de s'y retrouver dans les offres que proposent les éditeurs.
Un flou que contribue à accentuer l'entrée des standards XML au
sein même des solutions traditionnelles (EAI). Une montée en puissance
qui entraîne parallèlement l'émergence d'une nouvelle race
de plate-forme d'intégration : les bus de services d'entreprise (ESB).
Explications.
Les
EAI : un modèle fonctionnel de référence
La notion d'intégration d'applications
d'entreprise (EAI) voit le jour au milieu des années 1990. Dès cet
époque, les acteurs du marché l'associent à une palette fonctionnelle
bien précise: la connexion, la transformation et l'orchestration des flux
de données.
Les différentes briques d'un d'EAI ? Un tel outil s'articule autour
d'un MOM : un middleware d'échange de messages. Apparu quelques années
auparavant, à l'initiative d'IBM et de Tibco, ce type de logiciel est conçu
initialement pour fournir une alternative aux logiciels de transfert de fichiers
utilisés jusqu'alors pour l'intégration de systèmes. Ses
principaux avantages ? Il offre de meilleures performances sur le terrain
de la gestion des transactions, notamment en décomposant plus finement
les volumes d'envois. Les interfaces de programmes (API), standardisées
ou non (JCA, etc.), qui l'accompagnent facilitant en outre son adaptation à
l'environnement technique de l'entreprise.
Avec
le temps, les protocoles exploités par les MOM pour gérer le transport
de messages ont évolué. Aux modèles d'objets distribués DCOM
(Microsoft) et Corba (J2EE) est venu s'ajouter à partir de 2001 la solution
des Web Services : le transport de messages SOAP (format XML) via Internet
(sur HTTP). Un double dispositif présenté comme plus souple à
déployer, car aisément adaptable aux applications.
Des évolutions à
tous les étages
Reste qu'un EAI ne se réduit pas à un
MOM. Il inclut également un mécanisme de transformation de données. Son objectif
? Permettre une compréhension mutuelle des applications en présence. Ce
qui passe par un formatage des messages pour faire en sorte qu'ils soient correctement
pris en compte par les systèmes destinataires. Ne pas confondre ce module avec
un ETL (pour Extraction Transfer Loading) qui, au delà de la traduction
des informations, s'étend également à l'extraction - en vue
par exemple d'alimenter un entrepôt de données.
Le
serveur d'intégration vient compléter l'édifice de l'EAI.
Ce dernier élément se charge d'aiguiller les communications vers
la bonne cible au sein du SI en fonction de règles techniques préétablies
(la nature ou le contenu des messages par exemple). Mais également de superviser
les opérations de traduction quand elles sont nécessaires. Ce serveur
stocke l'ensemble des informations (règles de transformation et de routage)
dont il a besoin au sein d'une base de données.
Du BPM au BAM
Plus récemment, les éditeurs
du monde de l'EAI se sont intéressés au domaine de la gestion des
processus métier (BPM), méthode depuis longtemps appliquée
aux progiciels de gestion. En ligne de mire : la volonté d'ouvrir
les processus techniques des EAI aux interactions humaines. Ce nouveau champ a
donné naissance à des environnements additionnels de modélisation.
Avec pour rôle de traduire les processus
métier en flux techniques compréhensibles par le serveur d'intégration
(interrogation de plusieurs bases de données, intégration des résultats dans un
progiciel, conditionnement de l'opération à une validation manuelle, etc).
C'est ici qu'interviennent les produits de BAM (pour Business Activity Monitoring
ou supervision des activités métier). Concrètement, cette sur-couche contribue
à s'assurer de la performance des processus métier au regard de leur degré
de criticité. Un projet de BAM nécessite la mise en oeuvre de deux types de briques
: un outil d'intégration pour agréger l'ensemble des données techniques nécessaires
(log, etc.), une solution de reporting pour compiler et présenter les résultats.
Et les ESB ?
Les ESB (Enterprise Service Bus) ne sont
autres que des EAI standardisés. Pour ce faire, il font appel à
la technologie XML à tous les étages du procédé d'intégration. Ils
exploitent ce langage de structuration de données pour décrire à
la fois le vocabulaire d'appel aux applications mais également le format
des messages en lui même (ou connexion WSDL/SOAP). Là encore, les
Web Services entrent en action... Avec l'évolution des travaux de standardisation,
il est fort à parier que cette tendance à la normalisation gagnera
à terme les niveaux les plus élevés d'un EAI, jusqu'au BPM
et au BAM.
Attention : ne pas confondre un ESB avec un
référentiel XML qui, de son côté, a pour but de proposer
un point d'accès unique et standard à l'ensemble des données
et sources de données de l'entreprise. Une sorte de portail d'accès
universel dessiné pour faciliter la manipulation des informations existantes
par des applications tierces (systèmes partenaires, outils de nouvelle
génération, etc.).
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